En ces temps de tension sur l’énergie, qui obligent les Européens à trouver des alternatives, l’option iranienne aurait dû permettre de résoudre en partie le problème. Sauf que le prix à payer semble de même nature, voire pire que la dépendance au régime de Poutine. La mise en danger des pays du Golfe et d’Israël, risque d’être le revers d’une monnaie qui serait beaucoup plus coûteuse pour l’Europe. Cette dernière se voit contrainte à renoncer à son rêve de pétrole iranien, tant son coût serait élevé en termes d’alliance régionale, en se mettant à dos l’Arabie saoudite, pays du golfe persique et Israël.
Que pèse l’Iran en matière de pétrole ?
Les dix premiers producteurs de pétrole en 2020
- États-Unis :19,51 millions bpj
- Arabie saoudite :11,81 millions bpj
- Russie : 11,49 millions bpj
- Canada : 5,50 millions bpj
- Chine : 4,89 millions bpj
- Irak : 4,74 millions bpj
- Émirats arabes unis (EAU) : 4,01 millions bpj
- Brésil : 3,67 millions bpj
- Iran : 3,19 millions bpj
- Koweït : 2,94 millions bpj
Cette liste indique le nombre des barils par jour (bpj) produit par pays au 25 juin 2020. Les chiffres de la production du pétrole évoluent régulièrement. (Source : EIA)
Quels sont les problèmes empêchant un accord nucléaire irano-américain ?
Dans une déclaration conjointe, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne fustigent « la poursuite de l’escalade nucléaire de l’Iran », alors qu’un compromis en vue d’arracher un accord avant la fin du mois de septembre semble désormais difficile.
La fermeté du ton augure mal d’un compromis prochain. Elle laisse plutôt penser que les tractations engagées avec l’Iran afin de sauver l’accord nucléaire dénoncé par Donald Trump en 2018 sont de nouveau dans une phase critique. Dans une déclaration conjointe, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont fustigé, samedi 10 septembre, « la poursuite de l’escalade nucléaire de l’Iran » et dénoncé son attitude, qui « met en péril les perspectives de rétablir le Plan d’action global commun », le JCPOA (Joint Comprehensive Plan of Action).
Rare, la prise de position des trois Etats européens au cœur des négociations tranche avec leurs efforts constants de médiation dans cette affaire. Dans la foulée, l’Iran a dénoncé un acte « non constructif » et « regrettable ». Ces dernières semaines, Paris, Berlin et Londres espéraient encore arracher un accord en septembre, afin qu’il soit possible de le ratifier avant les prochaines élections de mi-mandat aux Etats-Unis, le 8 novembre.
Sans rompre le fil des discussions, ils sont cependant en train de perdre patience, tant le programme nucléaire iranien s’est accéléré au fil des mois de vaines tractations : d’après le dernier rapport trimestriel de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), la République islamique a encore augmenté son stock d’uranium enrichi à 60 %. Et le délai nécessaire, côté iranien, pour accumuler assez de matière fissile pour confectionner une tête nucléaire (« breakout time ») a fondu.
« Limites de notre flexibilité »
Dans ce contexte, un compromis paraît désormais difficile, en dépit des efforts d’Enrique Mora, l’émissaire de l’UE chargé de jouer les intermédiaires entre Washington et Téhéran, qui ne négocient toujours pas directement. Le « médiateur » a mis un nouveau projet de compromis sur la table en août. En vain. « Les modifications additionnelles intégrées par le coordonnateur dans cette version finale nous ont conduits aux limites de notre flexibilité, préviennent Paris, Berlin et Londres, tout en dénonçant l’attitude de la partie iranienne. Malheureusement, l’Iran a choisi de ne pas mettre à profit cette opportunité diplomatique décisive. En lieu et place de cela, il a continué de développer son programme nucléaire bien au-delà de toute justification civile plausible. »
Nucléaire : Scholz dit «regretter» l’absence de «réponse positive» de l’Iran
Le chancelier allemand Olaf Scholz a dit lundi 12 septembre «regretter» l’absence de «réponse positive» de Téhéran aux propositions destinées à relancer l’accord sur le nucléaire iranien.
«Je regrette que l’Iran n’ait pas encore donné de réponse positive aux propositions des coordinateurs européens», a déclaré le dirigeant allemand lors d’une conférence de presse commune à Berlin avec le Premier ministre israélien, Yaïr Lapid. «Il n’y a aucune raison pour que l’Iran n’accepte pas ces propositions. Mais nous devons prendre note que ce n’est pas le cas et que cela n’arrivera certainement pas dans un proche avenir», a regretté le chancelier. Pour Yaïr Lapid, qui milite pour que les puissances occidentales ne relancent pas l’accord, ces négociations tournent à «l’échec».
Téhéran a demandé la clôture d’une enquête
Dans un communiqué commun diffusé samedi, les gouvernements français, allemand et britannique avaient rappelé que «début août, après un an et demi de négociations, le coordinateur du JCPOA (l’accord de 2015, ndlr) a présenté un ensemble de textes finaux qui devait permettre à l’Iran de remplir à nouveau ses obligations au titre du JCPOA et aux États-Unis de revenir à l’accord ». Mais Téhéran a de son côté demandé une nouvelle fois la clôture d’une enquête de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) concernant des traces d’uranium enrichi retrouvées sur trois sites non déclarés, ce que le patron de l’Agence, Rafael Grossi, refuse.
Cette demande du régime iranien a fait naître de «sérieux doutes» du côté de Berlin, Londres et Paris concernant sa réelle volonté de relancer l’accord sur le nucléaire. L’accord avait été conclu en 2015 avec Téhéran par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (États-Unis, France, Royaume-Uni, Chine et Russie) plus l’Allemagne. Donald Trump avait décidé en 2018 de sortir les États-Unis du cadre négocié trois ans plus tôt.
Téhéran, Iran – L’Iran et les États-Unis semblent encore une fois loin d’un accord sur le rétablissement de leur accord nucléaire de 2015, malgré les espoirs récents que plus de 17 mois de négociations se dirigeaient enfin vers une conclusion positive.
Au lieu de cela, les choses n’ont pas avancé depuis que Téhéran a remis il y a deux semaines sa dernière réponse à une proposition européenne, qui a été mal accueillie par les parties occidentales à l’accord.
Rien n’indique que les États-Unis répondront bientôt officiellement aux commentaires de l’Iran, ce qui renforce les chances que les progrès potentiels dans les pourparlers soient reportés au moins jusqu’après les élections américaines de mi-mandat en novembre.
Alors qu’est-ce qui empêche les choses d’avancer ?
Il semble que quelques questions continuent de causer des problèmes, dont le plus important est un désaccord sur une enquête sur les activités nucléaires de l’Iran, et les tentatives israéliennes continues d’arrêter la restauration de l’accord, connu sous le nom de Plan d’action global conjoint (JCPOA) , et que les États-Unis ont abandonné unilatéralement en 2018.
Qu’y a-t-il derrière la sonde nucléaire ?
Au centre des problèmes non résolus qui interdisent l’accord se trouvent des traces de particules nucléaires trouvées sur plusieurs sites iraniens, non déclarés comme tels, pour lesquelles l’organisme de surveillance nucléaire mondial dit avoir reçu une explication très insuffisante.
L’Iran, qui maintient ses activités nucléaires, a exigé que l’« enquête de sauvegarde » sur les traces nucléaires menée par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) soit close voire même passée sous silence avant qu’un accord puisse être conclu.
L’Iran a également souligné que l’agence ne devait pas être influencée par les pressions politiques d’Israël et de l’Occident, tandis que l’AIEA a déclaré que la seule façon de clore l’enquête était de coopérer pleinement avec l’Iran.
Deux rapports confidentiels de l’AIEA divulgués au début du mois ont déclaré que l’Iran n’avait pas encore pleinement coopéré sur la question et avait plutôt augmenté son stock d’uranium hautement enrichi, ce qui a incité l’agence à dire qu’elle n’était « pas en mesure de fournir l’assurance que le programme nucléaire iranien est exclusivement pacifique ».
Quels sont les enjeux des réunions de l’AIEA ?
La réunion du conseil des gouverneurs de l’AIEA a commencé lundi, avec l’Iran à l’ordre du jour. Lorsque les dernières réunions ont eu lieu en juin, une résolution déposée par les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne a été adoptée, censurant l’Iran pour sa coopération insuffisante avec l’agence.
Cela a incité l’Iran à démanteler rapidement les caméras de l’AIEA sur les sites nucléaires couverts par le JCPOA, ce qui rend encore plus compliqué pour l’AIEA de garder un œil sur les activités nucléaires iraniennes si le JCPOA est relancé.
S’adressant aux journalistes lundi, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, a averti que la réaction de l’Iran dépendait de ce qui se passerait lors des réunions de l’AIEA cette semaine et des futurs mouvements de l’agence.
Mais une autre résolution de censure semble peu probable, du moins lors des réunions de septembre.
Au lieu de cela, l’E3 – la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni – a publié la semaine dernière une déclaration conjointe selon laquelle la demande iranienne de fermeture de l’enquête de l’AIEA « soulève de sérieux doutes quant aux intentions et à l’engagement de l’Iran à faire aboutir le JCPOA ».
Quel rôle joue la politique intérieure américaine ?
Les républicains américains et un certain nombre de démocrates ont exprimé leur opposition à un accord nucléaire rétabli, car il lèverait de nombreuses sanctions imposées à l’Iran par l’ancien président Donald Trump.
Ils ont également soutenu qu’un JCPOA restauré ouvrirait la voie à une bombe nucléaire iranienne, même si l’accord impose des restrictions strictes aux stocks et aux taux d’enrichissement de l’Iran – bien que pour des périodes de temps limitées.
Le président Joe Biden semble plus hésitant à donner suite à l’accord maintenant que les élections de mi-mandat se profilent, alors que son administration continue d’empiler les sanctions.
La semaine dernière, les États-Unis ont imposé de nouvelles sanctions à l’Iran dans le but déclaré de réduire ses efforts de construction et d’exportation de drones et de le punir pour une cyberattaque présumée contre des entités gouvernementales en Albanie.
Pendant ce temps, Israël reste le plus grand opposant à l’accord sur le nucléaire et a activement tenté de faire dérailler les efforts en vue d’un accord.
Dimanche, le Premier ministre israélien Yair Lapid a déclaré qu’Israël « menait une campagne diplomatique réussie pour mettre fin à l’accord sur le nucléaire », peu de temps après que le chef du Mossad, David Barnéa, se soit rendu à Washington pour des réunions d’information secrètes avec de hauts responsables américains sur l’Iran. Lundi, dans son premier discours public, Barnéa a déclaré que même si un accord était conclu, il ne protégerait pas l’Iran des attaques du Mossad.
JForum – sources Le Monde et le Figaro