Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ne veut pas d’une guerre américaine avec la République islamique d’Iran.
Oui, le gouvernement de Netanyahu se féliciterait de l’implosion soudaine du régime iranien, mais pas au prix de la guerre. Suggérer le contraire, c’est fondamentalement mal comprendre la stratégie de sécurité israélienne.
Pourtant, comme Noah Pollak l’observe, le plus grand cerveau stratégique de l’ Amérique, Ben Rhodes, a rejoint le ministre iranien des Affaires étrangères / le troll Javad Zarif pour avertir que Netanyahou a désespérément besoin d’une guerre américano-iranienne. Comme on pouvait s’y attendre, le représentant Tulsi Gabbard, Démocrate d’Hawaii, partage ce sentiment.
Mais l’enthousiasme suscité par l’éventualité d’une guerre ne concernent que le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman. Le souverain saoudien serait très heureux de voir le personnel militaire américain se battre pour débarrasser Riyadh de son ennemi idéologique.
Netanyahou? Oubliez ça.
Tout d’abord, la stratégie de sécurité d’Israël vis-à-vis de l’Iran ne repose pas sur la poursuite du changement de régime, mais sur la compréhension constante qu’a l’Iran du match de dissuasion que joue Jérusalem, en s’assurant de la supériorité de ses représailles potentielles. Israël s’assure que l’Iran sait que toute menace critique qu’il représente pour Israël entraînera une menace israélienne bien plus grande contre l’Iran. Alors que les services de renseignement israéliens agissent sans relâche pour détecter les actions iraniennes dirigées contre les intérêts israéliens, il est trompeur de dire que ces services sont principalement définis par l’emploi de la force. En fait, les Israéliens ont tendance à n’utiliser la force que là où ils croient que c’est la seule option pour sauver des vies. La grande majorité des activités de renseignement israéliennes vise à mieux comprendre les projets, intérêts et activités iraniens / et de leurs supplétifs
Les Israéliens ont de bonnes raisons pour maintenir cette approche équilibrée. En fin de compte, les forces de sécurité israéliennes reconnaissent qu’une lutte franchissant tous les stades de l’escalade violente avec l’Iran comporte des risques démesurés. Vous ne me croyez pas? Appliquons ensuite cette notion à une guerre américano-iranienne.
Dans un tel scénario, les Israéliens feraient face à un barrage de frappes de missiles balistiques iraniens – potentiellement (bien que cela reste improbable) armés d’ogives chimiques. Les défenses aériennes israéliennes détruiraient certains de ces missiles, mais pas tous. Mais ce n’est que le début.
Si l’Iran partait en guerre avec l’Amérique, les supplétifs iraniens au Liban et ailleurs feraient la même chose contre Israël. Cela signifierait une attaque à laroquette à grande échelle du Hezbollah libanais contre Israël. Cela signifierait également des campagnes d’assassinats et de bombardements contre des officiers et responsables du gouvernement israélien et des civils du monde entier.
Cela signifierait un chaos sanglant.
Les gouvernements israéliens sont, par mandat démocratique, dans l’obligation d’assurer la protection du peuple israélien et à sa prospérité. Cela fait que la menace d’une guerre avec l’Iran comporte beaucoup plus de contraintes qu’elle n’est recevable. Et ceci est une préoccupation particulièrement importante en Israël, où les gouvernements reposent sur des coalitions. Alors que le système politique israélien s’unifierait contre l’Iran dans une guerre, tout effort injustifié par un premier ministre israélien pour mener à la guerre risquée avec l’Iran pourrait conduire, à moyen terme, à la chute de son gouvernement. Construire une coalition est rarement une tâche facile en Israël : Netanyahu n’a toujours pas construit son gouvernement après les élections d’avril.
En bref, il reste au moins une règle très valable pour croire le contraire de ce que dit Ben Rhodes.