Autour de la table de Chabbath n°377 Vayikra
Cette semaine on commence le 3ème livre de la Tora, Vayikra, qui traite en particulier des lois des sacrifices. Pour le commun des mortels ce sont des notions difficiles car notre esprit cartésien a du mal à admettre qu’en égorgeant une bête en sacrifice, on acquiert en cela le pardon des fautes et la félicité ! Beaucoup considèrent qu’il s’agit d’une grande cruauté vis à vis des animaux. Cependant, il reste que puisque ce sont des notions marquées dans la Tora, dommage de ne pas les connaitre. De plus, le rythme quotidien de nos prières est réglé suivant le sacrifice perpétuel qui existait au Temple. En effet, le sacrifice « Tamid » était offert le matin et un deuxième l’après-midi (la nuit, les entrailles, de l’animal, était brûlées sur l’autel des sacrifices) et nos Tefiloth quotidiennes sont instituées en fonction de la cadence de ce « Tamid ». Sachant cela, on essayera avec l’aide de Hachem de donner des raisons tangibles (2) à ce phénomène. Cependant il reste que les intentions du Créateur sont très au-delà de l’intellect de l’homme. Donc notre développement ne vient que pour nous aider un tant soit peu à appréhender d’une meilleur manière ce sujet complexe.
Le Ramban (verset 9) explique que lorsque l’homme faute, il utilise sa pensée, sa parole et l’action. Donc pour qu’il y ait expiation (de sa transgression) il faut que la réparation touche ces trois domaines. Sur le fait qu’il a péché dans son action, le fauteur posera ses mains sur la tête de la bête de toute ses forces ce qu’on appelle « semikha ». Sur le fait qu’il a parlé pour accomplir sa faute en contrepartie il fera le « vidouï », une sorte de confession lorsqu’il posera ses mains sur l’animal. Et sur le fait qu’il a eu de mauvaises pensées, des pulsions non-contrôlées, alors il brulera sur l’autel les entrailles de l’animal. Ces les reins et intestins qui sont le siège de toutes les envies (à l’image des envies de l’homme qui ont entrainées la faute). Au final, lorsque l’homme verra son animal tué et immolé sur l’autel, il considèrera que Hachem a agi dans une grande Miséricorde vis à vis de lui, car c’est bien lui qui aurait dû être offert sur l’autel ! Nécessairement cela amènera l’homme à des regrets sincères et en cela il aura droit à l’expiation de sa faute !
Cependant, on est obligé d’ajouter un point. Les sacrifices au Temple ne venaient pas expier la faute volontaire. C’est uniquement lorsque l’homme avait fauté involontairement qu’il y avait sacrifice. Donc lorsque le Ramban explique que l’holocauste répare la pensée de l’homme il s’agit du manque de sérieux de l’homme qui a entrainé sa faute. Car si l’homme avait été un peu plus attentif dans ses devoirs vis à vis de la Tora et des hommes il ne serait pas arrivé à cela.
Deuxième explication, celle du Or Ahaim Hakadoch. D’abord il pose une question : voilà que Hachem a créé Son monde sous l’Attribut de la justice ; de plus, tout celui qui considère que Hachem n’est pas regardant vis à vis de ses fautes, Hachem ne lui pardonnera pas (Yerouchalmi Chekalim 5.1) ! Donc comment D’ a créé une possibilité à l’homme d’apporter un animal et en cela se rendre quitte de la justice divine ? Sa réponse est très intéressante. Il rapporte la Guemrara de Sota qui enseigne qu’un homme ne faute que lorsqu’un esprit de futilité pénètre la personne (c’est à dire que dans le feu de l’action l’homme perd toute sa jugeote pour stopper à temps. Ces pulsions sont alors trop fortes. C’est le « Roua’h chetout »). Continue le Or Ha’haim, puisque lorsqu’un homme faute il n’est pas véritablement maitre de lui-même, de ses pensées. Alors il se trouve au même niveau que l’animal (qui est dépourvu d’intelligence). Et c’est uniquement lorsqu’il fera Techouva, en regrettant son action passée, qu’il sortira du niveau de l’animal et qu’il accédera au niveau de l’homme. Par conséquent, est-ce qu’il est juste que notre nouvel homme (après avoir fait Techouva) doive encore payer sa faute (alors qu’il était à un niveau beaucoup plus bas) ? C’est pour cette raison que l’homme approche en sacrifice un animal qui est à l’image de l’homme au moment de sa faute! Et lorsque l’homme approchera l’animal à l’autel il aura des sentiments de culpabilité de l’amener à sa mort. En cela il réparera sa faute antérieure! C’est l’intention du Psaume (36) qui dit que l’homme et l’animal seront sauvés par Hachem (la partie animale de l’homme est réparée par le sacrifice!).
Pour tous ceux qui veulent devenir des anges !
Au tout début de la Paracha on apprend un principe général dans les sacrifices, le verset dit : « Un homme (Adam) parmi vous, qui approche un sacrifice/Korban… » Pour les non-hébraïsants, il convient de savoir que le mot Korban/sacrifice est le même que le mot Karov qui veut dire « rapprocher ». C’est à dire qu’un sacrifice rapproche son propriétaire du Créateur en obtenant le pardon de sa faute. Car ce sont les fautes qui forment une barrière entre l’homme et son D’. Seulement le Or Ha’haim rajoute que c’est aussi une allusion au fait que l’homme doit veiller à rapprocher ses frères vers la pratique de la Tora et des Mitsvoth. Car l’homme en fautant s’écarte de Hachem. Or D’ désire que le Clall Israël se rapproche de Lui ! Le verset est une injonction de faire rapprocher ses frères à la Tora. « Adam qui rapproche d’entre vous (ses frère à Hachem) ».
Le ‘Hovat Halevavoth (Cha’aré Ahava 6) enseigne un ‘hidouch ! Même si un homme est Tsadik et atteint des niveaux inégalés de droiture, il reste que l’homme qui enseignera aux autres la voie à suivre et fait revenir sur le droit chemin les mécréants, son mérite sera décuplé plus haut encore que les prophètes ont pu connaître (d’après une version, que les ANGES du ciel) !! La raison est que pour chaque personne qui fera désormais mieux sa Tora, le mérite de son avancée sera crédité dans le ciel au profit de l’homme qui lui a mis les pieds à l’étrier !
Comme je suis certain que tous mes lecteurs sont avides de devenir des « anges » et faire revenir toute la France et le monde en Techouva, je rapporterai une anecdote très intéressante avec le Gaon de Vilna. A l’époque, le Maguid de Douvno lui demanda de qu’elle manière il pouvait amener le public à une meilleure pratique du judaïsme (le Maguid était un grand prédicateur en Europe Centrale) ? Le Gaon lui répondit à l’aide d’une allégorie. Sur une table est posée une belle coupe de vin vide et tout autour d’elle se trouve plein de petits verres vides eux-aussi. Le chef de table commence à remplir la grande coupe et de cette manière il espère que les petits verres se rempliront. Est-ce que pour autant les petits verres se rempliront ? Que nenni ! C’est uniquement après que la grande coupe se remplisse à ras bord, qu’à ce moment tout vin supplémentaire se versera d’une manière automatique dans les autres coupes…De la même manière, dira le Gaon, la meilleure manière d’influencer le public, c’est de remplir ta coupe (toi-même) de plus de Tora et de crainte du Ciel, et à partir de ce moment tu arriveras à faire passer ton message avec plus d’efficacité.
Comment on faisait Techouva il y a un siècle !
Cette fois on vous rapportera l’histoire du premier Ba’al techouva qu’a pu connaître la terre bénie d’Israël. Notre histoire remonte à près de 100 années en arrières, à l’époque où le judaïsme traditionnel perdait totalement de son influence au profit de toutes les idéologies du moment (sionisme, communisme, capitalisme. Il parait qu’il en reste même encore de nos jours…). Notre homme s’appelle Ouri Sanders qui dans ces années 20 était dans un des premiers Kibboutz du pays du mouvement de Hachomer dans le nord du pays (pour ceux ou celles qui connaissent, il s’agit probablement de Deguania sur les bords du Kinnereth ou encore Beth Alpha aux pieds du Gilboa). Donc dans une de ces fermes issues tout droit du rêve communiste (antireligieux), Ouri avait appris la taille des pierres. Et après avoir appris le métier, il se trouvait alors dans les rues de Jérusalem afin de daller la chaussée. C’est alors qu’un certain Rubinstein passait dans les petites rues de la capitale éternelle avec une charrette remplie de livres de Tora… Ce dernier passa devant le groupe d’ouvrier juif (du Kibboutz), dans lequel se trouvait notre Ouri, et arrêta sa carriole. Il descendit et salua les travailleurs en leur félicitant de leur magnifique travail (car dorénavant le trajet sera beaucoup moins difficile pour sa carriole). C’est alors qu’Ouri demanda à reb Rubinstein s’il ne possédait pas dans sa cargaison le livre « Bené Yissakhar ». Reb Rubinstein s’étonna de la demande car comment un simple ouvrier pouvait-t-il connaître le livre d’un grand de la ‘Hassidout. Il lui posa donc la question : « Qu’est ce qui te pousses à vouloir précisément ce livre ? ». Ouri répondit qu’il est la 4ème génération de rabbi Tzvi Eliméleh de Médinov (l’auteur du Bené Yissakhar). Le rav Rubinstien s’étonna : « Alors que tu fais ici alors que tu descends d’une famille si prestigieuse ? ». Ouri répondit : « Je suis né à Vienne en Autriche dans une famille pratiquante. Cependant, durant mon enfance c’était très difficile de garder le judaïsme car les courants réformés étaient très fort… Mais, la véritable coupure avec le judaïsme eu lieu durant mon enrôlement durant la 1ère Guerre mondiale. J’avais alors 16 ans et l’armée de l’empereur Franz Joseph m’a recruté de force avec mes quatre autres frères. Durant les 4 années de la guerre et par la suite deux autres, j’ai perdu tout goût pour le judaïsme. C’est alors que j’ai décidé de monter en Erets dans un des Kibboutz du pays. Là-bas j’ai appris le travail et depuis je m’occupe de daller les rues et toutes les voies du pays… » Reb Rubinstein lui demanda : « Que tu vas devenir ? Est-ce vraiment bien pour toi de rester dans ces conditions ? Tu n’aimerais pas changer ? » Ouri lui demanda : « Que me proposes-tu ? » Reb Rubinstein lui dit : « En dehors des routes, est-ce que tu as une qualification particulière ? » Ouri répondit qu’à Vienne il avait appris la comptabilité ». Reb Rubinstein lui dit : « Je m’occupe d’une Yechiva et j’ai besoin d’un comptable ! Tu travailleras chez moi la moitié de la journée et l’autre tu étudieras la Tora. Es-tu d’accord ? « Ouri réfléchit quelques minutes, et finalement il accepte la proposition de devenir le comptable d’une Yechiva à Méa Chéarim ! Le Roch Yechiva, le Rav Zéra’h Braverman zatsal accueillit le nouveau comptable à bras ouverts, bien qu’il soit habillé d’un short et de sandales à la mode du Kibboutz (en plein Méa Chéarim d’il y a 100 ans, c’est soit dit en passant la preuve que les « ultras » d’il y a un siècle, n’étaient pas si obtus que cela le laissait paraître !). Le rav s’enquerra du niveau de connaissance d’Ouri en Tora. C’était le néant ! Seulement il avait quelques réminiscences du passé. Moché est monté sur une montagne enneigée, Avraham était marié avec Rivka (pour mes lecteurs assidus qui n’ont pas besoins de ces précisions, mais on ne sait jamais… La montagne sainte n’était pas enneigée puisque c’était dans le désert du Sinaï le 6 Sivan, au tout début de l’été et que notre Patriarche Avraham était marié avec Sarah Iménou etc) .Le Roch Yechiva comprit à qui il avait à faire et lui demanda : « Est-ce que tu veux étudier avec moi durant la nuit et comme cela je te remettrais à niveau ? Ouri répondit affirmativement. Ainsi a commencé une longue période où Ouri étudiait toutes les nuits jusqu’aux aurores ! Avec le temps, notre Ouri Sanders acquis une bonne connaissance des traités du Talmud et devient en dehors de la comptabilité, une aide pour les élèves afin qu’ils fassent une révision du traité étudié à la Yechiva. Vint le moment où Ouri chercha son Chidoukh. Après son mariage il s’installa dans un des nouveaux quartiers « Bathé Rand » là où vivait des nombreux Tsadikim de Jérusalem. Ouri réussit même avec le temps à marier ses filles avec des familles d’Admourim de la ville. Il est rapporté à son sujet que pendant une période de l’année (Chovavim) il avait l’habitude de jeûner de Chabbat à Chabbat! Et c’est à l’âge vénérable de 95 ans qu’il a quitté notre monde, pour un meilleur, après avoir laissé 11 enfants dont chacun a laissé une belle progéniture… Et aujourd’hui il y a bli ‘ein hara près de 1000 petits-enfants, arrières petits-enfants qui peuplent le beau pays de la Terre promise… Tout cela grâce à quelques mots: « Est-ce que vraiment tu veux rester toute ta vie à faire des routes, n’y a-t-il pas mieux à faire ?? » Et pour nous on se suffira de nous demander si cela vaut vraiment le coût de courir après l’argent (en mettant de côté sa femme ou ses enfants, ou les deux à la fois…) tous les jours, 7 jours sur 7 (et pour les meilleurs excepté le saint Chabbat), 24 sur 24 ?
Coin Hala’ha: Chacun doit veiller à ne pas posséder de ‘Hamets durant Pessa’h (du mercredi 5 avril depuis la matinée jusqu’au jeudi 13 avril, au soir, pour les communautés en France et dans le reste du monde). Pas seulement dans sa maison (éventuellement dans une maison secondaire) mais aussi dans sa voiture, son bureau ou à la Yechiva (pour les élèves qui ont une chambre). Dans tous ces cas on devra faire la vérification (Bedika) le soir du 14 Nissan à la lumière d’une bougie (mardi soir 5 avril). Une famille, qui loue un appartement ou une chambre à l’hôtel pour Pessa’h, devra la vérifier dans le cas où la location commence depuis le soir du 14. Si la location démarre le lendemain (le mercredi veille de fête) ce sera au loueur de vérifier. Dans tous les cas, si le loueur n’est pas pratiquant (en Israël) ou qu’il soit gentil (en France), ce sera au locataire de chercher le ‘Hamets (même si la chambre semble propre à première vue et que le ‘Hamets éventuel qui s’y trouve ne nous appartient pas) à la lumière d’une bougie et avec bénédiction. De plus, avant de partir vers l’hôtel, il faudra faire la vérification de sa propre maison même s’il ne reste personne pour les fêtes (ou de faire un acte de vente auprès du rav).
Chabbat Chalom et à la semaine prochaine si D’ le veut.
David Gold
tél. 00972 55 677 87 47 e-mail:goldhanna123@gmail.com
Votre feuillet préféré est en passe de sortir en livre pour la 2ème année de sa parution. Si vous êtes intéressés de soutenir son impression, je vous propose des dédicaces (bénédictions ou de souvenir d’un proche). Veuillez prendre contact avec le mail d’envoi.
Une bénédiction à tous les Ba’houré Yechivoth qui rentrent chez eux après le « Zman ‘Horef » / l’hiver, passé à apprendre la sainte Tora en Erets Israël. Alé VéHatsla’h !!