Robert O’Brien est le nouveau conseiller à la Sécurité nationale du président américain. Farouche détracteur de l’ère Obama, il défend un retour à l’Amérique des années Reagan.
Donald Trump a tranché : son nouveau conseiller à la Sécurité nationale sera l’avocat Robert O’Brien, qui était depuis le printemps 2018 l’envoyé spécial américain pour la libération des otages. «J’ai travaillé longuement et durement avec Robert. Il fera du bon boulot !» a tweeté Trump mercredi. A ce poste stratégique au cœur de la Maison Blanche, O’Brien succède au «faucon» John Bolton, limogé la semaine dernière par le Président – Bolton assure quant à lui avoir démissionné – sur fond de différends diplomatiques à propos de l’Iran, la Corée du Nord ou le Venezuela.
Largement inconnu du grand public, Robert O’Brien ne l’est pas en revanche des cercles diplomatiques et militaires, notamment républicains, au sein desquels il évolue depuis près de deux décennies. Nommé par George W. Bush, cet avocat originaire de Los Angeles fut entre 2005 et 2006 l’un des représentants américains à l’Assemblée générale de l’ONU, à l’époque où John Bolton y occupait le poste d’ambassadeur des Etats-Unis. Au sein du secrétariat d’Etat, d’abord sous la républicaine Condoleezza Rice puis la démocrate Hillary Clinton, il codirigea ensuite de 2007 à 2011 les efforts de réforme du système judiciaire en Afghanistan.
Ancien officier de réserve de l’armée, O’Brien a conseillé trois candidats républicains à la présidentielle sur les questions de politique étrangère : l’ancien gouverneur du Massachusetts et actuel sénateur de l’Utah Mitt Romney, l’ex-gouverneur du Wisconsin Scott Walker et le sénateur du Texas, Ted Cruz.
Critique féroce du bilan Obama
En mai 2016, alors que le processus des primaires républicaines, dynamité et dominé par Donald Trump, touchait à sa fin, Robert O’Brien avait publié un essai remarqué sur la politique étrangère des Etats-Unis. Intitulé «While America Slept» («Pendant que l’Amérique dormait»), le livre dressait un bilan accablant de la présidence Obama en la matière, accusant le successeur de Bush de naïveté et d’avoir considérablement affaibli la puissance diplomatique et militaire des Etats-Unis.
«Je ne doute pas que le président Obama ait cru sincèrement qu’en tendant la main à nos adversaires avec humilité et concessions, en reconnaissant les péchés de l’Amérique et en minimisant son rôle historique de nation exceptionnelle, et en réduisant unilatéralement et drastiquement ses capacités de défense, il obtiendrait en échange la bonne volonté et la réciprocité de ceux que lui-même avait qualifiés de dirigeants « corrompus et malhonnêtes ». Au lieu de cela, les autocrates, tyrans et terroristes furent enhardis», écrivait O’Brien.
Robert O’Brien sera le quatrième conseiller à la Sécurité nationale de Donald Trump, du jamais vu pour un président au cours de son premier mandat. Après les anciens généraux Flynn et McMaster, il succède donc à John Bolton, dont les suggestions et la réputation de va-t-en guerre ont fini par exaspérer le locataire de la Maison Blanche. S’il est réputé plus diplomate que Bolton, O’Brien semble toutefois partager la ligne dure de son prédécesseur, pour qui il a travaillé à l’ONU et qui a paraphé la couverture de son livre de 2016, qualifiant sa lecture de «nécessaire».
Ronald Reagan, son «héros»
Sur l’Iran, dossier brûlant du moment après l’attaque ce week-end des installations pétrolières saoudiennes, Robert O’Brien n’a jamais caché son exécration de l’accord nucléaire de 2015, parlant de «folie d’Obama» et allant jusqu’à comparer cette négociation internationale aux accords de Munich signés en 1938 avec l’Allemagne nazie. «Il n’y a aucune preuve qui permette de croire que nous pouvons faire confiance» à l’Iran, écrivait-il dans son livre, qualifiant Téhéran d’«ennemi juré» des Etats-Unis, «déterminé à changer les contours de l’ensemble du Moyen-Orient et à détruire l’allié régional clé de l’Amérique, Israël».
Dans ce même ouvrage, Robert O’Brien citait l’un de ses «héros», Ronald Reagan – «Nous maintenons la paix par notre force, la faiblesse n’incite qu’à l’agression» –, faisant sienne sa doctrine de politique étrangère. «Il avait raison. Face aux nouveaux défis mondiaux, il est temps de revenir à une politique de sécurité nationale fondée sur la « paix par la force ». Une Amérique forte sera une nation en qui nos alliés peuvent avoir confiance et que nos adversaires n’oseront pas défier», écrivait-il.
Pour l’heure, les Etats-Unis n’ont mené aucunes représailles militaires après les attaques de samedi contre des installations pétrolières saoudiennes, dont la responsabilité a été attribuée par Washington à Téhéran. Mercredi, Donald Trump a en revanche annoncé, sans plus de précisions, un durcissement «substantiel» des sanctions contre l’Iran.