Pour ne pas faire comme Bernard Tapie

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Autour de la table de Chabbat, n° 399 Ki-Tétsé

Notre paracha est très riche en Mitsvoth et c’est certainement une allusion au fait que l’on se rapproche de Roch Hachana. Hachem nous enjoint de rajouter un tant soit peu dans la pratique afin de faire pencher la balance du bon côté.

Cette semaine j’ai choisi de vous parler de la Tsedaka (je vous rassure de suite, je n’ai pas l’intention de faire un appel…). Le verset (ch. 24.10) dit : « Lorsque tu prêteras de l’argent à ton ami, tu pourras lui demander un gage mais tu feras attention de ne pas rentrer dans sa maison (lorsque tu recevras sa caution). Si c’est un pauvre, qui a besoin de ce gage durant la nuit (par exemple c’est un pyjama ou des couvertures), tu devras le lui rendre à l’approche de la nuit et en cela tu accompliras une Tsedaka DEVANT HACHEM. »

C’est-à-dire que notre paracha nous apprend que la Tsedaka n’est pas uniquement le fait de tendre la pièce au pauvre mais c’est aussi lui faire un prêt. Seulement ce prêt doit être gratuit, sans faire porter des intérêts. Par exemple, si je débloque à un ami de l’argent qui était sur un compte bloqué (me rapportant 3%), je ne pourrais pas lui demander qu’il me dédommage du manque à gagner (sans faire de Héter Iska) en me rajoutant les 3%. Autre cas, à l’approche des vacances mon ami me demande un prêt de quelques milliers d’Euros. Je ne pourrais pas (le prêteur) demander poliment (à mon ami l’emprunteur) s’il peut, par la même occasion me prêter sa villa sur les hauteurs de Nice pour quelques jours en cette fin du mois d’août bien chaude (ou qu’il me fasse une bonne ristourne sur la location). C’est aussi interdit, car le manque à gagner de l’emprunteur (la ristourne) est dû au fait qu’il a reçu le prêt (Yoré Déa 166.1) : c’est du Ribit (intérêt)… maître Capelot !

Le Kéli Yakar enseigne quelque chose d’intéressant sur cette Mitsva. Il rapporte une Guemara (Baba Bathra 11) au sujet d’un roi d’Israël, le roi Mounbaz (descendant des Hasmonéen de l’époque de Hanoucca). Ce roi-tsadik avait dilapidé la fortune royale lors des années de disette. Les conseillers de la cour le désapprouvèrent grandement. Mais Mounbaz dira : Mes aïeux ont accumulé des fortunes qui sont vouées à tomber dans des mains étrangères tandis que moi j’accumule des biens qui resteront pour toujours en mon nom. Le mérite de la Tsedaka reste gravé devant le trône Divin pour l’éternité ! » C’est le sens de notre verset qui conclut que lorsque l’on rend le gage au pauvre, c’est considéré comme une Tsedaka DEVANT Hachem. Le mérite de l’action restera scellé pour toujours au nom de celui qui a fait le geste et personne au monde ne pourra s’en accaparer.

Donc au détour de ce formidable commentaire on aura compris que pour accumuler un capital qui restera notre bien pour toujours (même au moment où l’on passera vers un monde meilleur), c’est de débourser de notre argent pour les bonnes causes communautaires (d’ailleurs je connais un excellent livre qui va bientôt paraître et qui a besoin de … Je m’arrête afin qu’on ne dise pas que le rav Gold se contredit d’une page à l’autre…). Et c’est bien le contraire des valeurs prônées par la société qui met en avant toutes les réussites financières des start-ups ou des patrons emblématiques du monde des affaires (voir le titre) qui développent beaucoup d’effronteries afin de gagner toujours plus.

Au sujet de la Tsedaka il est écrit dans une autre paracha (Réé) : « Lorsqu’il y aura un pauvre dans une de tes villes, tu lui ouvriras ta main et tu lui prêteras ce dont il a besoin« . Rachi explique que s’il refuse l’aide, tu lui proposeras un prêt. Le verset dit « Suivant ses besoins » : tu n’as pas la Mitsva de l’enrichir, uniquement de lui donner de quoi se nourrir. Seulement la Tsedaka n’est pas uniquement l’aide financière, cela peut-être aussi le cas d’un ancien-riche qui avait l’habitude de chevaucher à cheval avec un esclave à ses côté. Si la caisse de Tsedaka en a les capacités (ce qui est rare…), elle louera les services d’un cheval et d’un esclave pour servir notre homme…

La Guemara (Ketouvoth 67) rapporte d’ailleurs un cas édifiant d’un ancien riche qui avait perdu toute sa fortune et la caisse communautaire lui procura un esclave et un cheval. Un jour, ils ne trouvèrent pas d’esclave et c’est Hillel Hazaken (rav éminent de l’époque antique) qui pris cette fonction et courra devant le cheval de cet ancien riche.

Or le Zikhron Yossef demande comment Hillel a pu faire une telle besogne ? Les commentateurs (sur Baba Metsia 33) enseignent qu’un grand érudit n’a pas le droit de faire une chose (même une Mitsva) qui va à l’encontre de son haut statut ? En effet, d’une manière générale, le Talmid ‘Hakham est astreint à toutes les Mitsvoth d’une manière des plus scrupuleuses. Mais si cela entraîne un manquement dans les honneurs dû à sa Tora, il sera dispensé de la Mitsva (le Roch, commentateur de l’époque médiéval, rejoute qu’il existe même un interdit pour le Talmid ‘Hakham de faire une Mitsva qui peut descendre le Kavod (les honneurs) dû à sa Tora). Donc comment Hillel a pu courir devant le cheval pour accomplir la Mitsva de Tsedaka ?

La réponse que certains donnent est qu’Hillel l’a fait dans la plus grande des discrétions. Il tenait à accomplir cette Tsedaka bien qu’il n’y soit pas obligé (Lifnim mi chourat hadin) et il l’a fait dans un lieu où personne ne connaissait son identité. Donc il n’y avait pas de manquement à l’égard de sa Tora (Voir Metivta sur Ketouvoth 67).

Attention au respect des Sages !

Cette semaine, comme je vous ai parlé du Kavod des Talmidé ‘Hakhamim, je vous propose une histoire véridique qui continuera sur le même sujet. Il s’agit du rav Felmann zatsal, dont j’ai la chance de vous rapporter ses paroles de Tora (il est décédé voici près de 7 ans). Durant une période de sa vie, il a été Roch Collel dans une synagogue en dehors de la ville de Bené Brak. C’était un rav d’une communauté qui avait fait venir rav Felmann ainsi qu’un groupe d’Avrékhim afin que la voix de la Tora raisonne dans sa communauté. Le rav Felmann s’occupait de la partie étude proprement dite tandis que la communauté s’occupait de fournir l’aide mensuelle aux Avrékhim. Le rav de l’endroit était une personne formidable et avait réussi à hisser la communauté à plus de respect dans la pratique de la Tora et des Mitsvoth. Au départ, les fidèles étaient éloignés des choses de la religion, et grâce à l’action du rav, petit à petit les gens ont augmenté dans la pratique. C’est en particulier grâce aux Drachoth (discours) du vendredi soir qu’il réussit à faire apprécier la pratique de la Tora au public. Chemin faisant, les simples fidèles devenaient demandeurs de tout ce qui concerne la Tora et les Mitsvoth : un grand changement pour cette communauté. Seulement le Yétser hara’ ne laissa pas les choses se faire aussi facilement. Les gabayim (secrétaires) de la synagogue voyaient la chose d’une toute autre manière ! Ils ne supportaient pas ce trop plein de religiosité et ils ont décidé d’y remédier. Seulement ils ne pouvaient pas s’en prendre directement au rav qui était très apprécié. Ils ont manigancé en exigeant qu’à tour de rôle les Avrékhim du Collel donnent le cours du vendredi soir à la place du rav (leur paye mensuelle en dépendait). A première vue c’était positif : donner la possibilité aux Avrékhim de parler en public afin qu’ils deviennent eux-aussi des rabbanim (le rav Felmann était désolé de la situation mais gardait le silence car il craignait le fait que si la communauté suspendait le paiement aux Avrékhim du Collel, une partie abandonnerait l’étude). Une fois un Avrekh est venu voir le Roch Collel pour lui demander quoi faire, car il devait parler le vendredi soir. Le rav Felmann lui dit de prendre conseil auprès du Gadol Hador : rav Chakh zatsal. Les deux hommes se rendirent auprès du rav, c’est le rav Felmann qui exposa la problématique. Le rav Chakh écouta attentivement  et dit : « C’est interdit pour les Avrékhim de diminuer l’influence du rav même si pour autant cela entraine la fermeture du Collel. Quitte à ce que les Avrékhim sortent travailler! Les Avrékhim n’ont pas le droit de parler le vendredi soir dans ces conditions« . De retour au Collel, le rav Felmann décréta aux Avrékhim que dorénavant il était interdit de parler le vendredi soir. Les gabayim en apprenant la tournure des évènements furent très en colère, mais comme on leur dit que la décision venait du rav Chakh, ils se calmèrent…  Seulement ils ont vite fait des recherches pour savoir qui, parmi les Avrékhim, était allé voir le rav Chakh, et lorsqu’ils ont découvert son identité, ils lui supprimèrent son aide. Le rav Felmann prit les devants et exigea que tous les Avrékhim du Collel versent leur Ma’asser (10% de leur revenu) à l’Avrekh : en aucun cas cet homme ne devait souffrir pour être allé prendre conseil auprès du Gadol Hador. Les gabayim, voyant que l’Avrekh en question restait toujours sur les bancs de synagogue, n’acceptèrent pas, et dirent  au rav Felmann que s’il était vrai que le rav Chakh avait tranché en la faveur de l’Avrekh, il restait que la communauté était sefarade et donc il était plus approprié de trancher la discorde auprès du Gadol Hador : rav ‘Ovadia Yossef zatsal. Le rav Felmann dira en toute assurance : « Le rav Ovadia tranchera de la même manière que rav Chakh ! » Au bout de quelques jours, les Gabayim revinrent auprès de rav Felmann en lui disant que rav Ovadia avait dit que les Avrékhim devaient continuer à donner le cours du vendredi soir… Le rav Felmman leur dit qu’il ne les croit pas ! Le rav envoya alors deux Avrékhim auprès du rav Ovadia, et après avoir exposé à nouveau le problème (le manque de Kavod au rav), le rav Ovadia leur dit que ce n’est pas du tout en ces mêmes termes que les gabayim lui avaient exposé le problème ! Dans ces conditions, il était interdit de faire le discours à la place du rav de la communauté ! Après avoir reçu l’avis du rav Ovadia, le rav Felmann dit aux gabayim, cette fois-là avec un ton qui ne prêtait pas à discussion : « Sachez que ce que vous faites, c’est très dangereux ! Le Steipler (le père de rav Haïm Kaniévski zatsal) avait l’habitude de dire dans un cas similaire : les Cieux  ne sont pas indulgents avec une telle personne (qui cherche querelle avec le rav de la synagogue) ! Faites attention ! » Or, les gabayim  continuèrent à dire des sottises sur le rav de la communauté. Quand ils sortirent de la synagogue une chose terrible s’est déroulée aux yeux des dizaines de fidèles. A peine sortis dehors qu’un des deux gabayim eu un terrible infarctus et s’écroula mort ! Le deuxième gabai, peu de temps après, a eu un arrêt cardiaque et a dû faire une opération d’urgence en dehors du pays ! Depuis sa santé est restée très précaire…

Comme quoi, la communauté doit faire attention au Kavod des Talmidé ‘Hakhamim, car ils sont les détenteurs de la Tora.

Chabbat Chalom et à la semaine prochaine si D’ le veut;

David Gold

Tous ceux qui sont intéressés à la publication de la 2ème saison du livre de « Au cours de la Paracha » peuvent prendre contact au tél : 06 60 13 90 95 ou en Erets 055 677 87 47

Une bénédiction au rav Mikaël Atlani et à son épouse (Kohav Yaacov) à l’occasion du mariage de leur fils Yossef-Ytshaq, Mazel Tov Mazel tov !

Une bénédiction à Yonathan Gabison et à son épouse (Paris) à l’occasion de la naissance de leur fils. Qu’ils méritent de le faire rentrer dans l’alliance d’Avraham Avinou en son temps et qu’ils le voient grandir dans la Tora et les Mitsvoth. Une Berakha aux grands-parents Gérard Cohen et son épouse.

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