Aux côtés de la Corée du Nord et de la Russie, Israël et les États-Unis ont voté contre une résolution appelant à la préservation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine – résolution adoptée par une majorité de 93 pays. Avant ce vote exceptionnel, une tournure dramatique dans la politique américaine envers l’Ukraine s’était produite.
Itamar Eichner, Roy Rubinstein | Ma’ariv
Aujourd’hui (lundi), lors de l’Assemblée générale de l’ONU, Israël a voté, aux côtés des États-Unis, contre une résolution initiée par l’Ukraine et l’Union européenne – à l’occasion du troisième anniversaire de l’invasion russe de l’Ukraine. La résolution appelle à préserver la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, à mettre fin aux hostilités et à résoudre pacifiquement la guerre que la Russie mène contre le pays.
Illustration : Netanyahou et Zelensky à l’ONU, en septembre 2023 (photo : AFP PHOTO / Ukrainian Presidential Press Service)
93 pays ont voté en faveur de la résolution ; 65 se sont abstenus et 18 pays ont voté contre, dont les États-Unis, la Russie, la Hongrie, le Nicaragua, le Soudan, le Mali, les Îles Marshall, Haïti, l’Érythrée, le Niger et Palau.
C’est la première fois, depuis le déclenchement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, que les États-Unis et Israël votent contre Kiev. Ce vote exceptionnel fait suite à une tournure dramatique dans la politique du gouvernement américain dans le conflit, après que le président Donald Trump eut violemment critiqué le président ukrainien Volodymyr Zelensky – adoptant en fait la position de la Russie.
Il convient de noter qu’à la dernière minute, Israël n’était pas certain de la position que prendraient les États-Unis et s’ils voteraient vraiment contre la résolution. Israël s’est aligné sur les États-Unis, mais a été l’un des rares pays à le faire – aux côtés d’autres alliés tels que la Hongrie et les îles du Pacifique. À leurs côtés, la Corée du Nord et la Russie ont également soutenu la résolution.
Depuis le début de la guerre, Israël a soutenu pleinement l’intégrité territoriale de l’Ukraine, allant jusqu’à tenter de jouer les médiateurs entre elle et la Russie, lorsque, le samedi, l’ancien Premier ministre Naftali Bennett s’est rendu à Moscou pour rencontrer Poutine. Israël a soutenu l’Ukraine tout au long du conflit et l’a même aidée, principalement en fournissant du matériel de protection (casques, gilets pare-balles et masques de protection). Par ailleurs, Israël a transmis à l’Ukraine le système d’alerte « Couleur Rouge », et les deux pays ont également échangé des renseignements sur l’aide iranienne à la Russie, notamment concernant la fourniture de drones d’attaque.
Parallèlement, l’Ukraine espérait, au cours des trois années de guerre, qu’Israël intensifierait son soutien en lui fournissant également des armes offensives. Cependant, Israël s’est abstenu par crainte de provoquer la colère de la Russie, ce qui a profondément déçu les Ukrainiens. Des rapports récents ont laissé entendre qu’Israël avait transféré à l’Ukraine des systèmes de défense de type « Patriot », mais il s’est avéré qu’il ne s’agissait pas d’une aide directe, ces systèmes ayant été remis aux États-Unis, qui les ont eux-mêmes transmis à l’Ukraine. L’opinion publique ukrainienne a soutenu Israël après le massacre du 7 octobre, et, de manière générale, le pays a ressenti une solidarité profonde avec Israël.
Le président de la commission sur l’immigration, l’absorption et la diaspora, le député Gilad Kariv, a vivement critiqué le vote israélien, déclarant que « la position d’Israël contre l’Ukraine est un signe de déshonneur tant sur le plan des valeurs que sur celui de la morale. Le jour où le monde commémore le troisième anniversaire de l’attaque russe contre l’Ukraine, l’État d’Israël choisit de voter contre le côté attaqué. Il s’agit d’un échec moral et de l’adoption d’une position qui, en fin de compte, pourrait nuire à l’État d’Israël. Le monde libre doit se tenir aux côtés de l’Ukraine et ne pas récompenser, par des distinctions, un État agresseur, de manière à défendre les valeurs fondamentales de souveraineté et de démocratie. »