Le débat de savoir si le peuple polonais ne fut qu’une victime de l’Allemagne nazie ou s’il a largement collaboré à l’extermination des Juifs vient de recevoir un nouvel éclairage qui ôte toute équivoque : s’il y eut de nombreux justes parmi la population polonais, l’antisémitisme profondément ancré dans la population s’est exprimé dans toute sa “splendeur” durant la Shoah, et même après, puisque le pogrom de Kielce qui eut lieu en juillet 1946 dans cette ville polonaise lors duquel plus de quarante Juifs furent sauvagement assassinés et un même nombre de blessés par des habitants.
La crise diplomatique qui a éclaté il y a quelques jours entre Israël et la Pologne sur fond de loi visant à minimiser le rôle de ce pays durant la Shoah a libéré la parole chez de nombreux citoyens. C’est ainsi que Marcin Wolski, directeur de la chaîne de télévision TVP2, a émis des propos particulièrement odieux à propos de la polémique “camps de concentration allemands/ camps de concentration polonais”: “En fait, il faudrait appeler ces camps ‘camps de concentration juifs’ puisque en fin de compte, qui faisait fonctionner les fours crématoires? C’est les Juifs!”
Un commentateur de droite, Rafal Ziemkiewicz, qui était avec lui a totalement acquiescé à ses propos et a accusé Israël de “confondre les méfaits de quelques individus avec l’attitude d’une nation entière”. Les rescapés juifs polonais de la Shoah apprécieront. Mais le pire restait à venir: “Ne vous étonnez pas ensuite si des gens enseignent que les Juifs ont crucifié Jésus ou ont participé à la Shoah, Si l’on regarde bien le pourcentage des populations européennes qui ont collaboré avec les nazis, il se peut fort bien que des Juifs aient également pris part à l’extermination de leur peuple”.
Ce qui est particulièrement grave et symptomatique dans ces propos, que partagent de nombreux Polonais, ce n’est pas seulement leur aspect nauséabond et révoltant. C’est qu’il s’agit d’un discours de fin de page, tenu alors que vivent encore des survivants de l’horreur. Il prépare l’avenir et indique de quoi sera peut-être faite la page suivante, lorsque le dernier aura disparu et que les années avanceront. Les adeptes de la banalisation, de la fuite des responsabilités, de l’inversion des faits, de la minimisation ou de la négation voudront sans doute tenir la plume pour y écrire l’Histoire pour les générations futures.
La Pologne ne s’est de loin pas encore débarrassée de ses démons antisémites.
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Source www.lphinfo.com