par Michèle MAZEL
On parle beaucoup du stratagème utilisé par Tsahal lors du récent affrontement à la frontière israélo-libanaise. Stratagème qui a atteint son but : faire croire au Hezbollah que les pertes infligées à Israël constituaient des représailles appropriées pour un incident intervenu en Syrie. L’affrontement s’est alors achevé sans pertes d’un côté ni de l’autre. Toutefois Nasrallah s’est empressé de préciser que d’autres représailles n’allaient pas tarder, cette fois pour un incident survenu à Beyrouth et dont il rend Israël responsable.
Ce qui appelle quelques observations. La première est qu’il n’existe pas de contentieux territorial entre l’État Hébreu et son voisin libanais. La frontière qui les sépare est internationalement reconnue – enfin sauf par le Hezbollah, mouvement officiellement qualifié d’organisation terroriste par les Etats-Unis, le Canada, l’Australie, l’Arabie saoudite, les Emirats, la Ligue Arabe, l’Argentine, et le Paraguay. Au sein de l’Union européenne, seuls les Pays-Bas et l’Angleterre ont fait de même malgré les nombreux attentats perpétrés par le mouvement en Europe. Pour la France, seule la branche armée est qualifiée de terroriste.
Le Hezbollah a été créé par l’Iran pour servir de fer de lance dans ses efforts pour transformer le Moyen-Orient en croissant chiite sous sa férule. Sa mission première est de détruire Israël comme le répètent ses dirigeants en toute occasion, se faisant l’écho des déclarations enflammées des Ayatollahs.
Revenons-en maintenant au premier des incidents que Nasrallah souhaitait venger. Des frappes israéliennes ont pulvérisé des dizaines de drones bourrés d’explosifs entreposés dans une jolie villa avec piscine non loin de Damas. Ces drones venus de Téhéran étaient censés atteindre des villes et des villages israéliens. Les dites frappes ont aussi tué deux militants du Hezbollah entraînés en Iran au maniement des drones, sans doute présents dans la villa pour profiter de la piscine qui s’y trouvait. C’est leur mort qui a été «vengée» dans l’affrontement. Vous suivez le raisonnement ? Le Hezbollah s’apprêtait à commettre un attentat de grande envergure, qui n’aurait pas manqué de faire des dizaines de victimes. Les excellents services de renseignement israéliens ayant découvert ce si sympathique projet, des frappes ciblées l’ont réduit à néant. Et c’est le Hezbollah qui a l’audace de crier vengeance ?
Le second incident a vu deux drones non identifiés toucher le quartier de la Dhahia, quartier général du Hezbollah au cœur de Beyrouth. Personne n’en a revendiqué la responsabilité. Selon le New York Times, un quotidien d’ordinaire guère tendre vis-à-vis d’Israël, l’objectif de cette opération, qui aurait été atteint, était de détruire des équipements récemment arrivés d’Iran après avoir transité par la Syrie. Ces équipements auraient permis de fabriquer des missiles de haute précision capables de frapper les installations vitales d’Israël. Bien qu’il n’y ait pas eu de victimes, le Hezbollah prépare des représailles. Vous suivez toujours le raisonnement ? L’organisation terroriste veut des missiles de précision pour frapper son voisin. Le voisin, suivant des sources étrangères, réussit à neutraliser – provisoirement sans doute – cette menace, et c’est le Hezbollah qui parle de représailles ?
Le monde à l’envers ? Sans doute pas puisque les médias internationaux semblent trouver cela tout naturel. On remarquera tout de même avec une petite, une toute petite pointe d’étonnement, le coup de téléphone du président français au président Rouhani au plus fort de l’échauffourée de la semaine dernière. Pour lui demander d’avoir la gentillesse de prier son obligé Nasrallah de modérer ses ardeurs ?