Si le Maroc et Israël n’entretiennent pas de relations diplomatiques «officielles», une grande partie de la diaspora juive marocaine réside dans l’Etat hébreu et représente un intérêt stratégique et touristique important pour le Royaume. Chaque année, plus de 50.000 Israéliens, en moyenne, visitent le Maroc.
Deuxième contributeur au PIB national et important créateur d’emploi, le tourisme au Maroc détient une place importante en tant que source génératrice de devises du Royaume à côté des transferts des Marocains résidents à l’étranger.
En effet, les recettes générées par les non-résidents ayant séjourné au Maroc se sont situées en 2018 (hors transport international) à près de 73,2 milliards de dirhams. Ces recettes en devises représentent près de 18% des exportations des biens et services en 2018.
Cette année-là, a vu tous les indicateurs au vert. En effet, le nombre d’arrivées de touristes non-résidents a atteint 12,3 millions de touristes soit une progression de 8% par rapport à 2017, selon les chiffres fournis par l’Office des changes.
Parmi ces touristes non-résidents, plus de 50.000 Israéliens, en moyenne, visitent, chaque année le Maroc, d’après The Economist. Et pour cause. Le Royaume, qui regorge de sites touristiques attrayants à voir, est imprégné de patrimoine et de culture juifs. Le pays a une histoire remarquable de la vie juive qui le distingue des autres nations musulmanes.
De plus, la Constitution de 2011 consacre la particularité hébraïque du Maroc comme l’un des affluents séculaires de son identité nationale. Avec cette Constitution, l’identité hébraïque est devenue une composante à part entière de l’identité marocaine, au même titre que les identités berbères ou hassanies.
Chaque année, le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) organisent à Marrakech sa plus grande rencontre marocains juifs, en partenariat avec le Conseil des communautés israélites du Maroc (CCIM).
La campagne offre d’autres sites de pèlerinage juifs fascinants
Aussi, plusieurs milliers de Juifs marocains, venus du monde entier, se retrouvent chaque année à Ouezzane, Meknès, Ben Ahmed, Safi, ou Essaouira, autour de tombeaux de saints ou pour se recueillir sur les tombes de leurs ancêtres, parfois jusqu’aux coins les plus reculés du Royaume, à l’occasion de «Hiloula».
En effet, la campagne offre d’autres sites de pèlerinage juifs fascinants, fréquentés notamment par des Juifs israéliens et marocains vivant à l’étranger. Ils viennent visiter les zaouias sacrées des célèbres anciens rabbins (saints), autrefois honorés par leurs communautés locales.
A Marrakech, les Israéliens préfèrent visiter la synagogue El-Azama (synagogue dite « des expulsés ») dans le quartier juif marocain (Mellah). Chaque Mellah se compose d’une architecture et de monuments juifs historiques. Le Mellah abrite des synagogues et des cimetières entourés de marchés locaux et de la vie urbaine.
Situé dans la ville ayant jadis abrité la plus grande communauté juive du Maroc, le Mellah de la ville ocre abrite également un grand cimetière juif, situé à proximité de la synagogue.
Fondée par des expulsés d’Espagne en 1492, cette synagogue est située en plein cœur d’un Mellah. Ces milliers de Juifs ont laissé derrière eux un patrimoine matériel important au Maroc, notamment des synagogues, des cimetières et des nécropoles.
Depuis mai 2010, une dizaine de synagogues ont été réhabilitées dans les villes et les campagnes et 175 cimetières ont été restaurés sur les 250 qui ont été inventoriés au Maroc. Une deuxième phase de valorisation de ces sites historiques du judaïsme marocain a été lancée en 2018 et comporte la rénovation de trois synagogues, ainsi que la création de quatre musées du judaïsme, à Tanger, Marrakech, Fès, et El Jadida.
Le musée de la culture juive au Maroc
L’année 2018 a été marquée par le lancement par le roi Mohammed VI, du chantier de construction d’un musée de la culture juive au Maroc. Selon Serge Berdugo, secrétaire général du Conseil des Communautés Israélites du Maroc (CCIM), cette initiative est d’une portée symbolique «absolument extraordinaire».
Et d’ajouter que la création de «ce lieu de mémoire, dans une ville berceau de la civilisation marocaine, où l’empreinte du judaïsme marocain a été des plus marquantes, montre le dessein du souverain de voir que tous les courants qui ont irrigué la civilisation marocaine soient présents».
A travers ce musée, le Maroc montrera la coexistence pacifique entre juifs et musulmans, la vie de la communauté israélite durant des siècles et montrera la voie pour une «véritable tolérance sans aucune ambiguïté», comme l’a souligné le Souverain, pour les générations futures.
Le patrimoine immatériel est tout aussi important à sauvegarder, notamment la langue de l’hébreu aujourd’hui enseignée dans toutes les facultés de lettres et sciences du Maroc, selon Omar Halli, président de l’université Ibn Zohr d’Agadir, cité par un journal de la place.
Le festival des Andalousies atlantiques
Cependant, c’est la ville de Ouazzane qui accueille les festivités du pèlerinage au mausolée de rabbi Amran Ben Diouane. Un événement religieux qui s’inscrit dans le cadre des festivités de la Hiloula, organisé en collaboration avec l’Association des amis du musée du judaïsme marocain, qui œuvre à la diffusion, l’information et la valorisation du patrimoine juif marocain.
De sources concordantes indiquent que le gouvernement marocain finance même cette association afin de permettre à des descendants de Juifs marocains de visiter le Maroc, dans le but de leur faire découvrir non seulement le patrimoine juif marocain, mais surtout de faire la rencontre du Maroc moderne (officiels, étudiants, universitaires, etc.).
Essaouira, ville natale d’André Azoulay, conseiller du roi, est devenue célèbre pour son festival des Andalousies atlantiques, moment unique de partage et de convivialité où les scènes sont réservées à des artistes de confessions juive et musulmane.
Depuis 2003, ce festival, ponctué de concerts et de colloques sur l’héritage commun judéo-musulman au Maroc, rassemble des centaines de Juifs et de musulmans à Essaouira le temps d’un week-end de musique et de rencontres.
A Casablanca, plus de 3.000 Juifs vivent à l’extérieur du Mellah dans la ville européenne, où ils vénèrent dans plus de 30 synagogues. La ville blanche est surtout connue pour avoir abrité le musée du judaïsme marocain créé en 1997 demeure le seul consacré à la culture hébraïque dans le monde musulman. Ce lieu à haute portée symbolique offre à ses visiteurs divers objets quotidiens et liturgiques et présente une salle réservée à des œuvres contemporaines.
Source fr.hespress.com