Préface au livre d’A.-M. Waters sur l’islam et la démocratie occidentale
par Daniel Pipes
Beyond Terror: Islam’s Slow Erosion of Western Democracy (Après la terreur : la lente érosion par l’islam de la démocratie occidentale), Anne-Marie Waters
Printemps 2018
À l’heure actuelle, tous les pays européens confrontés de façon aiguë au problème de l’islamisme voient au sein de leur parlement la présence d’un parti politique focalisé sur cette problématique. Tous les pays sauf un : le Royaume-Uni. L’absence de ce que j’appelle un parti civilisationniste (son objectif étant de sauver la civilisation occidentale) est lourde de conséquences. En effet, elle ne permet pas aux Britanniques de mettre en place une législation destinée à lutter contre la menace islamiste et elle empêche d’exercer sur les partis existants une pression qui les inciterait à s’intéresser au problème. C’est pourquoi de tous les pays occidentaux, c’est le « Londonistan » qui présente la pire perspective.
Auteur du livre que vous avez entre les mains ou sur votre écran, Anne-Marie Waters est l’une des rares personnes aptes à combler ce vide. Comme le montre amplement son ouvrage Beyond Terror: Islam’s Slow Erosion of Western Democracy (Après la terreur : la lente érosion par l’islam de la démocratie occidentale), Waters possède tous les atouts – une vie, des aptitudes, des connaissances et une volonté – pour fonder un parti civilisationniste. À la fin de 2017, elle a d’ailleurs lancé le processus en créant For Britain, un parti « pour la majorité oubliée ».
Dans cette optique, Beyond Terror remplit un triple objectif. L’ouvrage permet en effet à Waters de se faire connaître auprès du grand public, de mettre en lumière le problème civilisationnel et d’exposer son programme politique.
Dans sa présentation, elle met l’accent sur le désamour qui existe désormais entre elle et la gauche et montre combien son attitude critique vis-à-vis de l’islamisme l’a rendue indésirable au sein de son ancienne famille politique. En tant que personne issue de la gauche, Waters a un point de vue que je trouve éclairant surtout sur la manière dont le discours pro-islamiste est devenu partie intégrante du programme et de la conception du monde de la Gauche. À tel point, explique Waters, que « la gauche politique moderne se détourne des camarades qui n’ont plus les faveurs de l’islam. » Bizarrement, quand on s’oppose à « un extrémisme religieux de droite qui pratique ouvertement la discrimination, cautionne l’usage de la violence contre les femmes, exécute les homosexuels et punit les dissidents par l’épée », on peut s’attirer gros ennuis.
Si une telle situation a pu arriver, c’est uniquement parce que « la gauche moderne a adopté de nouvelles priorités. À présent les droits des classes laborieuses et la protection des minorités vulnérables ne l’intéressent plus. Composée d’une classe moyenne de niveau universitaire, la nouvelle gauche est un monstre idéologique. » En d’autres termes, l’économie est reléguée au second plan et a fait place à la question identitaire. Désormais, les travailleurs doivent s’effacer au profit des universitaires. Au revoir Marx et bonjour Gramsci.
Les quotidiens The Economist et The Times of London recourent l’un et l’autre au terme « extrême droite » pour qualifier respectivement Waters et For Britain, ce qui est en flagrante contradiction avec la réalité. Waters est issue d’un milieu exclusivement de gauche. Membre du parti travailliste pendant environ dix ans, elle a commencé à militer politiquement à l’occasion du maintien de l’optique socialiste du National Health Service (Service national de santé). Elle a été à la fois représentante syndicale et membre de la direction de la National Secular Society (association militant pour une société laïque, NdT). Elle se qualifie elle-même de féministe de la deuxième vague et d’inconditionnelle quasi-absolue de la liberté d’expression.
Dans le sillage de sa rupture avec la gauche, ses idées ont en partie glissé vers le centre. Ainsi, elle croit en la liberté individuelle et en l’intervention limitée de l’État ; elle défend le principe de la responsabilité du gouvernement, une immigration faible et l’idée d’une civilisation occidentale d’inspiration chrétienne et laïque. Favorable au marché libre, elle préconise également un secteur public fort. Nationaliste, elle s’oppose à l’immigration de masse. Compte tenu de ce portrait, le parti For Britain n’est ni de gauche ni de droite et encore moins d’extrême droite mais représente ce que j’appelle « la majorité décente ».
Waters est avare en détails sur les heurs et malheurs qu’elle a rencontrés lors de la création de son parti (ne vous êtes-vous pas demandé pourquoi ce livre très britannique a été publié dans le Midwest américain ?). Elle en dit aussi très peu sur ses plans pour l’avenir. J’ai hâte d’en savoir plus de sa part sur ces différents points.
La deuxième partie de son livre passe en revue les atrocités commises par le fléau islamiste dans douze pays occidentaux (avec une attention spéciale pour le Royaume-Uni et les États-Unis) ainsi que, de façon plus sommaire, dans plusieurs pays à majorité musulmane. Elle détaille les ravages perpétrés par la machine islamo-gauchiste notamment sur le plan de la liberté d’expression, de l’homosexualité et de l’enseignement.
Anne-Marie Waters prenant la parole sous le logo de For Britain. |
Dans la dernière partie de son livre, Waters livre ses prescriptions. Elle commence par observer que, quand il est question d’immigration et d’islamisation – les deux thématiques vont de pair – les quatre partis qui dominent la Chambre des Communes, la chambre basse du parlement britannique, « sont tout à fait indissociables » puisqu’ils sont tous d’accord sur un « assainissement volontaire de l’islam ». Elle voit dans cette connivence le signe de l’arrogance d’une élite qui considère ses électeurs comme « complètement stupides ».
Heureusement, si la liberté d’expression « s’est considérablement affaiblie parmi nos dirigeants, elle continue d’exister sous une certaine forme parmi les personnes ordinaires. » C’est pourquoi Waters s’adresse à ces personnes ordinaires pour leur dire, en paraphrasant George Orwell, que « l’espoir réside chez les prolétaires » et qu’une montée du populisme est nécessaire, maintenant : « La seule façon de vaincre l’islamisme et même de l’affronter, c’est par le pouvoir du peuple. Nous devons utiliser notre vote et notre droit d’exercer des fonctions politiques afin de déloger de leurs sièges les parlementaires complaisants. »
Le programme qu’elle définit comporte cinq points :
L’école islamique Jameah Islameah, dans le Kent, a fermé ses portes à la suite d’une opération policière antiterroriste. |
1. Rétablir la responsabilité du gouvernement en ramenant le pouvoir des institutions internationales (l’Union européenne) vers l’État-nation.2. Donner aux enfants un enseignement positif sur leur pays.
3. Appliquer la même loi à tout le monde, ce qui implique de mettre fin aux « pratiques islamiques nuisibles ».
4. Contrôler l’immigration et refouler les immigrés criminels.
5. Exercer une surveillance étroite des institutions islamiques par rapport aux signes d’islamisme.
Il s’agit là de mesures politiques indéniablement judicieuses. J’ajouterais toutefois à cette liste un sixième point : « Marginaliser l’islamisme et aider à renforcer l’islam modéré. »
Waters n’inclut évidemment pas une telle recommandation dans son programme étant donné qu’elle écrit : « Je ne crois pas que l’islam et l’islamisme soient distincts. L’islamisme n’est que l’application politique pure et simple de la doctrine de l’islam. » Pour ma part, je pense au contraire que les deux sont distincts : l’islam est une croyance à part entière dont l’islamisme est une interprétation (extrémiste). Pour Waters, l’islamisme constitue la seule forme véritable de l’islam. Pour moi, il s’agit simplement d’une manière d’appliquer l’islam parmi d’autres car il existe des interprétations plus modérées et tout aussi valides.
Cette question est d’une grande importance : Waters ne croit pas en l’islam modéré alors que moi, j’y crois. Elle n’a aucun espoir en un quelconque changement dans l’islam alors que pour ma part, je pense que l’islam radical est le problème et l’islam modéré, la solution. Mon point de vue présente, entre autres avantages, d’envisager une coopération avec les musulmans anti-islamistes, une idée dont, je l’espère, For Britain fera une priorité.
Malgré notre désaccord sur la nature de l’ennemi, Anne-Marie Waters et moi nous trouvons dans le même camp à combattre les mêmes opposants. C’est pourquoi j’ai l’espoir non seulement que le présent manifeste contribuera à créer ce parti civilisationniste dont le Royaume-Uni a besoin de toute urgence mais aussi que For Britain fera bientôt son entrée au parlement britannique pour ainsi contribuer à façonner l’avenir du pays.