Petite définition de l’éducation

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 Autour de la table de Chabbat n° 330, A’HARE MOTH

(Note : mon Dvar Tora de cette semaine se rapporte à la paracha A’haré qui est lue en dehors d’Israël)

La fête de Pessa’h est à peine passée que j’ai pensé vous faire partager un enseignement de nos maîtres au sujet de l’éducation juive. En effet, les jours de Pessa’h et en particulier la nuit (ou les nuits) du Séder ont été l’occasion d’entretenir avec nos enfants un dialogue sur les enseignements véhiculés par la Sortie d’Egypte. Ce n’est pas fortuit que les Sages de mémoire bénie ont institué le « Ma Nichtana » que les petites têtes blondes/brunes chantent à tue-tête lors du Séder ! Car Pessa’h est avant tout la fête de la transmission des valeurs du judaïsme à la nouvelle génération. Donc, si tout le long du Séder on a parlé EDUCATION il serait intéressant de connaitre le point de vue d’un grand de la Tora : rav Moché Feinstein zatsal. Il écrit dans une responsa (Yoré Déa 3/76) envoyée il y a 50 ans  ces mots (traduction libre) : « Pour ce qui est de la réussite dans l’éducation et comment se comporter avec nos enfants, il n’y a pas de principe ! Tout dépend de la nature de l’enfant qu’Hachem nous a octroyé. Seulement généralement il faut aller de la manière douce et exceptionnellement durement. De cette manière les enfants comprendront plus tard que c’était pour leur bien car ils comprendront que c’était aussi la volonté d’Hachem.  (…) Le principe général dans l’éducation c’est d’éduquer son fils (fille) dans la foi en Hachem et de Sa Tora. De lui faire comprendre que tout ce que les parents lui donnent est un cadeau du Ciel. De cette manière il acquerra l’amour d’Hachem car il comprendra que ses parents sont des envoyés du Ciel qui lui ont été octroyés. A ce moment l’enfant acquerra l’amour (pour ses parents) et acceptera leurs demandes. Il n’aura pas besoin de punitions car il comprendra que c’est pour son bien (…). Pour la bonne réussite de l’entreprise il faudra veiller à ce que le que père et la mère soient sur la même longueur d’onde et aussi beaucoup prier pour la réussite des enfants. Parler Emouna (foi) avec ses enfants commence très tôt dès que l’enfant a la conscience de ses parents et même avant qu’il ne sache parler ! » Fin de la lettre du rav Feinstein zatsal.

De ces paroles très innovantes on apprendra que de faire savoir à son jeune fils/fille que toutes les bontés qu’on lui prodigue proviennent du Ribono chel ‘Olam -c’est lui le vecteur de tout le bien sur terre. De cette manière, l’enfant apprendra qu’il existe un partenariat entre ses parents et le Créateur ! C’est-à-dire qu’il comprendra que les choses fondamentales de son existence sont liées avec Hachem et Sa Tora et que ses parents font AUSSI parti du plan divin.

Pourquoi le bouc est envoyé à « ‘Azazel »?

Cette semaine notre paracha traite du jour saint de Yom Kippour.  Une des Mitsvoth particulière de ce jour c’est le tirage au sort entre deux boucs : l’un comme sacrifice ‘Hattath et l’autre envoyé à ‘Azazel. Rachi explique que le second bouc sera envoyé loin dans le désert de Judée et sera jeté du haut d’un pic pour finir fracassé dans sa chute vertigineuse. Le Rambam explique que ce bouc émissaire servait à expier TOUTES les fautes du Clall Israel ! Et il existait un signe selon lequel la Techouva du peuple juif était acceptée par le Créateur. En effet une languette rouge était attachée au cou de l’animal et lorsque le bouc était propulsé dans le vide elle se transformait en blanc éclatant ! Sur la signification de cette étrange Mitsva, le Ramban dit qu’il s’agit d’un bakchich que le Clall Israël offre à ‘Essav et aux forces du mal afin qu’elles ne viennent pas perturber notre service ce saint jour.

Le rav Pinkous zatsal nous éclaire d’une manière différente sur la teneur de ce bouc émissaire. Il explique que dans ce monde il existe deux grandes forces, celle de la sainteté et celle du mal. La sainteté on la connait, c’est la Tora, les Mitsvoth et le Bien en général. Le mal : il y en a un paquet ! Aussi étonnant que cela puisse paraitre, la Tora, dans le Midrach sur les premiers jours de la Création, définit le Yétser hara’ – le mauvais penchant et toutes ces mauvaises forces par: TOV MEOD/ TRES BON ! Etonnant non ?

Le rav Pinkous donne l’explication que s’il n’y avait que du bon penchant sur terre, il n’y aurait aucun mérite à pratiquer la Tora. Cela coulerait de source, après la journée exténuante de travail, d’aller au Beth Hamidrach et d’étudier jusqu’à l’aurore !  De faire de grandes glissades sur des réseaux sociaux très intéréssants… « ‘has ve-Chalom!! » cela ne viendrait même pas à l’idée !

C’est pourquoi Hachem nous a gratifié d’un très GRAND mauvais penchant pour nous donner BEAUCOUP de MERITES (dans le cas où on le surpasse) ! Continue le rav et explique qu’il existe deux sortes de service divin sur terre. Le premier c’est celui de la pratique des Mitsvoth, le deuxième c’est de s’éloigner de tout mal et de le détruire. Par exemple quand un homme se renforce dans la pratique de la Tora, s’il est vraiment sincère, il s’interdira telle ou telle conduite bien que jusqu’à présent cela ne lui posait aucun problème de conscience. C’est cela éloigner le mal qui est en nous !

Ces deux cheminements sont précisément à l’image des deux boucs. Le premier qui est offert en sacrifice au Temple de Jérusalem marque le service POSITIF dans la Avodath Hachem. Le second bouc qui est jeté du haut de la falaise représente toutes ces forces du mal que nous devons évacuer de nous-même ! Formidables paroles.

Sipour

Cette semaine je vous gratifierais d’une véritable histoire que j’ai découverte durant les jours de Pessa’h. Elle nous replongera dans un passé pas si révolu que cela… De plus mes lecteurs le savent,  la « Table du Chabbat » fait un travail sur la période de la Shoa afin de vous faire connaitre que même durant ces jours terribles, la Emouna dans la Tora et en D’ ont été le lot de beaucoup de nos malheureux frères (et qu’on ne dise pas le peuple s’est laissé abattre comme des moutons… car la meilleure résistance face à l’immondice nazi était la pratique la Tora dans ces années de grande obscurité).

Ce récit autentique est rapportée au sujet d’un rav : l’Admour de Orlosorov. Il  est passé par les affres des camps de concentration, celui de Bergen Belsen (situé d’ailleurs en Allemagne de l’Europe éclairée…). C’était en avril de l’année 1944. L’Admour savait que la fête de Pessa’h arrivait, et voulait -coûte que coûte- manger de la Matsa avec quarante autre détenus… Il prit donc sur lui une initiative incroyable est dangereuse : demander au responsable SS du camp de faire avec 40 autres prisonniers des Matsoth pour la fête à venir… En échange, les détenus étaient prêts à ne pas recevoir leur pain durant la semaine à venir.  Et si vous ne le savez pas, une demande de ce genre était en-soi très dangereuse… Les SS pouvaient tuer tout Juif qui était pris en flagrant délit de faire une quelconque Mitsva… Cependant le chef scrupuleux du camp enverra une missive jusqu’à Berlin pour demander à ses supérieurs la marche à suivre. La demande sera suivie d’un courrier extraordinaire : les mécréants de Berlin permettaient de faire la Matsa à ce groupe de détenus dans le camps de Bergen Belsen ! C’était de l’ordre du miracle. Après le travail harassant de la journée (et moins leur ration alimentaire…), les détenus se sont retrouvés  dans un hangar et ils ont commencé à faire les Matsoth… L’atmosphère était remplie de peur mais aussi d’espoir dans ces jours noirs. Seulement le monstre nazi ne laissa pas faire la Mitsva… Quelques temps après, alors que le groupe était au travail, le chef nazi fera irruption dans la pièce avec un groupe d’acolytes (certainement qu’il y avait pas mal d’ukrainiens…) et cassera toutes les tables de travail ainsi que le four à Matsoth ! Ils donneront des coups hystériques sur les 40 Juifs et tout particulièrement au rav (soit dit en passant, les nazis on pourchassé durant ces années d’une manière toute spécifique les Rabanim de la communauté). Il en fallait de peu pour qu’il ne meure sous les coups… Le chef nazi hurlait à tue-tête : « Sales Juifs… Je vous ai donné ce privilège de faire ces Matsoth et vous profitez de ma permission, pour dévoiler aux anglais et américains les conditions de votre détention… ». En fait, durant cette même période  une lettre écrite, par des internés dans laquelle ils décrivaient leurs terribles souffrances, destinée au réseau de résistance en dehors du camp, avait été interceptée par les allemands. (Or, le monde libre n’a rien fait pour les sauver… Ni les américains et les anglais n’ont une seule fois bombardé les réseaux de chemins de fer allemand en direction des camps, ni même les fours crématoires qui étaient en marche depuis 41…). Le responsable nazi roua de coups l »Admour, mais juste avant de perdre connaissance, le rav prendra dans sa poche un petit bout de Matsa qui était resté au sol… Le rav sera ramené dans son baraquement et par miracle restera en vie… Quelques jours passèrent et le soir du Séder arriva. Tous les détenus se retrouvèrent dans la baraque de l’Admour pour écouter la Haggada. Le rav récita la Hagada par cœur, il n’y avait pas de livres, et tous les captifs écoutèrent avec beaucoup d’attention. Arriva le moment de « Motsi Matsa » (manger le kazait de Matsa). Le rav sorti de sa poche le petit morceau de Matsa qu’il avait sauvé de l’hystérie des nazis (ndlr : c’était moins qu’un kazait (près de 30 gr) donc la Mitsva n’était pas entière). Le rav demanda aux détenus « qui mangera la Matsa ? ». Les prisonniers diront tous : « Que le rav, en mange… ». Seulement, dans la salle une veuve ajoutera : « J’ai mon jeune fils à mes côtés. C’est la nouvelle génération : il doit manger cette Matsa pour témoigner aux  générations futurs qu’on fête Pessa’h…« . Les paroles de cette femme seront acceptées et c’est donc son tout jeune fils (qui avait 9 ans) qui en mangera. Les mois s’écoulèrent et en 1945 le camp sera libéré par les alliés… L’Admor survivra à tous ces affres de la guerre. Alors que les survivants étaient réunis dans un camp sanitaire tenu par les Américains, la veuve ira voir l’Admour (qui était âgé de 55 ans) en lui soumettant son intention de se remarier et de fonder une famille (accompagné de son fils survivant). Elle demanda au rav s’il ne connaissait pas un parti pour elle. L’Admour dira : « Je connais un dénommé Israel Chapira qui pourra faire l’affaire »… La femme ne connaissait pas l’identité de ce Chapira, mais puisque l’Admour lui proposait de le rencontrer, elle accepta. La présentation s’effectua. Et finalement l’alliance des fiançailles et du mariage fut contracté. Le certains « Chapira » dont on parle n’était autre que l’Admour de Orloszorov en personne… Car le rav (qui avait perdu dans la tourmente femme et enfants) avait dit à la communauté : « Si cette femme avait une telle manière de penser : qu’au plus fort de la tourmente elle désirait que le message du judaïsme passe à la génération suivante,  elle était apte à se marier avec le rav… ».

Fin de cette histoire magnifique qui nous apprend qu’il existe dans le Clall Israël des hommes et femmes qui malgré toutes les grandes vicissitudes et tourments ont su garder le cap et garder en tête l’essentiel du judaïsme : un message d’espoir et de liberté spirituelle.

Coin Halakha : Les jours de Pessa’h sont derrière nous, cependant il reste que tout ‘Hamets (gâteaux, biscottes, bière etc.) qui ont appartenu à un homme de la communauté durant les jours de Pessa’h et qui n’aurait pas été vendu à un goy (par l’intermédiaire du rav)  est interdit à la consommation et à sa vente. On devra donc vérifier avant d’acheter dans une épicerie (ou dans un restaurant) appartenant à un homme de la communauté s’il a bien effectué la vente de son ‘Hamets durant la fête de Pessa’h (autre exemple, on devra vérifier que le duty free de Lod n’a pas laissé sur son comptoir du Whisky durant la sainte fête de Pessa’h. Si c’était le cas, on ne pourra pas en acheter même longtemps après). Idem pour le ‘Hamets qui nous appartient. Si on n’a pas fait une bonne vérification de sa maison et qu’après les jours de fête on trouve un gâteau (dans le cas où on n’a pas fait sa la vente), il sera interdit à la consommation (même si on fait l’annulation –Bitoul-).

Shabbat Chalom et à la semaine prochaine si D’ le veut !*

David Gold

Une bénédiction au rav Israel Shwarzer Chlita (mon gendre) et à son épouse à l’occasion de la naissance de leur fils (mon petit-fils). Qu’ils aient le grand mérite de l’éduquer dans la Tora et la Crainte du Ciel dans la santé et le bonheur

Une bera’ha, bénédiction à tous les Ba’houré Yechivoth et Avré’him qui reviennent sur les bancs de l’étude de la sainte Tora.  

Une bera’ha de réussite dans l’Alya de Liora Bat Frima et un bon Zivoug

Une bénédiction à toute la famille Lelti ainsi qu’à toute leur descendance bénie du Ciel         

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