De nombreux saints juifs sont enterrés dans la région de Taroudant. Près de la ville, on peut notamment la tombe de rabbi David Ben Baroukh, de son nom complet «Rabbi David Ben Baroukh Cohen Azogh». La date de sa naissance tout comme les origines de sa famille restent méconnues à l’instar de la plupart des saints au Maroc. Mais plusieurs versions de l’histoire lient sa famille, tantôt à Jérusalem, tantôt à Taroudant ou encore Tiznit.
Ainsi, selon le livre «Le David Baroukh» de rabbi Chim’on Bensoussan, cité par le site dédié à rabbi David Ben Baroukh, une version affirme que ces ancêtres seraient enterrés en Irak et plus précisément à Babel. Toute sa famille aurait «migré vers l’Egypte, ensuite vers le Soudan, pour atterrir dans les montagnes de l’Atlas au Maroc», raconte-t-on.
Mais une deuxième version ramène leur origine du village d’Oufran (près de Tiznit) qu’il aurait quitté, jeune, pour s’installer à Mentaga (à quelques 70 km au Nord de Taroudant) alors qu’une troisième et une quatrième avancent qu’il serait respectivement originaire de Taroudant ou de Jérusalem. «Sa présence au Maroc serait le fait qu’il était venu ramasser de l’argent pour des Yechivoth », rapporte-t-on.
Mais une chose est sûre : David Ben Baroukh s’installe d’abord à Mentaga avant de quitter ce village vers Aghzo N’Bahamou, à environ 40 km au sud de Taroudant où il restera jusqu’à la fin de ses jours.
Un saint juif au front marqué
La légende raconte que, petit, le saint juif serait né avec une marque sur le front. Son père aurait donné l’ordre de ne jamais laisser sortir son fils de la maison, « à moins de lui couvrir le front jusqu’aux yeux ». Il aurait aussi prédit que quiconque regarde la marque sur le front de l’enfant risquerait devenir aveugle. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la famille optera pour des petits villages isolés.
Le mausolée de Rabbi David Ben Baroukh / Ph. DR
Pour expliquer l’une des raisons du déplacement de la famille de Mentaga à Aghzo N’Bahamou, le site dédié à David Ben Baroukh revient sur une anecdote.
« Enfant, il jouait avec d’autres enfants dont l’un d’eux était le fils du Cheikh de la ville. Ce dernier, dans une joute d’enfants, jeta une pierre sur rabbi David Ben Baroukh qui blessé et énervé par ce geste, n’eut de riposte que d’enlever le foulard qui lui couvrait le front et exposa ainsi l’inscription aux yeux du jeune fils du Cheikh. La réaction fut immédiate et soudaine, le jeune homme perdit la vue et resta aveugle.»
Le cheikh finira par demander à la famille de quitter le village, lui proposant même de couvrir les frais de ce déplacement. Et c’est grâce à cela que David Ben Baroukh devient une référence juive à son époque. Devenant un homme, il se marie avec la sœur de rabbi Khalifa Ben Malka, le saint du vieux cimetière à Agadir.
La tombe de David Ben Baroukh / Ph. DR
Un vendeur «légendaire» de pains de cire à base de miel
De son vivant, le saint de Taroudant vivait d’une activité commerciale qui consistait à vendre des pains de cire, à base de miel, aux fabricants de bougies. «Un jour, il amena avec lui ces fameux pains de cire, afin de les vendre, mais malheureusement, la vente ne se fit pas. Il eut un moment de colère et s’exclama : ‘’S’il en est ainsi, je ne veux plus de cette cire’’», raconte-t-on.
Mais il se retrouve avec une grande quantité de marchandise invendue qui le pousse finalement à se rendre à Marrakech pour la vendre.
«Arrivé à destination, il se rendit au marché et alla directement peser ses pains de cire. Une fois sur la balance, cette dernière n’indiquait aucun poids. On utilisa une autre balance, le résultat était le même, la cire n’avait pas de poids…»
Cette deuxième légende raconte comment le marchand, reconnaissant le saint juif suite à cette incident, ne cesse de crier son nom. L’intervention de Rabbi David Ben Baroukh qui aurait reconnu son identité auprès de son interlocuteur permettra enfin de résoudre ce problème. «La balance se mit à marcher et elle indiqua le poids exact correspondant à la somme nécessaire au Tsaddik», poursuit-on. Une légende qui met en avant un aspect du vécu de David Ben Baroukh, décrit comme un homme pauvre, comptant sur ses propres moyens pour survivre.
La tombe de David Ben Baroukh / Ph. DR
Le saint, surnommé «Baba Doudou», serait décédé vers 1785. «A sa mort, un sanctuaire a été édifié à son honneur et en considération de son grand savoir», raconte-t-on dans un article de l’Economiste. Annuellement et pendant deux semaines du mois de décembre, des centaines de juifs d’origine marocaine se rendent à Taroudant célébrer la hiloula de David Ben Baroukh Cohen Azogh et honorer ainsi sa mémoire.
Source : https://www.yabiladi.com/articles/details/80186/pelerinage-juif-maroc-david-barroukh.html