Pèlerinage juif au Maroc : rabbi ‘Haïm Pinto, aux origines de la vénération du saint de Mogador

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Si les pèlerinages diffèrent selon les volontés, les origines ou encore la période de l’année, la visite de la tombe et de la synagogue de rabbi ‘Haïm Pinto Hagadol, à Essaouira, reste une étape incontournable du pèlerinage juif au Maroc.

Né le 1e juillet 1749 à Agadir d’une célèbre lignée de rabbanim, son père Rabbi Chelomo Pinto, lui enseigne la Tora mais décède en 1761, le laissant orphelin à l’âge de 12 ans. La même année, la ville d’Agadir, au sud du Maroc, est frappée par un tremblement de terre qui la détruit entièrement. Son port maritime étant jusque-là la principale source de revenus des Juifs de la ville, la catastrophe naturelle oblige plusieurs d’entre eux à se diriger vers Mogador, nouvellement construite.

Dans un article intitulé «La communauté juive de Mogador-Essaouira», paru dans la revue «La Bienvenue et L’adieu», Sidney S. Corcos raconte que «dix premières familles de commerçants juifs s’établissent en 1764, à la demande du sultan Sidi Mohammed ben Abdallah et sur les conseils de Samuel Sumbal, dans la ville portuaire que le monarque venait de fonder à proximité du Castello Real, le fort portugais». «Ce fut là le premier noyau de la communauté juive de Mogador», explique-t-elle.

Un saint miraculeux dès son jeune âge

C’est durant cette époque que la mère de rabbi ‘Haïm Pinto l’envoie à Mogador pour rejoindre une Yechiva, «mais l’enfant préféra se rendre directement à la synagogue pour se reposer du long chemin parcouru», raconte-t-on dans un article sur le site de la Fondation Hevrat Pinto. La même source explique qu’à l’époque, «l’un des rabbanim les plus importants de Mogador étaient rabbi Méïr Pinto, un proche parent du défunt rabbi Chelomo Pinto.

La synagogue de Rabbi Haïm Pinto à Essaouira. / DRLa synagogue de Rabbi Haïm Pinto à Essaouira. / DR

La légende raconte que la nuit où rabbi ‘Haïm Pinto arrive à Mogador, son père Chelomo aurait apparu à rabbi Méïr Pinto, lui reprochant de laisser son fils «épuisé et affamé, dormir ainsi tout seul à la synagogue». «Va le chercher, accueille le dans ta demeure et conduis le à la Yechiva de rabbi Yaa’kov Bibas», lui aurait-il suggéré. La légende raconte aussi que Chelomo Pinto aurait aussi apparu à son fils ‘Haïm, lui «introduisant rabbi Méïr» et lui promettant de «veiller sur lui».

Quand rabbi Méïr arrive à la synagogue, l’enfant Haïm le reconnaît et l’informe du rêve qu’il aurait fait. «Rabbi Méïr réalisa alors que le jeune enfant qui se tenait devant lui deviendrait certainement un saint dont la Lumière éclairera bientôt l’Orient et l’Occident», poursuit-on.

‘Haïm Pinto est alors confié au Dayan d’Essaouira, rabbi Ya’akov Bibas, qui deviendra son maître. «La réputation de rabbi ‘Haïm Pinto ne tarda pas à franchir les murs du Mellah de Mogador. Bientôt, tout le Maroc résonnait du récit des miracles et prodiges accomplis par rabbi ‘Haïm Pinto depuis son plus jeune âge», raconte-t-on.

Une version confirmée aussi par la plateforme Diarna, qui précise que rabbi «Pinto était connu pour les miracles qu’il accomplissait même durant son enfance».

La synagogue de Rabbi Haïm Pinto à Essaouira. / DRLa synagogue de Rabbi Haïm Pinto à Essaouira. / DR

Un juge à qui on ne peut mentir !

En 1769, Essaouira perd son Dyan rabbi Ya’akov Bibas. La communauté se tourne alors vers rabbi ‘Haïm Pinto, qui n’a que 20 ans, pour occuper ce prestigieux poste, avec comme conseiller son ami rabbi David Ben Hazan.

Chef du tribunal rabbinique pendant plus de 70 ans, au cours desquels il a fondé l’une des deux synagogues existantes à Essaouira, rabbi ‘Haïm Pinto était aussi écrivain prolifique s’intéressant aux commentaires rabbiniques et au droit. Mais «il a été accepté comme un saint et un faiseur de miracles de son vivant», explique Diarna.

Parmi ses miracles cités par les deux plateformes, le fait «que ses disciples l’entendaient répondre à leurs interrogations, avant même qu’ils ne les expriment», ou encore le fait que «ceux qui venaient jurer devant lui étaient effrayés par la lumière illuminant son visage et se gardaient bien de lui mentir». «Lorsqu’un homme venait le consulter, il savait aussitôt tout de lui. Dès les premiers mots, il savait si son interlocuteur disait vrai ou non. Jamais il ne laissait quelqu’un persister dans l’erreur», ajoute-t-on.

De son vivant, rabbi ‘Haïm Pinto avait donné naissance à quatre fils : rabbi Yossef, rabbi Yochiahou, rabbi Ya’akov et rabbi Yehouda (connu sous le nom de rabbi Hadane). Ce dernier donnera naissance, en 1855, à un enfant qu’il nommera auprès de son père rabbi ‘Haïm Pinto. Une raison pour laquelle rabbi ‘Haïm Pinto d’Essaouira, soit le grand-père est nommé rabbi ‘Haïm Pinto Hagadol qui signifie «grand» alors que son petit-fils, inhumé à Casablanca, est appelé rabbi ‘Haïm Pinto Hakatane (le petit).

Rabbi ‘Haïm Pinto Hagadol est décédé le 26 Elloul 5605 (28 septembre 1845) à l’âge de 96 ans. «Le jour de son décès, il promit à ses disciples que ceux qui évoqueraient son nom le jour de sa Hiloula verraient leurs prières exaucées», conclu-t-on.

Sa hiloula est ainsi célébré en septembre de chaque année. Les pèlerins se rendent à sa tombe au cimetière israélite de Mogador, avant de visiter sa synagogue et sa maison, situées dans le Mellah de la ville.

Source : https://www.yabiladi.com/articles/details/86315/pelerinage-juif-maroc-haim-pinto.html

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