Le parrain russe du Novichok, cible du Mossad

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Le Mossad a, sans doute, éliminé un général russe pour avoir transféré un agent neurotoxique mortel en Syrie.

Le reportage suggère qu’Israël était, alors (2002) profondément préoccupé par le fait qu’Anatoli Kuntsevich, l’un des hommes derrière la conception du ‘Novichok’, travaillait avec Damas. Le Mossad a averti à plusieurs reprises Moscou, mais en vain, vraisemblablement, avant de décider d’en finir avec ce Docteur Folamour. Le Novichok est ce produit utilisé par les hommes de mains du FSB pour faire payer Skripal (sa fille et une victime collatérale, un officier de police arrivé sur les lieux), à Salisbury, la semaine dernière.

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Les forces militaires travaillent dans une camionnette à Winterslow, en Angleterre, le lundi 12 mars 2018, alors que les enquêtes se poursuivent sur l'intoxication par l'agent neurotoxique de l'ex-espion russe Sergei Skripal et de sa fille Yulia. (AP Photo / Frank Augstein)

Le commandant russe chargé des armes chimiques était une cible du Mossad
Malgré les engagements pris par Moscou dans les années 1980, de se débarrasser de ses armes chimiques et de s’abstenir de les développer, Israël a tenté d’informer le Kremlin que son chef scientifique vendait secrètement aux Syriens son savoir-faire, en matière de développement de ces agents chimiques. Alors que ces différents avertissements sont restés sans réaction, le scientifique a trouvé une mort mystérieuse à bord d’un avion.

La Russie avait déjà commencé à développer des armes chimiques à la fin de la seconde guerre mondiale et peut-être même avant. Au début des années 1970, les scientifiques du pays ont commencé à créer de nouveaux agents neurotoxiques létaux, parmi lesquels le “Novichok”, dont la production était supervisée par le général Anatoly Kuntsevich, un expert en physique et chimie organique considéré, comme l’un des plus éminents, dans ce champ en Union Soviétique.

Au milieu des années 1980, sous l’autorité du secrétaire général Mikhaïl Gorbatchev, l’Union soviétique a déclaré qu’elle signerait la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques. En 1987, le gouvernement soviétique a annoncé qu’il mettrait unilatéralement un terme à sa production et, en 1989, le ministre des Affaires étrangères Eduard Shevardnadze a déclaré que son pays abandonnerait “complètement” sa production de gaz toxique.

Au cours de la décennie suivante, après l’effondrement de l’Union soviétique et sous le règne du président Boris Eltsine, la Russie a subi un véritable effondrement économique et il a eu besoin de l’aide de l’Occident.

Les États-Unis ont demandé à être impliqués dans le désarmement des armes de destruction massive, en particulier des armes chimiques, et Eltsine a chargé le général Kuntsevich de servir d’officier de liaison avec l’Occident. Cependant, la Russie n’a apparemment mis qu’une partie de son arsenal d’armes chimiques à disposition et les espions et journalistes occidentaux ont très vite eu la preuve qu’elle n’a pas renoncé au contrôle de tous les matériaux nécessaires pour les produire.

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Général Anatoly Kuntsevich

Général Anatoly Kuntsevich

Will Englund, un rédacteur du Baltimore Sun, a publié des témoignages d’un certain nombre de scientifiques et a révélé l’existence du “Novichok”. Un des scientifiques chargé de sa production a accidentellement touché le matériau et en est mort. D’autres ont suivi. Ceux qui ont survécu ont été poursuivis pour avoir parlé à Englund. Un banquier russe et sa secrétaire ont été tués après qu’une petite quantité de matériel ait été étalée sur le combiné de leur téléphone. Les Russes ont toutefois insisté, comme ils le font aujourd’hui, sur le fait qu’ils ne possèdent pas une telle arme. “Nous respectons les règles”, déclarait Kuntsevich à l’époque.

Dans les années 1990, des informations inquiétantes ont commencé à parvenir en Israël indiquant que la Russie menait des expériences pour le développement d’armes chimiques plus avancées que les simples gaz moutarde et innervants qu’elle avait autrefois en stock.

Selon les informations entre les mains d’Israël, Kuntsevich a fourni les connaissances nécessaires à la production des armes avancées. Il semblerait que les affaires qu’il menait avec les Syriens n’étaient pas une initiative du gouvernement mais plutôt une tentative personnelle de s’occuper de ses propres intérêts.

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Les enquêteurs au Royaume-Uni examinent la zone où un agent double a été empoisonné (Photo: MCT)

Les enquêteurs, au Royaume-Uni, examinent la zone où un agent double a été empoisonné (Photo: MCT)

 

En juillet 1995, sous couverture d’une visite de travail régulière dans le cadre des relations militaires positives qu’entretenaient les deux pays, il a commencé à établir des liens personnels avec les dirigeants en Syrie et a reçu d’énormes sommes d’argent, en échange de la fourniture d’une partie de son équipement pour développer des armes chimiques mortelles.

Certains détails des accords passés sont parvenus au Mossad israélien, à la fin des années 1990. Le Premier ministre israélien de l’époque, Ehud Barak, a tenté de mettre en garde les dirigeants de Moscou contre les manigances clandestines de leur général, mais cela n’a servi à rien. On a cru que Eltsine ne pouvait pas, ou ne voulait pas, intervenir.

Dans le livre “The Volunteer”, qui a été publié au Canada par “Michael Ross” (pseudonyme), l’auteur témoigne qu’il était agent du Mossad et que quand Israël a réalisé que la pression ne fonctionnait pas, on lui a demandé de faire semblant d’être un chercheur indépendant, qui se préparait à produire un documentaire sur la guerre chimique.

Ross a affirmé avoir contacté, à plusieurs reprises, de hauts responsables du Kremlin et leur avoir dit que, selon les informations en sa possession, des armes chimiques étaient vendues par Kuntsevich aux Syriens. L’intention était de faire peur à Moscou, puisque l’information allait bientôt être publiée. Mais cet effort aussi n’a donné aucun résultat.

 

Israël était furieux. Le 29 avril 2002, dans des circonstances qui restent inconnues, Kuntsevich est décédé lors d’un vol d’Alep à Moscou. Les Syriens semblent tenir pour certain que les renseignements israéliens ont réussi à atteindre et à empoisonner le général.

Un document top secret de la CIA, datant de la même période indique que la Syrie a réussi, au moment de sa mort, à produire un important stock d’armes chimiques particulièrement meurtrières. Selon diverses autres sources, lors de sa dernière visite en Syrie, Kuntsevich a apporté avec lui les plans pour le développement du “Novichok”. Si Kuntsevich n’était pas mort sur le chemin du retour à Moscou, les problèmes de l’Occident et en particulier d’Israël, auraient pu être beaucoup plus graves.

L’arme chimique produite à la suite des activités de Kuntsevich, selon les Syriens, devait être vendue à une date ultérieure dans le cadre d’un accord négocié par les Russes, afin d’empêcher, entre-temps, une frappe américaine.

Tout se passe comme si cet accord avait conduit à la forte implication militaire de la Russie en Syrie et à sa transformation en une puissance influente majeure dans la région.

Le Dr Ronen Bergman, correspondant majeur des affaires militaires et du renseignement au Yedioth Ahronoth et auteur pour le New York Times, est l’auteur de Rise and Kill First : L’histoire secrète des éliminations ciblées d’Israël.

 

Première publication le: 16 mars 18, 23:3

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Hans de Vreij@hdevreij

 Soviet soldiers working on a Sarin bomb. Shikhany CW facility, USSR, 1987. First pic: MOD. Others © Hans de Vreij

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Première publication le: 16 mars 18, 23:3

ynetnews.com

Adaptation ©MB JForum

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