Attentat sur les Champs-Élysées : le parcours de Karim Cheurfi
Le suspect est un Français de 39 ans qui vivait en région parisienne. Il apparaît comme un homme obsédé par l’idée de s’en prendre aux forces de l’ordre.
Il est soupçonné d’avoir abattu un policier et d’en avoir blessé deux autres, dont un grièvement, ainsi qu’une touriste allemande, sur les Champs-Élysées jeudi soir. Les enquêteurs se concentrent vendredi sur le parcours de Karim Cheurfi, 39 ans. Trois de ses proches sont toujours en garde à vue vendredi après-midi et une perquisition a été menée jeudi soir à Chelles, en Seine-et-Marne, chez sa mère où était domicilié Karim Cheurfi, qui semble, selon les premiers éléments de l’enquête, avoir agi seul.
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Casier judiciaire
Karim Cheurfi est né le 31 décembre 1977 à Livry-Gargan, une commune de Seine-Saint-Denis. Sans profession connue, il avait déjà eu affaire plusieurs fois à la police. En février 2005, il avait été condamné en appel à quinze ans de réclusion pour avoir tenté de tuer un élève gardien de la paix portant un brassard « police » et le frère de celui-ci. Les faits remontaient à 2001 : Karim Cheurfi, circulant à Roissy-en-Brie (Seine-et-Marne) au volant d’une voiture volée, avait pris la fuite après avoir percuté un autre véhicule. Armé d’un revolver, il avait grièvement blessé les deux frères qui tentaient de le rattraper. Deux jours plus tard, il avait tenté de tuer un autre policier dont il avait saisi l’arme durant sa garde à vue.
Après sa sortie de prison en juillet 2013, il avait commis, trois mois plus tard, un vol aggravé qui s’était soldé par une course-poursuite avec des policiers. Il avait été condamné en juillet 2014 à Meaux pour ces nouveaux faits à quatre ans d’emprisonnement, dont deux ans de sursis avec mise à l’épreuve. Après sa nouvelle sortie de détention en 2015, il n’avait pas particulièrement fait parler de lui. « On avait des petits dossiers sur lui mais rien de transcendant. […] Il avait réussi à se faire un peu oublier », rapporte une source policière.
Le 23 février dernier, Karim Cheurfi avait été arrêté par la police judiciaire de Meaux, soupçonné de vouloir tuer des policiers. Mais il avait été relâché le lendemain à l’issue de sa garde à vue, par faute d’éléments clairs, selon des sources proches de l’enquête. Depuis mars, il était visé par une enquête antiterroriste confiée à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) mais n’était pas « fiché S », selon une de ces sources.
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Aucun signe de radicalisation
Après sa sortie de prison, il n’est pas repéré comme radicalisé. « Il n’y avait à l’époque aucun signe de radicalisation, on avait plutôt à faire à quelqu’un de très solitaire et d’introverti, avec de gros problèmes de communication. Il s’exprimait très peu, ne se défendait pas », se souvient son avocat à l’époque, Jean-Laurent Panier. « C’était quelqu’un de renfermé sur lui-même », abonde une source pénitentiaire. « Il était marqué par la prison mais pas marqué par la religion ou autre », estime Mohammed, 21 ans, qui habite dans la petite cité HLM proche du pavillon où Karim Cheurfi vivait avec sa mère. « Il avait une haine de la justice et de la police […], il a peut-être pété un plomb en sortant de prison. » « Ici, tout le monde le connaît, c’est quelqu’un qui a perdu la raison, de psychologiquement vraiment atteint », confie à l’Agence France-Presse sous le couvert de l’anonymat un habitant de son quartier calme et pavillonnaire. « Ses actes, ses réactions, sa façon de marcher, son attitude étaient en décalage, comme s’il venait de Mars », poursuit-il. « Il a un grain », confirme Salim, qui se présente comme un ami d’un de ses cousins.
Dans son voisinage, Karim Cheurfi n’est pas décrit comme un homme radicalisé ayant pu graviter dans la nébuleuse salafiste djihadiste. « Il ne savait même pas se servir d’une télécommande, alors aller sur Internet et contacter Daech, j’imagine pas ! » lance Salim. Abdel, un autre voisin de 23 ans, abonde : « Il avait une haine contre la police, contre la France. Il était marqué par la prison. Mais Daech, c’est n’importe quoi. » L’homme n’était pas connu comme ayant une quelconque pratique musulmane communautaire. « Je vais souvent à la mosquée, je ne l’y ai jamais vu », dit Salim.
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Daech
Pourtant, l’attaque, survenue vers 21 heures, a été aussitôt revendiquée par le groupe djihadiste État islamique (EI) qui l’a attribuée au combattant « Abu Yussef le Belge ». Cela pose donc la question de savoir si l’EI s’est trompé de nom. D’autant qu’un avis de recherche belge, visant un homme portant le même prénom que celui de la revendication du groupe djihadiste, a été transmis jeudi « aux services français ». Cet homme s’est présenté vendredi matin dans un commissariat d’Anvers, selon le ministère français de l’Intérieur. Un mot manuscrit défendant « Daech », le groupe EI, a été retrouvé près de son corps. Karim Cheurfi était arrivé en voiture, où les enquêteurs ont retrouvé un fusil à pompe, deux gros couteaux et un Coran.
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