Une mission : rapprocher les Juifs de D’
« Invite les enfants d’Israël à me préparer une offrande de la part de quiconque y sera porté par son cœur, vous recevrez mon offrande. Et voici l’offrande que vous recevrez d’eux : or, argent et cuivre » (Chemoth/Exode 25,2-3)
On connaît la tombe sacrée de Kalov, lieu de repos éternel de mon vénérable ancêtre, rabbi Yits’hak Eizik de Kalov, que son mérite nous protège. Dans les années précédant la Shoah, d’innombrables Juifs s’adressaient à lui, et le jour de sa Hiloula, le 7 Adar, des milliers de Juifs affluaient à Kalov pour prier sur sa tombe, où de nombreuses délivrances avaient lieu.
Certains Tsadikim veillaient scrupuleusement à ne jamais manquer une année le pèlerinage sur la tombe de Kalov le jour de la Hiloula, et n’étaient prêts à y renoncer pour rien au monde. L’Admour rabbi Chelomo de Bobov m’avait relaté que lorsque son père, l’auteur du Kedouchath Tsion, voulut un jour fixer un mariage au mois d’Adar, son beau-père, rabbi Chalom Eliézer de Ratzfert lui demanda de ne pas le célébrer avant le 7 Adar, afin de pouvoir assister au mariage sans renoncer à sa visite annuelle à Kalov le 7 Adar.
Pourquoi les Juifs voyaient-ils de grandes délivrances sur la tombe de Kalov en particulier ? Rabbi Yits’hak Eizik de Kalov prodiguait du bien à tout son entourage, à des individus qui par le passé, avaient été habitués aux danses mixtes, etc. Il s’occupa de ces milliers de Juifs qui étaient extrêmement éloignés de D’, réussit à les faire revenir à D’, et certains d’entre eux devinrent par la suite de célèbres Tsadikim. De ce fait, il bénéficia d’une force particulière qui lui permit d’opérer des délivrances et d’annuler de sévères décrets.
Ce thème est abordé dans les écrits de nos Sages (Baba Metsia 85a) : par le mérite d’un homme qui enseigne la Tora à un ignorant, D’ annule des décrets déjà scellés, comme il est dit : « Et si tu extrais ce qu’il y a de précieux de ce qui est méprisable, tu me serviras d’interprète.»
Deux autres Tsadikim attiraient également les foules bien plus que les autres : rabbi Elimélekh de Lizensk et le rav et auteur du Atéret Tsvi de Ziditchov. Tous deux étaient également très impliqués dans le rapprochement des Juifs éloignés de la Tora. On sait que rabbi Elimélekh de Lizensk s’exila dans divers lieux pour faire revenir à la Tora de nombreux Juifs. De la même manière, le rabbi de Ziditchov œuvra pour rapprocher des Juifs de leur Père céleste, en étant le premier à parler publiquement de la sagesse de la Kabale.
Dans la même veine, Rabbénou Yossef bar ‘Haviva, dans son ouvrage Nimouké Yossef (Baba Batra) écrit que la coutume dans toute la France est qu’en cas de maladie, on se rendait auprès d’un Roch Yechiva pour lui demander une bénédiction pour le malade. Il semblerait que ces Raché Yechivoth savaient extraire le précieux du méprisable, comme nous l’avons vu par exemple chez rabbénou Moché de Coucy, l’un des grands Richonim de France, qui grâce à son ouvrage Séfer Mitsvoth Gadol, incita des milliers de Juifs à accomplir la Mitsva des Tefilines, des Mezouzoth et des Tsitsith comme il le faut.
Dans le Zohar de notre paracha figure un long texte qui fait l’éloge de ceux qui rapprochent les personnes éloignées de la Tora à D’. Celui qui s’y consacre mérite de faire fléchir le Satan et contribue au maintien du monde dans son ensemble, dans les sphères inférieures et supérieures. Il est écrit à propos d’un tel homme (Psaumes 112) : « Puissante sera sa postérité sur la terre : la race des justes est bénie ! Abondance et richesse régneront dans sa maison, sa vertu subsistera à jamais. Une lumière brille pour les justes au sein des ténèbres.» Il a droit à soixante-dix mondes cachés auxquels n’a droit aucun homme, mis à part ceux qui s’occupent des mécréants pour les faire revenir dans le droit chemin.
Certains hommes évitent d’œuvrer dans le domaine du rapprochement des Juifs à D’ en préférant consacrer tout leur temps à leur élévation personnelle dans l’étude de la Tora. Mais il faut y réfléchir : le rôle de l’homme dans ce monde-ci est de s’efforcer d’atteindre le but de la création du monde, créé pour que le Juif se consacre aux propos de Tora qui nourrissent tous les mondes supérieurs, comme l’explique le Zohar dans la paracha de Beréchith. Dans ce cas, celui qui rapproche les autres de la Tora atteint ce but plus que celui qui n’étudie la Tora que pour lui-même. En effet, même si sur le moment, il ne se consacre pas à son étude personnelle, pour chacun des termes qu’il emploie pour parler à d’autres Juifs afin de les rapprocher de la Tora, il contribue à introduire dans le monde de très nombreux Divré Tora appris par des novices grâce à lui, et son mérite est infini.
Chaque Juif doit également savoir que lorsqu’il a une occasion d’influencer son prochain pour qu’il se renforce dans son judaïsme, même s’il ne parvient pas à le faire complètement revenir à la Tora par l’accomplissement des 613 Mitsvoth, il est interdit de se relâcher dans ce domaine, et il faudra s’efforcer de l’influencer pour qu’il s’engage à respecter autant de commandements que possible, et par la suite, l’adage : « Une Mitsva en entraîne une autre » s’appliquera à lui.
À ce sujet, dans notre paracha, D’ a donné une directive éternelle à Moché Rabbénou : (Invite les enfants d’Israël) à Me préparer une offrande : contribuez à faire revenir vers Moi des âmes juives, en les renforçant à accomplir les Mitsvoth. De la part de quiconque : chaque personne que vous rencontrez, y sera porté par son cœur : touchez son cœur afin de le pousser à accomplir les commandements, vous recevrez Mon offrande : essayez ainsi de l’inciter à prendre l’engagement de se renforcer. Et voici l’offrande que vous recevrez d’eux : c’est la récompense que vous recevrez en œuvrant à ce rapprochement, or, argent et cuivre : toutes sortes de bonnes influences : tous ceux qui se consacrent à rapprocher des Juifs éloignés s’attirent diverses bénédictions comme une bonne subsistance et de nombreux bienfaits. En effet, rapprocher des Juifs éloignés contribue à soumettre le Satan et à mitiger les peines qui deviennent des manifestations de bonté.
Chabbath chalom !