« Ce mois-ci est pour vous le commencement des mois ; il sera pour vous le premier des mois de l’année » (Chemoth 12,2).
Avant que les enfants d’Israël ne quittent l’Égypte, le Saint béni soit-Il leur prescrivit d’offrir un Korban (sacrifice) Pessa’h, et leur donna une description précise sur la manière de le consommer, comme il est dit : « Et voici comme vous le mangerez : la ceinture aux reins, la chaussure aux pieds, le bâton à la main. »
Une explication est de mise : pourquoi le Saint béni soit-il leur prescrivit-il la Mitsva du Korban de Pessa’h à ce moment-là ? Et pourquoi le manger spécifiquement de cette façon ?
Nos Maîtres affirment que nous ne sommes pas récompensés dans ce monde pour les Mitsvoth, car la finalité de l’homme est de profiter de la richesse dans la vie éternelle du monde futur, et si on le récompense pour ses Mitsvoth dans ce monde, il restera pauvre dans le monde futur. Or, les ouvrages sacrés nous révèlent que l’homme obtient également un salaire dans ce monde, par les «extras» qu’il réalise dans ses Mitsvoth, aussi bien en quantité qu’en qualité. En quantité, lorsqu’il est récompensé pour la quantité de préparation et d’intérêt qu’il investit dans la Mitsva, tout comme en qualité, par la manière dont il l’accomplit : avec amour et joie de réaliser la volonté de Hachem.
Prenons par exemple la Mitsva d’étude de la Tora : si un homme a un cours de Tora quotidien, il vaut la peine qu’il y pense toute la journée, et le moment venu, il prépare tout ce dont il a besoin : un livre, un stylo, un carnet de notes, etc. Il fait tout pour arriver à l’heure. En cours, il éteint son téléphone portable, pour se concentrer entièrement sur son cours et étudier l’esprit lucide et avec la joie requise.
Le but de la sortie d’Égypte était de recevoir la Tora au mont Sinaï avant d’entrer en Erets Israël. Il était à craindre que les enfants d’Israël aient des difficultés à accepter la Tora et les Mitsvoth, de peur de perdre l’abondance de ce monde, du fait que les Mitsvoth prennent du temps et sont coûteuses. À cet effet, le Saint béni soit-Il leur donna la Mitsva du Korban de Pessa’h, pour leur indiquer comment ils étaient récompensés dans ce monde.
Au départ, Hachem leur demanda de sélectionner un agneau quatre jours plus tôt, de vérifier scrupuleusement s’il n’avait pas de défaut, de l’attacher au pied du lit, afin de réfléchir à la Mitsva en début de journée, en ouvrant les yeux, ainsi qu’au moment du coucher, et d’y penser toute la journée, du début à la fin. Tous ces préparatifs lui étaient comptés comme un temps de préparation à la Mitsva. D’ leur prescrivit aussi ceci : « Et voici comme vous le mangerez : la ceinture aux reins, la chaussure aux pieds, le bâton à la main. » Hachem, loué soit-Il, voulait qu’au moment de consommer le Korban de Pessa’h, tout soit prêt pour le départ, au point qu’ils auraient déjà leur bâton en main pour conduire leur âne, ce qui est la dernière chose que l’on emporte avant de partir.
Ceci tenait au fait qu’en quittant l’Égypte définitivement, ils devaient emballer toutes leurs affaires, et s’il n’avait pas été requis de leur part de préparer ces affaires avant de consommer le sacrifice, ils auraient été préoccupés par cette tâche, et tout en emballant leurs affaires, ils auraient pris au vol un bout de viande, préoccupés par l’organisation de leur départ, sans aucune Kavana ni joie de la Mitsva. Lorsque tout était déjà emballé, même le bâton, alors : «Vous le mangerez à la hâte», indiquant par là votre joie d’accomplir la Mitsva de consommation du Korban de Pessa’h, avec ardeur et enthousiasme.
En quelques heures, tous virent des prodiges du Créateur, alors que les Égyptiens renégats avaient tout perdu, et les Bené Israël quittèrent l’esclavage pour embrasser la liberté, avec de grands honneurs, accompagnés même par le souverain et les ministres. Ils quittèrent le pays avec de grandes richesses, tel que le Saint béni soit-Il l’avait promis à Avraham Avinou. À ce sujet, nous disons dans la Hagada de Pessa’h : « L’homme est tenu de se considérer comme s’il était lui-même sorti d’Égypte » : tout homme devra aborder les Mitsvoth en s’y préparant intensément, avec empressement, enthousiasme, joie et amour, et ainsi, il méritera un salaire dans ce monde, comme Israël a mérité de grandes richesses en quittant l’Égypte, par le mérite de l’accomplissement de la Mitsva du sacrifice de Pessa’h avec empressement.
Nous en avons une allusion dans le verset suivant : «Tu donneras alors cette explication à ton fils : « C’est dans cette vue (ba’avour zé) que l’Éternel a agi en ma faveur, quand je sortis de l’Égypte. »» Le terme Zé est composé de la lettre Zayin, qui fait référence à la Zerizout (empressement) et la lettre Hé, qui désigne la Hakhana (préparation). Grâce à l’accomplissement de la Mitsva du sacrifice de Pessa’h avec empressement et un investissement important dans les préparatifs, Hachem m’a récompensé par une grande richesse à la sortie d’Égypte. Nous devons ancrer ce principe chez nos enfants à la fête de Pessa’h, en nous engageant à accomplir toujours la Tora et les Mitsvoth avec empressement et enthousiasme, avec ardeur et joie, pour mériter un bon salaire dans ce monde et dans le suivant.
Nous en avons une allusion dans le verset lu dans la Tora dans le Maftir de Chabbath de la Parachat Ha’hodèch : « Ce mois-ci » : le mois de Nissan mentionné dans les Écritures, « est pour vous » : on pourvoira à tous vos besoins matériels, pour votre bénéfice et dans votre intérêt. Ceci, à condition de servir le Créateur par les deux ajouts que l’on apprend de la fête de Pessa’h, qui a lieu ce mois-là, qui sont : « le commencement » : se préparer intensivement à l’approche d’une Mitsva, et « des mois» : réaliser à chaque fois la Mitsva avec une joie renouvelée, comme si on venait de la recevoir.
Chavoua tov !