Parachath Massé – rav David Gold

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Paracha Massé

La semaine dernière on a rapporté un beau développement sur l’avis révolutionnaire du Rabbi Avraham Min Hahar. Il développait l’idée que l’étude de la Tora ne ressemblait pas aux autres mitsvoth. D’une manière générale il existe un principe commun à toutes les mitsvoth : »Les commandements n’ont pas été donné par Hachem pour qu’on en profite » (Roch Hachana 24) : uniquement afin qu’on accomplisse la volonté de D’ ! Suivant ce principe, un homme qui interdirait à son prochain qu’il profite de ses biens, malgré tout il pourra le rendre quitte de n’importe quelle mitsva (comme le Chofar)  suivant le principe énoncé (que les mitsvoth n’ont pas été données pour en profiter). Or, par ailleurs la Michna (Nédarim 48) enseigne que pour les livres de Tora, après avoir fait le vœu: on ne pourra pas prêter ses livres à son ami. Rabbi Abraham apprend de cet enseignement que l’étude de la Tora ne ressemble pas aux autres mitsvoth ! L’étude de la Tora a été donné pour qu’on en profite (voir notre feuillet de la semaine dernière)! Nécessairement le vœu « tombera » sur les livres de Tora (fin du 1° round).

Seulement les grands Poskim ne suivent pas son avis. Par exemple le Kssot Ha’hochen (72:34) considère que l’étude de la Tora ne se différencie pas des autres mitsvoth. Pour comprendre sa preuve, il nous faut introduire certaines notions de droit financier. Le Talmud a défini d’une manière précise les différents niveaux de responsabilités des gardes d’objets. Par exemple si l’on confit (gratuitement) la garde de  sa valise à son ami, il sera responsable de la perte dans le cas où il y a faute (par exemple: s’il a choisi de boire un petit café et qu’il a laissé la valise quelques temps dans le hall de l’aéroport sans surveillance. Dans le cas d’un vol, il devra payer le préjudice). Cependant, si vient un voleur à l’arrachée et qu’il ne peut rien contre sa poigne, il en sera exempt ! Par contre, dans le cas où je prête une belle valise à un ami qui part en vacances pour les îles… Cette fois, le niveau de responsabilité (sur la valise) de mon ami vacancier sera beaucoup  plus élevé. Puisque ce dernier a le profit entier de l’objet (sans avoir à débourser le moindre sou): il sera responsable de toutes les pertes inimaginables (cas de force majeur). Cependant, continu le Ksott dans le cas où un homme emprunte à son ami un très ancien tome du Talmud qui a appartenu au saint ‘Hafets ‘Haim et dont on estime sa valeur à 10 000 $. Et, si à D’ ne plaise, surgissent des voleurs à main armée qui dérobent cette pièce de collection,  le Ksott considère que notre emprunteur sera exempt de tout paiement! Sa raison en est que puisque « les mitsvoth n’ont pas été données pour notre profit », on ne considérera pas qu’il y a un profit (dans ce genre d’emprunt). Donc l’emprunteur ne sera pas redevable en cas de force majeur. Si mes lecteurs ont bien suivi notre développement, ils devraient bondir de leur siège (même en plein repas du Chabath) car une question s’impose! La Michna de Nedarim a tranché qu’un homme qui prohibe ses biens à son prochain interdira même ses livres de Tora: preuve en est qu’il y a profit dans l’étude de la Tora! Cependant le rav connait cette Guemara et y répond que le profit dont il s’agit n’est pas l’étude en soi! A l’époque,  les livres étaient rarissimes et les gens louaient journellement/hebdomadairement les livres pour les étudier. Donc lorsqu’un homme faisait porter un anathème à son prochain cela incluait ses livres, car il fallait ouvrir de sa bourse pour jouir de leurs lectures, donc prêter un livre signifiait « faire une fleur » à son ami. Nécessairement le vœu « tombait » (car on interdit à son ami toute sorte de profit) et interdisait l’utilisation des livres à son ami.

Pour être exhaustif on devra ramener une autre Guemara (Nedarim 35:) qui va dans le même sens: l’étude de la Tora ne se différencie pas des autres mitsvoth. Il est dit en  effet qu’un homme qui fait un vœu (anathème) pourra par contre enseigner au fils de son ami le Midrash et la Tora orale. C’est une preuve que l’étude de la Thora ne diffère pas des autres mitsvoth!

Cette semaine notre histoire traitera d’un problème récurrent qui existe dans la communauté pratiquante en Erets et dans le monde: le danger des nouveaux moyens de communication. Le sujet a déjà longuement été débattu  mais c’est aussi une manière de s’associer à la période de deuil des trois semaines depuis le 17 Tamouz jusqu’au 9 Av. En effet nos livres saints enseignent que « Ben Hametsarim » (les 3 semaines) marque l’exil de notre peuple de la terre sainte (et même si notre génération voit le retour d’une bonne partie du Clall Israël sur sa terre, il n’empêche que l’espoir de tout Juif est de voir la maison de Hachem reconstruite sur la Montagne de Sion. Tout le temps où il n’est pas encore reconstruit, D’ est Lui aussi en exil!). A cet exil  on pourra rajouter la dislocation de familles suite à l’utilisation effrénée  de différents nouveaux moyens de communication. Pour comprendre leurs effets néfastes, il faut comprendre la spécificité du public orthodoxe. En fait,  leurs styles de vie, la modestie et la retenue est le lot commun de la communauté orthodoxe, ne se prêtent pas avec les possibilités sans fin que proposent les nouveaux réseaux sociaux. Et lorsqu’il y a confrontation entre ces deux modes de vie, la collision fait généralement des dégâts… Le rav Zilbersein rapporte cette histoire très récente : Il s’agit du cas d’une famille juive typiquement religieuse habitant une des villes du saint pays. Le père étudie au Collel et les enfants sont envoyés dans des écoles (religieuses). Seulement avec le temps, les besoins grandissent: le père est obligé de sortir du Collel pour vaquer à une occupation séculaire et ramener à la maison un salaire mensuel. Comme toujours, la décision de sortir des quatre coudées du Beth Hamidrach n’est pas facile à prendre, mais comme il n’y a pas de choix: notre Avrekh fera le pas. Il choisira un travail qui lui permettra de continuer ses cours de Tora, les prières etc. Notre homme continua aussi à s’occuper de ses six magnifiques enfants, de sa femme : tout allait bien dans le meilleur des mondes jusqu’au moment où… Pour les besoins de son travail on lui confiera un ordinateur portable ainsi qu’un IPhone dernier cri (il n’est pas rapporté si l’appareil avait un filtrage). Au début les changements furent imperceptibles dans la famille mais progressivement le père de famille devint très affairé dans une pièce de la maison qu’il avait annexé pour son travail. Les prières journalières qui duraient d’une manière générale pas moins de 50 minutes tous les matins se réduisirent à 20; les cours de Tora d’après son travail disparurent et les Birkath Hamazon étaient avalés en moins de 20 secondes, montre en main! Le clou de sa semaine c’était le jour du Chabath. Au départ c’était le temps privilégié pour le suivi des cours des enfants: la révision hebdomadaire de la Guemara, du ‘Houmach et des Hala’hoth. En un mot, un temps de sainteté dans la semaine de travail. Or notre homme n’avait plus la patience nécessaire et passait son temps à faire la sieste! C’est vrai que les Sages ont décrit le « somme » du Chabbath comme un délice, mais c’est précisément lorsqu’on a rempli sa journée par ailleurs de Tora et de mitsvoth. Or notre homme était déjà à des années lumières du plaisir de l’étude de la Tora (il n’était pas un adepte de Rabénou Avraham Min Hahar…), des mitsvoth et de la belle table de Chabath. L’utilisation de son IPhone lui prenait toute son temps libre et à la sortie du Chabbath, il s’enfermait dans sa pièce pour passer la nuit à voguer sur les réseaux du Net: c’est tellement plus facile de s’évader de sa réalité (sa femme et ses enfants) et de surfer sur les différents sites. Avoir des contacts très enrichissant d’un point de vue culturel (pour sûr!) avec une (ou des) Cécilia(s)  de Californie et une (ou des) Barbara(s) de Cannes et j’en passe des vertes et des pas mûres… Seulement le retour à la vie de famille et du travail n’est pas facile pour un homme accroc du net. Les résultats catastrophiques ne se firent pas attendre et voilà que notre ancien père de famille prend un billet d’avion (sans retour) pour la lointaine Californie: By By le pays saint d’Israël et Good morning « Los Angeles by night »… Notre ancien religieux débarque au pays de toutes les possibilités: change d’identité, jette costume sombre,  chemise blanche et chapeau et se coupe les cheveux à la « in » : bien rasé sur les côtés avec une belle frange qui tombe sur le front… En un mot un nouveau Don Juan provenant directement d’Israël –made in Jaffa – qui se lance dans une nouvelle vie avec pour horizon les magnifiques plages de l’ouest américain… Comme on le sait, le nouveau a toujours beaucoup d’attrait! Cependant, Hachem a créé un  monde où la fainéantise est bannie: il faut ramener sa subsistance. Notre homme a beaucoup de flèches à son arc et  il choisit de tirer profit de son don pour les langues. Il connait le Yiddish, l’anglais et l’hébreu,  il devient interprète. En effet de nombreux délégués de la Tsedaka arrivent depuis Israël pour demander l’aide des gens fortunés de la communauté californienne. Notre homme est une très bonne adresse pour tous ces organismes, de plus il réussit très bien dans son nouveau travail. L’argent ne lui fait pas défaut et voici notre homme qui commence à se faire une belle place sous le soleil californien… Les années passent de la meilleure manière – tandis que sa femme et ses enfants sont dans le parfait brouillard: ils n’ont aucune idée où se cache leur père ! La femme n’a pas reçu de Guet, les enfants ont grand honte quand ils vont dans l’école et lorsque les petits copains comprennent que le père n’apparait plus dans la synagogue ni lors des Avoth oubanim (étude commun entre les parents et les enfants dans la synagogue)… Après plusieurs années, arrive en Californie un homme délégué d’une association d’Israël, il demande l’aide de notre interprète pour démarcher un riche homme de la communauté. L’homme d’Israël expose le cas tragique: « Il s’agit d’une femme et de 6 enfants qui vivent dans la plus grande misère alors que leur père a  abandonné la maison familiale pour un pays inconnu… » A peine le délégué de la Tsedaka a prononcé ses mots que notre interprète a la voix étranglée: il n’arrive plus à traduire ces mots qui lui transpercent son coeur! Seulement Business is business et il fera de gros efforts pour traduire. Le riche dira: » Quel honte à cet homme qui laisse sa famille dans une telle situation… « Et de suite prend son chéquier et écrit un montant de 18 000 $ ! Notre interprète cette fois n’arrive pas à se contrôler: il court dans les toilettes et explose en pleurs! Il réalise pour la première fois combien de mal il avait fait: plonger ses enfants et sa femme dans la misère et le malheur! Tout cela pour un plaisir bien passager… Notre homme comprit que sa vie n’avait ni queue ni tête… Les restos, la plage, les sorties ça a du bon pour quelques temps mais il faut assurer la réalité au quotidien. Très vite il prit la décision de revenir au bercail… Il reprit contact après toutes ces années avec sa femme et les enfants et après que par chance la porte soit restée ouverte (!), il acheta un billet aller-simple pour la terre sainte. Fin de l’histoire vécue pour nous apprendre que les portes de la Techouva sont toujours grandes ouvertes: même pour les mordus des Iphones et portables… Comme le dit Rabbi Nahman fils de Feiga: Il n’y a pas de désespoir dans le monde!

Coin Hala’ha: A partir du Roch ‘Hodech Av (vendredi 2 aout) on diminuera toutes sortes de joies. De plus, on évitera d’acheter des articles et beaux objets qui réjouissent le cœur. Autre exemple, on ne pourra pas acheter une nouvelle voiture pour la famille (en vue d’assurer des placements et sorties de famille) mais si l’achat c’est pour les besoins du travail (puisqu’il n’y a pas de joie) se sera permis (Michna Broura Dirchou 551.2 dans Milouim). Par contre, pour les besoins de la mitsva, cela sera permis. Par exemple on pourra faire des achats en vue d’un mariage qui se déroulera dès-après le 9 Av (dans le cas où l’on n’aura pas la possibilité de faire ces préparatifs après le jeûne).

A connaitre aussi: durant cette période on n’aura pas le droit d’effectuer des travaux de construction dans la maison pour améliorer son confort.

Chabat Chalom et à la semaine prochaine Si D’ le veut    

David Gold

On souhaitera une grande bénédiction à notre très fidèle lecteur M.  Yossef Wolf et à son épouse à l’occasion de la Brith Mila de leur petit fils ainsi qu’aux heureux parents : Rav Yohanan Wolf et à son épouse (Elad). Qu’ils aient le mérite de voir leur jeune enfant grandir dans la Tora et les mitsvoth. Amen!         

On priera pour la santé de Yacov Leib Ben Sara, Chalom Ben Guila parmi les malades du Clall Israel.

Pour la descendance  d’Avraham Moché Ben Simha, Sarah Bat Louna et d’Eléazar Ben Batchéva

Léilouï Nichmat Moché Ben Leib; Eliahou Ben Raphaël, Roger Yhïa Ben Simha Julie, Yossef Ben Daniélaתנצבה     que leurs souvenir soit source de bénédictions.

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