Autour de la table du Chabbath, par le rav David Gold
Pour bien se préparer à Chavou’oth
Dans quelques jours on fêtera la fête du don de la Tora : ‘Hag Hachavou’oth (depuis le jeudi soir 28 mai). Le nom de cette fête est la traduction de « la fête … des semaines ». En effet, le don de la Tora a eu lieu le 6 Sivan, 7 semaines après la sortie d’Egypte. Seulement dans la Tora n’est pas mentionné d’une manière précise la date (du 6 Sivan) uniquement que « 7 semaines après Pessa’h, se sera un jour saint » (il sera interdit de travailler). L’événement fondamental dans l’Histoire (la révélation du Sinaï) est donc lié avec la fête de Pessa’h. Le Séfer ha’Hinoukh l’écrit d’une manière concise : la liberté acquise lors de la sortie d’Egypte n’aura d’importance que parce qu’on recevra plus tard la Tora et les 10 commandements au mont Sinaï. « Comme disent les Sages : « Il n’existe d’homme libre, que celui qui apprend la Tora ! » Qui plus est, ce décompte des 7 semaines marque le travail –spirituel- (car dans la vie on le sait, il faut travailler ou se travailler…) qu’un homme doit accomplir afin d’accéder à la Tora. En effet, comme toutes les choses importantes de la vie, pour y accéder il faudra un certain mérite (comme disent bien les belles-mères à leur gendre –même après 20 années de mariage– avec leurs bel accent : « Mon fils… vous savez… il faut la mériter ma fille… »). Donc le Clall Israel a dû s’ élever pour recevoir la Tora au Sinaï. Comment s’y prend on (peut-être qu’il existait à l’époque une application sur l’Iphone qui facilitait la tache… va-savoir) ? Le Or Ha’haim enseigne que l’impureté égyptienne était à l’image de la femme qui a son cycle. Pour qu’elle se purifie il faut faire obligatoirement les vérifications des 7 jours (chéva Nekiim). Pareillement, le Clall Israël, pour sortir de l’impureté a dû passer 7 semaines (7 fois 7 jours) avant de recevoir la Tora. De nos jours ce sera similaire, notre décompte du ‘Omer nous fera acquérir des niveaux spirituels pour être prêt au jour de Chavou’oth. Une autre idée qui est véhiculée par ces sept semaines, c’est que le don de la Tora n’est pas limité à une date du calendrier. Cela nous apprend que tout un chacun peut gravir AUJOURD’HUI la montagne sainte –même si on est encore en confinement- et accéder ainsi à un petit dévoilement divin dans le monde a travers son étude (voir Keli Yakar Emor 23.16) !
Le Midrach (Tanhouma 701,16) fait ressembler le don de la Tora aux fiançailles de la communauté avec D’. Comme le verset le dit : « La Tora nous a été ordonnée, c’est un héritage (moracha) de la communauté« . Or les Sages de mémoire bénie enseignent que le mot moracha (Héritage) est le même mot (à peu de chose près) que meourrassa (fiancée). On apprend de là que la Tora s’appelle la fiancée du Clall Israël! Et, continue le Midrach, lors de l’édification du Sanctuaire dans le désert, cela ressemblait à la ‘Houpa (le dais nuptial) entre la communauté juive et la Tora. Donc à Chavou’oth, on fêtera nos fiançailles avec la Tora : forcément on n’oubliera pas le champagne à table ! Le Ben Ich ‘Haï (Ben Yehoyada Sanédrin 99) demande comment peut-on comparer la sainte Tora qui pourrait s’unir avec une créature fait de chair et de sang, remplie de contradictions, d’envies de rêves, etc… Et d’expliquer que l’âme de l’homme est faite de plusieurs strates (Néfech, Rouah et Nechama) et à chaque niveau, il existe des sous-niveaux. Donc lorsque l’homme accomplira une mitsva quelconque, une partie de cette mitsva s’unifiera avec le niveau le plus bas de l’homme (le Néfech) et engendrera des fruits. Lorsque l’homme étudiera la Tora, alors une partie de cette Tora s’unifiera à la partie supérieure de notre âme (Roua’h) et engendrera aussi des fruits. Donc lorsque les Sages ont fait ressembler la Tora à la kala qui s’unit avec son mari, c’est au niveau de l’âme juive que cela se passe. Et les engendrements de cette union seront spirituelles (et aussi matériels -car on le sait bien- c’est la spiritualité qui gouverne la matière). Mais, si l’homme se détourne de l’étude, alors la Tora sera à l’image de la femme délaissée qui se séparera de son mari. C’est profond, n’est-ce pas ? (Et c’est certainement à mettre en parallèle avec une anecdote d’un ami/Avrekh à Elad qui n’avait pas d’enfants après plusieurs années de mariage. Il est allé voir rabbi Haïm Kanievski pour lui demander conseil et bénédiction. Le rav –qui connaissait le niveau en Thora de son interlocuteur- lui dit : » Ecrit un livre de ‘hidouché (de nouveauté) en Tora et de la même manière que « tu créeras » de la Tora dans le monde, alors tu mettras au monde des enfants… » Et effectivement, cet ami édita dans un premier temps des écrits sur une des études apprises au Collel et lors de la mise en presse, il aura la chance d’avoir une première fille. Lors de la sortie de son 2ème livre naitra un deuxième enfant puis ensuite des jumeaux pour le livre suivant…).
On posera cette semaine à nos lecteurs une question intéressante : on sait que le jour de Chavou’oth le Clall Israël a l’habitude d’étudier toute la nuit qui précède la lecture de la Tora du lendemain matin. On le sait, le jour de Chavou’oth on lira la section de la Tora qui traite du don de la Tora et des 10 commandements. Or il est connu que les Sages interdisent par exemple de manger de la matsa la veille de Pessa’h (Or Ha’haim 471.2) afin d’avoir envie de manger de la matsa le soir du Séder. Autre cas, toutes les veilles du Chabbath il est déconseillé de faire un repas proche de l’entrée du Chabbath afin d’avoir de l’appétit lors du repas du soir (Ora’h ‘Haim 249.2). Donc d’après cela, les sages auraient dû déconseiller d’étudier la veille du don de la Tora afin d’avoir plus d’engouement pour la Tora qui sera donnée le lendemain matin ! Intéressante comme question, n’est-ce pas ? La réponse que je vous propose est celle du Ma’adné Acher (n° 700). Il rapporte le Sfat Emet (‘Hag Hachavou’ot année 5660) que l’étude de la veille de Chavou’oth vient témoigner notre engouement pour la Tora. D’une manière générale toutes les envies de ce bas-monde proviennent d’un manque ou d’une faim (j’ai envie d’un bon steak car cela fait bien longtemps que je n’en n’ai pas mangé). Or, plus on en mangera plus on en sera dégouté (si on mange du steak tous les jours, à tous les repas… bonjour les dégâts..). Or la Tora c’est exactement le contraire ! Plus on l’étudiera, plus on voudra encore de la Tora ! D’ailleurs le Call Israel est comparé au poisson de la rivière qui pour chaque goutte d’eau qui tombe du ciel ouvre la bouche pour la gober alors qu’il baigne (c’est le cas de le dire) dans l’eau. Pareillement pour le Clall Israël qui est avide de Tora (la preuve c’est bien vous mes lecteurs qui me suivez depuis quelques années, semaines après semaines…). Donc lorsque la communauté étudiera la veille de Chavou’oth cela fera augmenter encore plus l’envie de recevoir la Tora le lendemain !
Et dans la même verve, on finira par une petite anecdote. C’était le Roch Yechiva rav Chakh qui rencontra un des grands donateurs du monde des Yechivoth : le milliardaire Moché Reichman zal. Cet homme d’affaire canadien était connu pour sa très grande générosité dans le domaine du support des Yechivoth et Collélim en Erets et dans le monde entier.
Lors d’une visite de Moché Reichman en Erets il rencontra le rav Chakh. Ce dernier lui dit : ‘Moché, j’envie vraiment ton ‘Olam haba (ton monde futur), car tu soutiens l’étude dans les Yechivoth du saint pays ! Mais je ne remplacerais en aucune façon ma manière de vivre (à Bené Brak dans l’étude tout le long de la journée) pour la tienne dans ce monde-ci !’ Le Roch Yechiva voulait lui signifier que l’étude de la Tora avec son approfondissement vaut plus que tous les dollars et euros du monde (donc quand est-ce que mes lecteurs se décideront d’aller au Bet Hamidrach ou au Collel de leur quartier, après Corona n’est-ce pas?! )
Si on connaissait sa vrai valeur…
Une fois le rav Ya’akov (Yankélé) Galinsky zatsal (décédé il y a 5 ans) encore jeune était arrivé dans une ville au fin fond de la Russie soviétique, il y a près de 70 ans dans les années de la guerre. Là-bas, dans une des synagogues de l’endroit il prêta attention à un vieux Juif qui était assis au fond du Beth Hamidrach et étudiait tout seul une Guemara (le Talmud). Son assiduité était remarquable, les jours passaient et on pouvait le voir toujours assis en train d’approfondir son Talmud avec le même engouement ! Le jeune rav Galinsky prendra son courage à deux mains et se dirigea vers cet ancien pour connaître son secret. Yankélé s’adresse alors au vieillard et lui demanda comment réussit-il à garder cette si grande assiduité malgré son âge avancé ? Au début, le vieillard voulait détourner la conversation mais finalement avec l’insistance du jeune Galinsky, il accepte de dévoiler son secret : ‘Il y a bien longtemps, j’étais Bahour Yechiva dans la Yéchiva renommée de Volozin (Lituanie). A l’époque, je passais la plupart de mon temps à discuter de choses et d’autres avec mes camarades. La conversation était futile et attirait aussi beaucoup d’autres connaissances. Au lieu d’être au Beth Hamidrach je me trouvais dehors avec mes amis… Le Yétser (le mauvais penchant) était alors très fort ! Une fois le Roch Yechiva, le Beth Halévy – rav Yossef Dov Solovetchik – est venu à ma rencontre. Il s’est approché de moi et au lieu de rouspéter, m’a pris les mains dans les siennes et a commencé à me parler. Ses yeux étaient étincelants et sa parole était pleine de chaleur ! Il m’a dit alors dans ces termes : ‘Les Sages de mémoire bénie, disent que TOUT élève qui étudie la Tora et la révise, à ce moment Hachem s’assoit en face de lui et APPREND avec lui les paroles de Tora qui sortent de sa bouche (Yalquout Chim’oni Eicha 1034) !’ A ce moment, le Roch Yechiva éleva la voix et dira : ‘Que tu ne veilles pas étudier, soit, c’est ton problème ! Mais vis à vis de Hachem, de quel droit tu te permets d’ANNULER et de Le déranger dans SON étude de Tora ?‘ Continue le vieillard, ces paroles sorties droit du cœur du Roch Yechiva sont entrées directement dans mon cœur et elles se sont gravées d’une manière INDELEBILE ! Après cette conversation, j’ai fait un virage à 180° ! J’ai mis toutes mes forces dans l’étude de la Guemara et pendant 3 mois (!) je ne suis pas sorti du Beth Hamidrach… J’ai appris la Tora dans des conditions extrêmes, de froid et de faim... J’avais aussi des difficultés insurmontables pour m’assoir et ouvrir ma Guemara (peut-être qu’il avait des problèmes de concentrations et d’attention et à l’époque il n’y avait pas la rétalyne…) Mais en final avec l’aide de D’, et au bout de 3 mois j’ai commencé à ressentir une grande DOUCEUR dans mon étude ! Et depuis, cette douceur ne m’a pas quittée tous les jours de ma vie jusqu’à ce jour !‘ » Fin de l’histoire véridique. On voit de là l’expression des Sages qui disent : ‘Tous les DEBUTS sont difficiles…’ La difficulté est bien là, mais c’est le début! Il faut s’efforcer de passer le cap, et avec l’aide du Tout Puissant, on arrivera au plaisir de l’étude ! Comme l’écrit le saint Or Ha’haim : ‘Si l’homme connaissait la vraie valeur des paroles de Tora, il se précipiterait au Beth Hamidrach pour étudier tous les jours et en deviendrait fou!
Coin Halakha : le 50° jour du décompte de l’Omer c’est la fête de Chavou’oth (jeudi soir prochain). C’est un jour férié (Yom Tov). Même si on est encore en confinement on devra attendre la nuit avant de faire la prière du soir de Yom Tov (afin de finir entièrement les 49 jours du décompte). La prière sera celle d’un Yom Tov (on intercalera : « Ce jour de Chavou’oth, temps du don de notre Tora »). On dira le matin le « Hallel » complet et on lira le passage du don de la Thora dans le livre de Chemoth (parachath Yitro ch 19.1 : « Depuis le 3° mois… »). Le 2° jour qui tombe un Chabbath, en dehors d’Israel, la lecture de la Tora sera différente de la section hebdomadaire, on lira « Kol Habekhor… ». Tous les travaux interdits à Chabbath sont interdits à Yom Tov sauf trois exceptions : les travaux liés à la préparation à la nourriture, le fait de transporter un objet dans le domaine public et brûler un combustible. Donc on pourra cuire un aliment le premier jour de Yom Tov à partir d’un feu déjà allumé (car à Yom Tov on n’a pas le droit d’allumer une allumette). Pour le transport d’objets dans la rue, ce n’est uniquement que si on aura besoin de l’objet lui-même à Yom Tov. Le 2° jour de fête, c’est un Chabbath donc aucune permission propre à Yom Tov ne s’appliqueront (§ 494.1; 495.1).
Afin de permettre de cuire le Yom Tov pour Chabbath, il faut auparavant avoir déposé un ‘érouv tavchilin (voir le ma’hzor).
David GOLD Soffer écriture Askhenase et écriture Sépharade Mezouzoths Birka a Bait Téphilines – Meguila …. Email : 9094412g@gmail.com tel 00 972 52 767 24 63
Chabat Chalom et de très bonnes fêtes de Chavou’oth. On souhaitera au Clall Israel une bonne santé et du plaisir dans l’étude de la Tora, et qu’Hachem guérisse tous les maux de la communauté!
Une bénédiction de bonne santé et de réussite à la famille Chekroun (Pascal) et son épouse ainsi qu’à tous leurs enfants (Villeurbanne).
Une bénédiction de santé et de longue vie à mes beaux-parents Monsieur Azoulay et son épouse (Villeurbanne) ainsi qu’à toute leur descendance.