Paracha Nasso, par le rabbi de Kalov

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Un investissement éternel

Possesseur d’une chose sainte, on peut en disposer » (Bamidbar/Nombres 5,10).

L’Admour rabbi Chlomo de Babov zatsal relate que son ancêtre rabbi ‘Haïm de Tsanz, avait l’habitude de raconter une histoire sur rabbi Chimchon Wertheimer, surnommé le prince de Vienne :

« Lorsqu’il fut nommé chargé des Finances à la cour royale de l’empereur Léopold, il occupa un poste très important, ce qui provoqua l’envie des ministres du roi, qui, rongés par la jalousie, le dénoncèrent au roi en prétendant qu’il dérobait de l’argent du trésor. Le roi eu vent de ces nombreuses dénonciations et convoqua rabbi Chimchon, et lui demanda de dresser le bilan de sa richesse et de ses biens.

« Rabbi Chimchon rentra chez lui, ouvrit son carnet de Tsedaka, et fit un calcul de tout l’argent qu’il avait donné aux pauvres, puis apporta ce compte au roi. Le souverain, qui savait que ses biens dépassaient largement cette somme, se mit en colère contre lui ; il brûlait de colère du fait qu’il avait osé lui mentir, et décida de le jeter en prison pour la faute qu’il avait commise, et tout son argent et ses biens furent confisqués par la maison royale.

« Peu de temps après, le roi vint lui rendre visite en prison, et lui demanda : « Je ne comprends pas, tu es un homme sensé et intelligent, pourquoi as-tu fait cette bêtise de ne me révéler qu’une partie de ta fortune ? Tout le monde sait que tu possèdes énormément plus que ce que tu m’as annoncé. » Rabbi Chimon répondit : « Votre majesté, je n’ai pas menti et n’ai rien dit d’illogique ; en effet, toute la richesse que le roi estime en ma possession ne m’appartient pas réellement, et en voici la preuve : subitement, tout mon argent et mes biens m’ont été pris et je suis resté démuni de tout. Mais la somme que j’ai transmise à votre majesté correspond à mes dons à la Tsedaka, et c’est ce qui m’appartient réellement, car aucun homme ne peut toucher à cet argent, pas même le roi n’est en mesure de me les confisquer. »

« Lorsque le monarque entendit rabbi Chimchon s’exprimer avec intelligence, il s’adoucit et donna l’ordre de le libérer de prison, puis lui offrit des cadeaux pour l’apaiser ».

On retrouve ce principe illustré dans une histoire rapportée par la Guéemara (Baba Bathra 11a) : le roi Mounbaz avait gaspillé ses trésors et ceux de ses ancêtres dans les années de famine, et ses frères se révoltèrent contre lui : « Tes ancêtres ont dissimulé (des trésors) et en ont accumulé d’autres, tandis que toi, tu les gaspilles. » Il leur rétorqua : « Mes ancêtres ont dissimulé des trésors ici-bas, et moi, dans les sphères supérieures. »

D’après rabbi Aharon Ratman, lors de l’enterrement de rabbi Yaakov de Kamarna zatsal, son gendre, rabbi et auteur du Min’hath Elazar de Munkatch, déclara : « On prétend que mon beau-père était riche, c’est la vérité, mais il a emporté tout son argent au Monde futur. » Lorsqu’ils ouvrirent la boîte qui contenait son argent, en pensant y trouver des sommes importantes, ils constatèrent qu’elle était vide, seul un petit papier s’y trouvait où il était inscrit : « Je dois quatre cents dollars à untel, merci de le payer.» Tout le monde savait qu’il avait des revenus importants, mais ignorait qu’il donnait en secret toute sa fortune à la Tsedaka, et ainsi, il emporta avec lui tout son argent au monde futur.

Autre histoire que j’ai entendue de l’Admour de Klausenbourg, racontée par son père, rabbi Tsvi de Rudnik, qui lui avait été contée par un autre grand rav, qui avait eu l’occasion un jour de rendre visite au domicile du célèbre bienfaiteur, rabbi Chimon Wolf de Rotschild zatsal, et se rapprocha beaucoup de lui. Un jour, rabbi Chimon Wolf lui fit faire le tour du propriétaire, lui montra sa maison et toutes les chambres à coucher, désirant qu’il lui fasse une remarque s’il voyait quelque chose contraire à la loi de la Tora ; mais il lui refusa absolument l’accès à une pièce de la maison ; cette pièce était fermée à clé et personne n’avait le droit d’y entrer : tout le monde était persuadé qu’il entreposait dans cette chambre son argent liquide.

Mais le rav insista beaucoup afin qu’il lui montre également cette chambre. Après beaucoup d’insistances, il accéda à sa requête et le fit entrer dans la pièce. Le rav fut très surpris d’y voir un cercueil, un linceul et un livre de Tehilim. Il lui demanda des explications et celui-ci lui répondit qu’un homme tel que lui, chargé de tant de responsabilités et de biens, pourrait facilement devenir arrogant et oublier ce qu’il adviendra de lui au final ; de ce fait, il avait l’usage, chaque veille de Roch ‘Hodèch, de s’enfermer dans cette pièce, de se vêtir du linceul, de s’allonger dans le cercueil et de finir toute la lecture des Tehilim. Cela lui rappelait qu’un jour, ce serait son sort et les honneurs factices et les affaires de ce monde n’auraient plus de valeur à ses yeux, comme l’ont déclaré nos Sages (Avoth 6,10) : au moment de la mort de l’homme, ni l’argent, ni l’or, ni les pierres précieuses ne l’accompagnent, mais uniquement la Tora et les bonnes actions.

Il faudrait méditer sur cette idée en cette période où D’ a envoyé dans le monde une maladie qui n’a pas de cure : les riches comme les pauvres meurent subitement, que D’ préserve. La fortune que possèdent les riches ne leur est d’aucune utilité, comme l’a affirmé le roi Chelomo (Michlé 11,4) : « La fortune ne sert à rien au jour de la colère » : ils laissent tout leur argent ici, et vivent dans le monde de vérité avec le mérite de l’argent qu’ils ont dépensé de leur vivant pour la Tora et les Mitsvoth.

Ainsi, dans le verset : « Possesseur d’une chose sainte, on peut en disposer » : seuls les fonds offerts par l’homme pour des objectifs de sainteté subsisteront pour l’éternité, car il est impossible de les lui prendre, et ainsi, il aura droit à une bonne vie pour l’éternité.

Chabbath Chalom !

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