Paracha Émor – Remercier D’ pour le cadeau de la vie, par le rabbi de Kalov

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«Quand vous ferez un sacrifice de reconnaissance à l’Éternel, faites ce sacrifice de manière à être agréés » (Vayikra 22,29)

En période d’épidémie, nous constatons que subitement, des individus perdent la faculté à respirer par eux-mêmes, et il faut déployer beaucoup d’efforts afin qu’ils respirent à l’aide d’un respirateur, et dans certains cas, ce n’est pas suffisant, que D’ préserve. Dans une période telle que celle-ci, il incombe à chacun de marquer une pause dans son quotidien pour méditer sur ce cadeau extraordinaire de la vie que nous offre D’ à chaque respiration.

Nos Sages (Yalkout Chimoni Téhilim) ont interprété ce verset (Tehilim 150, 6) : « Que tout ce qui respire loue le Seigneur, Hallelouka »: pour toute respiration, l’homme doit louer D’. Nos ouvrages sacrés expliquent que lorsque l’homme expire de l’air, la Nechama (âme) spirituelle s’élève dans le même temps, et demande à se séparer du corps matériel et à revenir à sa racine, située dans les sphères supérieures, mais du Ciel, on lui restitue son âme. Ainsi, la vitalité de l’homme est restituée à chaque expiration, comme le suggère le verset (Ye’hezkel 1,14) : « Et les ‘Haïoth (les « bêtes ») allaient et venaient.»

Celui qui vit constamment avec un sentiment puissant que D’ le fait vivre à chaque instant récite chaque jour avec une joie intense les Berakhoth grâce auxquelles on Le remercie pour le cadeau même de la vie. On relate que rabbi Mena’hem Mendel de Riminov zatsal dansait et chantait lorsqu’il récitait la bénédiction de Elokaï Nechama ; de même, rabbi ‘Haïm de Sanz récitait la bénédiction de Acher Yatsar à voix haute et avec fougue, de même pour rabbi Moché de Kouvrin, etc.

Dans une période où nous observons un grand nombre d’individus mourir subitement par décret divin, tous ceux qui restent en vie doivent réfléchir à l’importance de la vie qui leur a été accordée du Ciel. C’est le côté positif de voir des endeuillés, comme l’indique l’interprétation du verset (Kohélet 7,2) : « Mieux vaut aller dans une maison de deuil que dans une maison où l’on festoie ; là se voit la fin de tout homme : et les vivants doivent la prendre à cœur ! » Lorsque l’homme observe le deuil, il prend à cœur ce cadeau de la vie.

Le cadeau de la vie est un don gratuit du Ciel, car même celui qui accomplit les Mitsvoth ne mérite pas de salaire, selon la stricte justice. Le fait qu’il réalise les Mitsvoth provient d’une force qu’il a reçue du Ciel. Le Ba’al Chem Tov interprète un verset des Tehilim (62,13) : « Oui, Seigneur, tienne est la bonté, car Tu rémunères chacun selon son œuvre », c’est la bonté de D’ qui rémunère les Mitsvoth, comme si les actions de chacun en étaient l’origine.

Lorsque je demande à des hommes de se renforcer dans leur service divin, certains répondent qu’ils sont en colère contre D’ Qui ne leur donne pas d’enfants ou une bonne parnassa, etc. Cela ressemble à un homme qui a reçu un beau cadeau d’une autre personne, et plutôt que de le remercier, il est furieux contre lui de ne pas lui avoir apporté davantage de cadeaux. Nos Sages ont ainsi interprété ce verset (Ekha 3,39) : « Pourquoi donc se plaindrait l’homme sa vie durant, l’homme chargé de péchés ? » : pourquoi l’homme se plaindrait de ne pas obtenir tout ce qu’il désire, alors qu’il jouit de la bonté divine par le fait même qu’il est en vie ?

Lorsque des Juifs croyants échappent à un danger de mort, en période de guerre ou d’épidémie par exemple, même s’ils ont perdu des proches, que D’ préserve, ou leur source de revenus, etc., ils remercient profusément D’ de les maintenir en vie. On a constaté ce phénomène après la terrible Shoah, lorsque des Juifs croyants ont organisé des se’oudoth hodaa (repas de remerciements) du fait d’avoir échappé à la mort, bien qu’ils se fussent retrouvés dans la misère. Ainsi, mon père et maître avait organisé une se’oudath hodaa le 34ème jour de l’Omer en 1948, lorsque nous avons réussi à nous installer aux États-Unis après la Shoah.

Nous retrouvons ce thème dans la Mitsva de Pessa’h chéni, destinée à ceux qui étaient dans l’impossibilité d’offrir un Korban Pessa’h (sacrifice de Pessa’h) le jour de Pessa’h lui-même, parce qu’ils s’occupaient de leurs proches décédés. Il leur incombe d’offrir un sacrifice le jour de Pessa’h chéni en récitant le Hallel, en dépit de la mort récente de leurs proches.

De la même manière, le jour de Lag Baomèr, l’habitude est de se réjouir, sachant que ce jour marque la fin de l’épidémie ayant frappé les élèves de rabbi Akiva. Le 15 Av était également un jour de fête, car les Bené Israël avaient cessé de mourir dans le désert. Nous relevons ainsi que même en période de grand malheur, lorsque des hommes de notre peuple sont morts, il convient néanmoins de prendre le bon côté des choses, se réjouir et louer D’ pour ceux qui sont restés en vie.

Nous voyons dans la Guemara (Berakhot 54b) que toute personne malade qui avait guéri, devait remercier D’, même si elle eut préféré ne pas du tout tomber malade. Le Alchikh, dans la parachath Tsav, explique que l’homme est tenu de remercier constamment D’ de lui avoir octroyé la vie. Mais cette pensée l’assaille avec plus de force après avoir souffert d’une maladie qui a mis sa vie en danger, et de ce fait, son entourage doit en déduire qu’ils sont tenus à plus forte raison de remercier D’ pour la vie qu’Il leur a donnée et leur a permis d’échapper à tout danger.

À l’époque du Beth Hamikdach, on remerciait D’ en apportant un Korban Toda, un sacrifice de remerciement. À notre époque où nous sommes privés de Beth Hamikdach, l’homme peut exprimer sa gratitude envers D’ par la promesse et la résolution de se renforcer dans l’une des Mitsvot, comme l’indique le Midrach Tan’houma (parachath Tsav), en citant le verset (Hochéa 14,3) : « Armez-vous de paroles [suppliantes] et revenez à D’ ! Dites-Lui : « Fais grâce entière à la faute, agrée la réparation nous voulons remplacer les taureaux par cette promesse de nos lèvres. » »

Cette résolution doit tenir même après ce moment d’éveil spirituel. On relate qu’à la suite de l’épidémie de grippe en 1918 qui fit aux États-Unis des milliers de victimes, le judaïsme américain vécut un grand mouvement de Techouva, et un grand nombre de Juifs décidèrent de fermer leurs commerces le Chabbath, mais malheureusement, leur résolution fut de courte durée, et la majorité d’entre eux reprirent leur profanation du Chabbath, une fois l’effet de la menace de l’épidémie estompé.

C’est pourquoi il ne faut pas reporter la décision et s’empresser de prendre immédiatement une bonne résolution, alors que nous sommes encore sous l’effet de cet éveil, et notre cœur est prêt à adopter une bonne résolution.

Nous en trouvons également une allusion dans la paracha de la semaine : la Tora éternelle évoque le Korban Toda d’une bonne résolution que l’on peut réaliser à chaque génération. Ainsi, dans notre verset : « Quand vous ferez un sacrifice de reconnaissance à l’Éternel » : lorsque vous souhaitez adopter une bonne résolution, à l’image d’un sacrifice de reconnaissance à D’, « faites ce sacrifice de manière à être agréés » : apportez cette offrande lorsque vous êtes mus par une forte volonté. « Il devra être consommé le jour même, vous n’en laisserez rien pour le lendemain » : faites-le immédiatement, le jour où vous aurez senti cet éveil, sans le reporter au lendemain. Ainsi, vous arriverez au niveau de : « Gardez Mes commandements et pratiquez-les. » Et sachez que « Je suis l’Éternel »: J’ai la possibilité de vous récompenser largement et de continuer à vous donner une bonne vie.

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