Ilustration : arrivée de familles yéménites en 1949
Le scandale du sort réservé aux enfants yéménites lors de l’arrivée de leurs familles en Terre sainte dans les années 50 ne cesse de faire du bruit : nombre d’entre eux ont été déclarés morts de maladie, alors que l’on a constaté par la suite qu’ils ont été adoptés sans l’accord et sans la connaissance de leurs parents ! Un certain nombre d’entre eux ont déjà retrouvé leurs familles biologiques. Mais on a leurs tombes ! Que renferment-ils ? C’est là toute la question. Un tribunal civil y a répondu en permettant leur ouverture. Mais qu’en dit la Halakha ?
L’intérêt d’ouvrir ces tombes est de répondre aux exigences des familles, qui veulent être sûres que les restes funéraires qui y reposent depuis une soixantaine d’années correspondent à ceux de membres de leur groupe.
Il n’est pas évident de comprendre pourquoi une telle démarche dépendait d’une autorisation d’un tribunal, peut-être du fait que ces enfants, par définition, n’avaient pas de descendants, mais, surtout, le temps que cela a pris aux autorités judiciaires et civiles d’arriver à une telle conclusion ! De fait, les archives de cette époque (60 ans plus tard), restent encore en grande partie interdites au public…
Une autorisation précédente, accordée en 1995, avait permis de constater que les tombes étaient… vides.
Sur le plan de la Halakha, le rav Yits’hak Zilberstein a apporté une réponse (au Yated Nééman en date du 14 chevat).
Il peut y avoir trois raisons de vouloir connaitre l’identité réelle d’enfants :
1/ pour leur permettre de respecter leurs parents biologiques ;
2/ pour éviter qu’un frère ne se marie avec sa propre sœur, ou porte témoignage en faveur d’un proche ;
3/ pour qu’ils puissent hériter de leurs parents.
S’il s’agit de la première raison, il vaut mieux ne pas savoir qui sont les parents, car cette obligation n’est pas facile à remplir (cela concerne également des personnes adoptées, qui veulent savoir qui sont leurs vrais parents).
Pour la seconde raison, si les parents adoptifs savent qui sont les parents biologiques, ils peuvent empêcher toute mauvaise initiative, mais sinon, effectivement il est important de connaitre leur identité. Il est vrai que, dans le cas présent, quand les personnes concernées sont bien âgées, les problèmes sont rares.
Quant à effectuer une telle ouverture de la tombe pour arriver à des conclusions dans le domaine financier, les avis des décisionnaires sont partagés (Sdé ‘Hémed avélouth § 137), et il vaut mieux éviter d’effectuer une telle action, sauf si un Beth Din en donne l’autorisation.