Où vont-ils finir leur vie, ces condamnés à mort

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Quelle nouvelle villégiature pour les grands chefs du Hamas, ou plutôt : où vont-ils mourir ?

Les chefs militaires du Hamas pourraient être expulsés vers Alger. Un choix qui ne doit rien au hasard.

Ils sont quelques-uns à être condamnés à mort. De ce fait, aucun pays ne veut vraiment avoir à gérer leurs cadavres et encore moins à les protéger contre le Mossad. Personne ne veut des Palestiniens, encore moins de ceux qui sont à l’origine de cette énorme catastrophe qui est pire que la « Nabkha » de 1948.

La fortune des dirigeants milliardaires du Hamas, Ismail Haniyeh, chef du bureau politique du groupe terroriste, Mousa Abu Marzook et Khaled Mashal est estimée à 11 milliards de dollars à eux trois[1].

Dire que, jusqu’à leur opération du 7 octobre 2023, ils vivaient dans l’opulence au Qatar est un euphémisme. Pourtant, ils ont dû s’expatrier.

Le Qatar a gagné quelques points d’image grâce à sa médiation auprès du Hamas, qui a permis à Israël de récupérer une centaine d’otages parmi les 240 que le mouvement terroriste avait kidnappés.

Mais la présence du Komintern Hamastique dans les hôtels cinq étoiles qataris est devenue un problème pour le Sheikh Tamim bin Hamad al-Thani, depuis qu’Israël a affirmé vouloir éliminer les terroristes, où qu’ils se trouvent : Ronen Bar, chef du Shin Bet (la DGSI israélienne), a déclaré le 3 décembre qu’il les poursuivrait au Qatar et en Turquie.

De son côté, l’administration Biden, acculée à la moralpolitik par les Républicains, envisage de réexaminer l’avenir de la présence du Hamas au Qatar une fois la crise des otages résolue[2].

Coincé entre l’enclume israélienne et le marteau américain, le Sheikh a gentiment demandé à ses invités d’aller voir si le sable n’était pas plus doré de l’autre côté de ses frontières. Et, ceinture et bretelles, il a rappelé, dans le Wall Street Journal que son pays ne les avait accueillis, en 2012, que sur l’insistance de l’administration Obama, qui voulait établir un canal de communication indirect avec eux[3].

À quoi ressemble l’exil pour des milliardaires ?

Les trois milliardaires du Hamas ont donc quitté le Qatar avec leurs véhicules blindés, leur personnel pléthorique et leurs tirelires. Bien qu’ils prétendent être impatients de mourir en martyrs, ils ont éteint leurs téléphones portables afin de ne pas se faire repérer par le Mossad et leur destination est officiellement inconnue.

Mais, comme l’Algérie entretient des relations privilégiées avec eux, de nombreux petits doigts suggèrent que c’est là leur destination finale.

Si la France et Israël n’ont pas grand chose en commun, l’Algérie et la Palestine partagent les fondamentaux : leur identité tient à l’existence d’un tiers, sans lequel elles seraient incapables de déterminer la moindre individualité nationale au sein de l’Oumma, la communauté des croyants. Pour l’une, c’est la colonisation et sa raison d’être est de le faire expier à la France. Pour l’autre, c’est l’existence de l’État juif qui exhibe l’insupportable succès des dhimmis (inférieurs soumis aux musulmans) vis-à-vis du peuple supérieur.

L’Algérie aux musulmans

Avant l’islam, le Maghreb était une notion purement géographique, peuplée d’une multitude de tribus. Au Moyen Âge, on parlait de Maghreb el-Aqsa (lointain) pour désigner ce qui est aujourd’hui le Maroc, de Maghreb central pour la région qui correspond à peu près à l’Algérie actuelle et d’Ifrikia (littéralement, Afrique) pour ce qui recouvrait les deux États aujourd’hui devenus la Tunisie et la Lybie.

La région fut conquise successivement par les Romains, les Vandales, les Byzantins, puis à partir du VIIème siècle, par l’islam et les Arabes. Les Juifs, qui en étaient parmi les premiers habitants (ils y vécurent du Vème siècle avant l’ère actuelle jusqu’au milieu du XXème siècle de notre ère), ont toujours été en petit nombre, aussi ont-ils été traités en minorité plus ou moins tolérée, plus ou moins corvéable, par tous les envahisseurs. Parmi les envahis, les seuls qui furent assez nombreux et assez conscients de leur identité pour résister à tous les colonisateurs successifs sont les Berbères. Ils continuent de nos jours.

Tribus, clans, dynasties, territoires élastiques aux frontières fluctuantes, luttes fratricides, trahisons, conflits, razzias, esclavage, assassinats politiques, révoltes : nomades contre sédentaires, sunnites contre chiites, Berbères contre tous, Islam contre les Juifs puis contre les chrétiens…

Après la conquête arabe et l’islamisation, c’est l’Espagne qui se lança dans les conquêtes, les persécutions et les conversions forcées. Au XVIe siècle, les Arabes appelèrent les Turcs à la rescousse. L’empire ottoman envoya ses corsaires. Ils restèrent un siècle (1650-1750) et rendirent à la région une prospérité et une stabilité presque oubliées. La victoire contre le sultan marocain fixa la frontière à l’ouest, celle contre le Bey de Tunis fit de même à l’est.

Napoléon avait emprunté au Bey d’Alger de quoi nourrir ses soldats lors de la campagne d’Égypte et il ne l’avait pas remboursé. Après sa mort, le 30 avril 1827, une escarmouche entre le consul de France, Pierre Deval, et le Bey servit de prétexte à une expédition punitive. L’armée française en a profité pour détruire au passage un repaire de corsaires gênant le commerce des navires français en Méditerranée et pour interdire une tradition musulmane florissante : l’esclavage.

C’est ainsi que commença la colonisation de l’Algérie par la France, qui réussit à unir contre elle toutes les populations hétérogènes qui y vivaient sous sa coupe.

Les citoyens de ce qui est, aujourd’hui, la République algérienne Démocratique et Populaire sont issus de l’amalgame de ces différents groupes. À deux exceptions près : les chrétiens et les Juifs, car la guerre d’indépendance fut avant tout un nettoyage ethnique.

Ce n’est pas un hasard si les combattants indépendantistes s’appelaient les « moudjahidine », littéralement, les combattants du djihad. Leur quotidien de référence (qui partage les mêmes valeurs que notre vespéral) est toujours El Moudjahid, le djihadiste.

Ferhat Abbas qui fut le premier Président algérien, avait écrit en 1936, un article intitulé « La France, c’est moi[4] », dans lequel on lit :« Si j’avais découvert la nation algérienne, je serais nationaliste et je n’en rougirais pas comme d’un crime. Mais, je ne mourrai pas pour la patrie algérienne parce que cette patrie n’existe pas. J’ai interrogé l’Histoire, j’ai interrogé les vivants et les morts, j’ai visité les cimetières, personne ne m’en a parlé. Sans doute, ai-je trouvé l’Empire arabe, l’Empire musulman qui honorent l’Islam et notre race, mais les Empires se sont éteints. (…) La France n’a pas colonisé l’Algérie, elle l’a construite. »

La Palestine aux Jordaniens et aux Égyptiens

La Palestine, comme l’Algérie, n’avait jamais été un pays indépendant depuis 486 av. l’ère actuelle. À son emplacement, les seuls États jamais créés avaient été les royaumes juifs de Salomon, puis de Juda et d’Israël, depuis 1050 avant l’ère actuelle. Elle fut ensuite occupée par les Romains, qui changèrent le nom d’Israël en Palestine, les Grecs, les Perses, puis les Arabes, les Ottomans et, à la fin de la Première guerre mondiale, les Britanniques, qui y reçurent mandat de faciliter la création d’un Foyer national pour les juifs, sur la terre de leurs ancêtres. Il s’agissait d’un territoire de 100 000 km2, dont Churchill détacha aussitôt 77%, soit près de 80 000km2, pour les offrir à Abdallah de la tribu hachémite en remerciement de ses bons et loyaux services lors de la Grande guerre. C’était là le premier État arabe palestinien sur le territoire de la Palestine mandataire, à qui Abdallah préféra donner le nom de Royaume hachémite.

Les 27 000 km2 restants auraient dû donner naissance à deux États en 1948, l’État juif d’Israël et l’État arabe de Palestine. Les Juifs acceptèrent le deal et déclarèrent leur indépendance le 15 mai 1948. Au nom de la Oumma, la Ligue arabe refusa et cinq pays attaquèrent l’État juif le jour même de sa naissance.

Pourquoi la Ligue arabe et pas « le peuple palestinien » ? Parce qu’il n’existait pas à l’époque.

Avant 1948, la société palestinienne était composée en majorité de paysans, pour qui la référence identitaire était le clan. Les communautés étaient patrilinéaires et endogames (mariage préférentiel avec une cousine de la branche paternelle). Le statut de la femme et des enfants était assez bas. La natalité était forte, la mortalité infantile encore plus.

L’immigration arabe suivit celle des Juifs, qui fournissaient des emplois et, en assainissant les marais, faisaient disparaître de nombreuses maladies, d’où une augmentation croissante de l’espérance de vie.

Jusqu’en 1948, « les Palestiniens », c’était les Juifs. En témoigne le drapeau bleu et blanc frappé du bouclier de David, de la Palestine mandataire. Et aussi le fait qu’en 1939, l’équipe de foot palestinienne qui rencontra l’Australie était celle du Maccabi, dont les joueurs portaient un maillot orné du même bouclier de David[5] !

Le 23 mars 2012, le ministre palestinien de l’Intérieur, Fathi Hammad, s’adressant à « ses frères », leur a rappelé leurs origines communes : « Nous venons d’Arabie Saoudite, du Yémen, ou de n’importe où. Personnellement, la moitié de ma famille est égyptienne et l’autre saoudienne. Nous avons des liens de sang. Plus de 30 familles de la Bande de Gaza sont appelées Al-Masri [« l’Égyptien »]. Mes frères, la moitié des Palestiniens sont des Égyptiens. Ils peuvent être d’Alexandrie, du Caire, de Dumietta, du Nord, d’Assouan, de la Haute Égypte. L’autre moitié sont des Saoudiens. Qui sont les Palestiniens ? Nous sommes en réalité des Égyptiens, des Arabes, des musulmans.[6] »

La fin de la guerre contre l’État d’Israël nouveau-né ne fut pas marquée par des traités de paix avec les cinq pays arabes agresseurs, mais par des lignes d’armistice, du fait du refus arabe de négocier avec les Juifs.

Au terme de cette guerre, la Jordanie annexa la rive occidentale du Jourdain et ses habitants possédèrent, jusqu’en 1988, une carte d’identité jordanienne, comme leurs compatriotes de l’ex-Palestine mandataire. Aucun d’entre eux ne manifesta la moindre velléité de séparatisme nationaliste.

La Bande de Gaza, elle, était égyptienne et ses habitants ne réclamèrent jamais rien non plus de cet ordre jusqu’en 1967. La guerre des Six-jours fit bouger les lignes : Israël ravit la rive ouest du Jourdain à la Jordanie et conquit Gaza et une grande partie du Sinaï sur l’Égypte.

Du sixième jour au lendemain, les Égyptiens de Gaza et les Jordaniens de la rive Ouest se découvrirent l’âme d’un peuple et le désir irrépressible de revenir dans le logement qu’avait occupé un de leurs aïeux entre 1946 et 1948[7]. Quand l’État juif leur proposa de rendre les terres en échange de la paix, les 3 NON de Khartoum lui répondirent : non à la paix avec Israël, non aux négociations avec Israël, non à la reconnaissance d’Israël[8].

L’asile algérien pour les Hamasniks : un plan gagnant-gagnant

Il est logique que les milliardaires palestiniens trouvent asile en Algérie. Outre l’absence d’identité autre qu’un ennemi, l’hyper-richesse des dirigeants est commune aux deux, tout comme la misère des citoyens ordinaires. Corollaire évident : la corruption et la loi du plus fort y règnent identiquement. L’Iran, qui partage ces caractéristiques, ainsi que le recours au terrorisme comme politique étrangère privilégiée, finance l’une et l’autre.

Malgré son attitude repentante, la France est trop forte pour être vaincue par l’Algérie et la haine entretenue par les dirigeants n’empêche aucun Algérien d’avoir comme seul horizon un visa pour émigrer chez l’ex-colonisateur. C’est pourquoi il est devenu nécessaire de renouveler l’ennemi et de redynamiser le bouc émissaire. La cause palestinienne s’est ainsi ajoutée à la rancune anticoloniale pour détourner la violence des soumis à la corruption des dirigeants. La présence sur le sol algérien de terroristes responsables de la mort et du supplice du plus grand nombre de Juifs depuis la Shoah redorerait le blason des responsables de la misère.

Les Juifs français sont déjà 430% de plus que l’année dernière à souhaiter s’installer en Israël, non pas « malgré le pogrome du 7 octobre », mais à cause de lui et de l’augmentation de l’antisémitisme qui en a résulté. L’installation des chefs terroristes dans un pays qui a un traité d’immigration avec la France devrait inquiéter aussi les chrétiens. Ils peuvent toujours demander asile à Israël : l’État juif a déjà 20% de citoyens arabes, ils ne seront pas dépaysés !


[1] www.foxnews.com/world/hamas-billionaires-lifestyles-of-rich-terrorists

[2] www.washingtonpost.com/national-security/2023/10/26/qatar-hamas-hostage-negotiations/

[3] www.wsj.com/articles/qatar-is-the-mideasts-honest-broker-hamas-israel-america-middle-east-conflict-peace-19e3cc0f

[4] In L’Entente franco-musulmane, 27 février 1936.

[5] Voir la vidéo d’archive de British Pathé : https://youtu.be/ZETRlbQJ0uI

[6] https://moi.gov.ps/home/post/36279

[7] Seule condition pour obtenir le statut transmissible ad æternam de « réfugié palestinien » , alors que tous les autres réfugiés doivent avoir perdu leur nationalité pour obtenir un statut non transmissible est soumis à conditions (pas de violence, pas de crime ou délit…). Voir les différences entre UNWRA (réservée aux Palestiniens) www.unrwa.org/userfiles/2010011791015.pdfet et HCR (pour tous les autres réfugiés) : www.ohchr.org/en/instruments-mechanisms/instruments/convention-relating-status-refugees

[8] www.monde-diplomatique.fr/1981/11/A/36456

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