Où sont passés les Palestiniens dans le nouveau monde arabe ?

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Par le Dr. Mordehaï Kedar
Centre Begin-Sadate

Depuis des années, nous nous sommes habitués à considérer qu’il existe un « monde arabe », avec ses institutions monolithiques telles que la Ligue arabe, une instance de direction appelé « Sommet arabe » et qu’il y a un programme politique unique, à savoir : la disparition d’Israël et l’avènement, à sa place, d’un État palestinien.

Cette vision du monde appartient au passé. Ce qu’était « le monde arabe » a cessé d’exister et à la place nous avons deux camps hostiles, voire ennemis, qui se combattent avec beaucoup de détermination et sans aucune sensibilité, causant morts et blessés. Il y a le camp autour de l’Iran : l’Irak, la Syrie, le Liban, le Yémen, le Qatar et Gaza, avec le soutien extérieur de la Turquie, de la Russie et de la Chine. L’autre camp autour de l’Arabie saoudite : les Émirats arabes unis, Bahreïn, l’Égypte, la Jordanie, le Maroc, le Soudan et Israël, les États-Unis le soutenant de l’extérieur. Les autres pays arabes et islamiques se trouvent quelque part entre les deux.

Israël s’est retrouvé dans le deuxième camp uniquement parce qu’il a prouvé qu’il est le seul pays (à ce jour) au monde, capable de s’opposer à l’Iran par les armes. Depuis des années, Israël frappe Iran, sur le sol syrien, avec une fréquence moyenne de deux fois par mois, semant la destruction parmi l’armée iranienne et les milices pro-iraniennes, sans que ceux-ci osent riposter. Cette frilosité à répondre s’appelle tout simplement la « dissuasion ».

À preuve, en septembre 2019, l’Iran a attaqué un certain nombre d’installations pétrolières saoudiennes réduisant au silence une partie de l’industrie pétrolière du royaume. Y a-t-il eu une réponse saoudienne ? Y a-t-il eu une réponse d’un pays quelconque, aux attaques de l’Iran contre des pétroliers naviguant dans le golfe Persique ou la mer Rouge ? Et que dire de la « dissuasion saoudienne », après l’échec de l’armée saoudienne contre les Houthis au Yémen ?

Dans la situation actuelle du Moyen-Orient, où l’Iran continue son expansion impérialiste, Israël devient une partie de la solution, alors qu’il était auparavant le « problème ». Il s’avère rétrospectivement que la sacro-sainte « cause palestinienne », se fracture sur les nouvelles réalités régionales. Mais comme l’unité du « monde arabe » fait partie du passé, la pertinence de la cause palestinienne fait également partie du passé.

La cause palestinienne ne fait plus recette

Il y a de bonnes raisons pour pousser la cause palestinienne en marge de l’actualité. La première est l’élévation du problème iranien au niveau d’une menace existentielle, alors que le problème israélo-palestinien n’est une menace existentielle pour personne, sauf peut-être pour Israël. La deuxième raison est le comportement des Palestiniens au fil des ans, et en particulier ces dernières années. L’Arabie saoudite et les Émirats se souviennent que Yasser Arafat a soutenu Saddam Hussein lors de la conquête du Koweït (1990). De plus, les Saoudiens sont en colère contre les Palestiniens, pour avoir violé l’accord de La Mecque (février 2007), qui était censé mettre fin à la scission entre le Fatah et le Hamas. Le Hamas est une filiale des Frères musulmans, détestée par les Saoudiens, et par ailleurs, trop de Palestiniens sont prêts à « s’accoquiner » avec l’Iran, contre une aide, notamment militaire.

En même temps, des modifications profondes, principalement chez les jeunes des pays arabes sont en cours : la plupart des jeunes de ces pays-là, n’ont pas connu la « Nakba palestinienne » (la naissance d’Israël). Ces notions n’existent pas dans leur mémoire collective. Le « printemps arabe » a causé l’effondrement de certains états arabes et de leurs économies. Parallèlement, il a permis la montée de l’État islamique. Toutes ces calamités ont amené la pauvreté et la souffrance sur les populations arabes et les a jetées dans la condition misérable de réfugiés.

L’argent juif de Jamal Ryan

Voici un cas intéressant du comportement de beaucoup de Palestiniens. L’un des activistes palestiniens le plus extrémiste est Jamal Ryan. C’est l’un des créateurs de la chaîne Al-Jazeera et en même temps, son présentateur vedette. Il est né à Tulkarem (50 km au nord de Jérusalem), puis a émigré en Jordanie et est devenu un membre éminent des Frères musulmans. Récemment, on a découvert que son père était l’un des marchands de terrains qui, avant même la création de l’État d’Israël, vendait des terres aux Juifs et notamment dans la région de Hadéra (centre d’Israël). Jamal Ryan a reçu un héritage, constitué principalement de l’argent juif. Bel exemple de duplicité et d’hypocrisie. Même aujourd’hui, beaucoup de Palestiniens vendent des terres, « sous le manteau » aux détestés « colons ».

Aujourd’hui, l’expansion et l’influence des médias sociaux va à l’encontre de l’ethos palestinien. Chaque citoyen arabe peut constater en direct la vérité sur Israël. La réalité « en live » contredit la propagande du gouvernement de son pays. La traduction automatique lui permet de lire des sites en hébreu, même s’il ne comprend pas un mot en hébreu. Cette médiatisation « sans filtre » rend presque impossible pour les Palestiniens de continuer à « vendre le problème palestinien » aux musulmans, en général, et aux Arabes en particulier.

En conclusion, le monde arabe de 2020 n’est plus celui des années 2000. Ce n’est pas le « nouveau Moyen-Orient » utopique de Shimon Peres, mais une région violente, divisée, avec une majorité d’États en faillite. Ces événements ont décillé les yeux de plus en plus nombreux des pays arabes. Certes, il y a encore beaucoup de haine autour d’Israël, « le trend », la tendance est là, et espérons qu’elle ne pourra pas s’inverser. La paix et la normalisation entre Israël et les Émirats, Bahreïn et bientôt d’autres, démontre l’effondrement des théories précédentes, permettant à l’État juif d’être accepté tel quel, et non comme un ennemi.

Édouard GrisMABATIM.INFO
Traduction et adaptation

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