Autour de la table de Chabbath, 318 Terouma
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Où doit-on mettre les Tefillinnes, M. le rabbin ?
Notre paracha marque un changement dans le cours du récit de la Tora. En effet, depuis le début du deuxième livre de la Tora, « Chemoth », il est question de la sortie d’Égypte, de la traversé de la Mer Rouge et du don de la Tora. A partir de notre section, notre sainte Tora nous enseigne l’édification du sanctuaire dans le désert (le Michkan). On le sait, Hachem demande à Moché Rabénou d’ériger la Tente d’Assignation (Ohel Moed). Le Ramban explique que l’intention du Tout Puissant était de faire perdurer dans le campement juif la révélation du Sinaï pour toujours. C’est à dire que le niveau de sainteté inégalé du don de la Tora va continuer mais cette fois dans l’intimité du « Ohel Moéd ».
C’est une idée profonde qui signifie que Hachem va résider sur terre, d’une manière permanente grâce au Sanctuaire puis avec le Temple de Jérusalem. C’est grâce au service divin des Cohanim (dans le Temple) que la sainteté de D’ résidera parmi le peuple. Il est a noté que ce sanctuaire se tenait au centre du campement. Tout autour du Temple, stationnaient les différentes tribus. Les Léviim et Cohanim étaient installés juste à côté du Ohel Moéd, les autres tribus plus éloignées. Cela nous apprend que le centre de la communauté était la Maison de Hachem.
La paracha nous décrit plusieurs ustensiles qui existaient dans le Michkan. Il y avait l’arche sainte (Aron Hakodech), la Table de préposition (sur lequel était placé continuellement 12 pains), le Candélabre et enfin les autels de sacrifices. L’objet le plus saint c’était le Aron Hakodech recouvert d’or dans lequel étaient placées les Tables de la Loi (les premières, cassées par Moché Rabénou, et les secondes) ainsi que le Séfer Tora écrit par Moché Rabbénou. Sur le couvercle du Aron, il y avait deux chérubins d’or qui se faisaient face. Pendant toutes les pérégrinations du désert, la parole de D’ s’adressait à Moché Rabbénou à partir de cet endroit. Le son puissant passait entre les deux chérubins et arrivait jusqu’à Moché. La voix divine remplissait l’espace du Sanctuaire mais par miracle n’était pas audible en dehors. Sur les côtés du Aron Hakodech, il y avait quatre anneaux dans lesquels on faisait passer deux longues perches recouvertes d’or. Elles sont appelées « Badim ». Elles servaient aux Leviim pour le transport du Aron, l’Armoire Sainte, dans tous ses déplacements. On retrouve d’autres « Badim » dans les autres ustensiles du Sanctuaire. Seulement il existait une différence de taille entre l’Armoire sainte et les autres objets. Ces « Badim » étaient constamment fixés sur l’armoire et même lors des haltes (il y en a eu 42 au cours des 40 années de la traversée du désert) il était interdit de les retirer. A l’inverse, pour les autres ustensiles (la Table, l’autel), à chaque halte, ils étaient retirés. Le Mechekh ‘Hokhma (rav Méir Simha HaCohen de la ville de Dvinsk) se penche sur cette différenciation. Il explique que chaque ustensile avait une symbolique particulière. La Table de proposition amenait la bénédiction de D’ sur terre concernant la subsistance de l’homme, tandis que la Menora (candélabre) représentait la sagesse. L’Arche Sainte symbolise l’étude de la Tora. Donc lorsque les Sages enseignent qu’il fallait laisser ces « Badim » (même lors haltes), c’était un message donné aux générations suivantes : l’étude des érudits doit être soutenue par le reste de la communauté à l’image de ces perches saintes qui servaient à porter le Aron.
Les Talmidé ‘Hakhamim (pluriel de Talmid ‘Hakham) qui s’adonnent à l’étude de la Tora, pour le plus grand bénéfice de la communauté, sont les garants que l’héritage de la Tora perdurera au-delà des époques mouvementées. A l’inverse, un peuple dépourvu d’érudits, bar minan, n’a plus la capacité de trancher telle ou telle situation d’après la Loi de la Tora. Mes lecteurs le savent, le peuple juif n’est pas uniquement celui de la Bible… Il existe la Tora orale, le Talmud, les Midrachim, les Tosseftoth qui viennent éclairer le texte de la Tora écrite.
(Petit exemple parmi tant d’autres. Tous les jours, les fidèles mettent les phylactères (Tfillin). Or le verset, dans le Chema’ Israël, énonce : « Tu les mettra entre tes yeux.. ». La tradition orale apprend d’un jeu de verset (que l’on appelle une Guezéra Chava) que ces petites boites noires doivent être placées à l’endroit du cuir chevelu au-dessus du front, en son milieu. Donc tout celui qui dit, faussement, qu’il ne croit que dans le texte de la Tora écrite et place donc ses phylactères entre les yeux, comme le dit explicitement le texte, ne sera pas rendu quitte de la Mitsva et montera (ou plus tôt descendra bas dans les enfers…) après 120 ans sans cette précieuse Mitsva qui aurait pu le sauver des feux brûlants… Car après que les Sages aient éclairés le texte de la Tora écrite et expliquent comment placer les Tefillinnes sur la tête, changer d’un iota l’enseignement des Sages rendra impropre la Mitsva. Fin de la digression nécessaire).
Or, l’étude de tout ce savoir (la Tora orale) demande une grande abnégation de la part de cette tranche de population (les Avrékhim). Pour arriver à un haut niveau d’approfondissement de nos textes saints, il faut le soutien du reste de la communauté.
Le Talmud Yerouchalmi (Sota) enseigne un autre grand ‘hidouch (nouveauté). Si « un homme qui n’a pas étudié et par ricochet n’a pas atteint un haut niveau dans l’application des Mitsvoth et n’a pas non plus de grandes ressources soutient, au-delà de ses moyens, les Talmidé ‘Hakhamim, il aura droit à la bénédiction de la Tora. De plus, il est marqué que dans le monde à venir, Hachem fera une ‘houpa (dais nuptial) pour tous ceux qui ont soutenu les érudits.
Cette même idée est véhiculée par ces « Badim » qui n’étaient jamais dissociés de l’Arche sainte. Qu’au jour de la rétribution (le monde à venir), tous ceux qui ont soutenus les Talmidé ‘Hakhamim partageront, à part à peu près égale, le mérite des érudits qui ont étudié la Tora… A cogiter.
En Suisse, on ne veut pas que du chocolat….
Cette semaine je suis tombé sur un sipour qui illustre un tant soit peu mon développement. Et même si je sais que parmi mes lecteurs, il y en a qui diront : le rav Gold (qui est lui-même Avrekh) prêche pour sa « paroisse », ce n’est pas pour autant que je m’interdis de vous partager cette histoire véritable. Ce récit est rapporté par le rav Zilberstein de Bené Brak. Cette histoire remonte à une quinzaine d’années. Il s’agit de deux frères, l’un résidant à Londres et le second en Suisse. Toutefois, il n’y a pas que la distance physique qui les sépare, l’un est Talmid ‘Hakham sur les berges de la Tamise tandis que le second est complètement étranger à tout ce qui touche le judaïsme. De plus, l’érudit de Londres vivait une vie des plus chiches, tandis que son frère au pays du chocolat et des banques, disposait d’une fortune colossale. Les deux frères prirent des directions dans la vie complètement différentes. Le premier choisit de pratiquer intégralement la Tora tandis que le second choisi la voie du business et de la grande fortune. Seulement comme mes lecteurs le savent, nul n’est éternel sur terre… Même si on vit dans la plus grande opulence, vient le moment de rendre son âme à son Créateur… Un jour, notre Talmid ‘Hakham, de Londres, fut contacté par la famille de son frère suisse afin qu’il vienne au plus vite à son chevet. Notre Talmid ‘Hakham prit l’avion et arriva dans la confédération helvétique. Il savait que son frère était riche mais pas à ce point. Un taxi le conduisit devant un immeuble barricadé par la police et des majordomes : c’était la demeure du magnat. A l’entrée il déclina son identité, on le fit traverser avec beaucoup de prévenance de longues allées et de magnifiques espaces dignes des plus grands musées londonien… Notre érudit fut conduit jusqu’à la pièce où était alité son frère qu’il n’avait pas vu depuis belle lurette. Après les retrouvailles, le frère parla tout de go et dit d’une voix faible : « Les plus grands professeurs de la ville ne me donnent que quelques jours à vivre à cause de la maladie, ‘hass veChalom. Je connais toute l’étendue de mes activités et de mes biens. Seulement le jour du grand départ se précise et j’ai de terribles remords. J’ai le sentiment que malgré toute ma fortune, je n’ai rien fait de ma vie (sic). Or D’ seul sait combien j’ai des biens dans tous les recoins de la planète. Je sais que toi, tu as fait de la Tora et des Mitsvoth tout le long de ta vie. Je veux te proposer un contrat en bonne et due forme. Je te lègue la moitié de ma fortune, estimée à des milliards… en contrepartie, tu me rétrocèdes la moitié de ton étude de Tora de toute ta vie ! Qu’est-ce que tu en penses, frérot…? » Notre Talmid ‘Hakham était suffoqué de la proposition et lui demanda quelques temps de réflexion. Le frère alité rajouta : « Si tu as la patience, je peux faire avec toi l’inventaire de tous mes biens et convoquer un avocat pour signer le contrat… » (Avant d’entendre la réponse du londonien, je demanderai à mes lecteurs ce qu’ils pensent d’une telle proposition ! Est-ce que cela vaut vraiment la moitié des milliards ou bien beaucoup plus ?) Le Talmid ‘Hakham réfléchit et dit : »Je t’aime, mais en aucune façon. Je ne veux pas perdre la moitié de mon monde futur même pour tous tes millions (milliards)… ». (Ndlr, cet homme était honnête avec lui-même, certainement qu’il aurait voulu aider son frère le jour de sa détresse, seulement la Tora qu’il a apprise dans la difficulté n’est pas monnayable même pour tout l’or du monde). L’histoire ne dit pas comment le magnat partagea ses biens. Cependant, ce qui est certain c’est qu’il rendit son âme. Après l’enterrement, notre érudit de Londres retourna à son étude dans un des Collelim de la capitale. Seulement après quelques temps il eut des remords sur toute l’affaire. Avait-il bien fait de refuser l’offre de son feu-frère ? Il questionna le rabbi Haïm Kaniévski (par l’intermédiaire du rav Mann). Le rav lui répondit : « Un acte de vente de cet ordre n’a pas de valeur. On ne peut pas vendre le mérite de son étude déjà effectuée (ndlr : la Tora étudiée appartient à l’érudit. On ne peut pas la vendre ou la donner. Voir le bestseller « au cours de la Paracha » / Toldoth, où j’ai un peu traité du sujet). Il s’agit d’une Guemara explicite. Le Talmud dans Sota 21 rapporte que Hillel était un grand ‘Hakham du Clall Israël qui a vécu toute sa vie dans une grande pauvreté. Seulement vers la fin, alors qu’il était devenu une sommité dans l’étude de la hora, son frère se prénommant « Chivné », qui avait réussi dans les affaires, lui proposa de lui racheter la moitié de ses mérites contre argent comptant. Dessus, une voix céleste se fit entendre et dit que sur Chivné s’applique un verset du Cantique des Cantiques, « Si tu lui donnes toute ta fortune, cela ne servira à rien… » C’est-à-dire qu’un homme ne peut racheter l’étude de son prochain déjà accomplie. Le Rama (Yoré Déa 246.1) tranche ainsi la Halakha (cependant, il existe un contrat « Yssahar et Zevoulon » qui opère un partage des mérites entre le Talmid ‘Hakham et le bienfaiteur concernant l’étude présente et à venir… Non pas du celle du passé).
Coin Halkha : On ne commencera pas à faire la bénédiction sur le pain (Hamotsi) avant de l’avoir pris dans les mains. Le Choul’han ‘Aroukh enseigne que c’est une allusion (les dix doigts des 2 mains) à 10 Mitsvot qui interviennent dans la fabrication du pain.
Les voici : « Ne pas labourer la terre avec l’âne et le bœuf », « ne pas ensemencer deux espèces de graines ensemble », « ne pas museler l’animal lorsqu’il marche sur le grain », les Mitsvot de Tsedaka, « Léket/Chihka/les coins des champs/ la Terouma/ Ma’asser Richon/ Ma’asser Chéni et la ‘Hala ».
Dans le cas où l’on fait la bénédiction et que l’on rende quitte d’autres gens attablés, il faudra qu’ils écoutent entièrement la bénédiction (du chef de table) avec l’intention de s’acquitter et répondront « Amen » à la fin de la bénédiction.
Shabbat Chalom et à la semaine prochaine si D’ le veut !
David Gold
Une grande berakha à Monsieur W. et son épouse (Elad) pour son aide à la publication de notre feuillet, qu’ils reçoivent toutes les bénédictions de la Tora et pour leur descendance.
Une bénédiction à notre ami Fréderic Encel et son épouse ainsi qu’aux enfants.
Une bénédiction à Jérémy Abécassis et son épouse (Raanana) à l’occasion de la naissance des jumelles Ché Ti’hiou, qu’ils aient le mérite de les voir grandir ainsi que le reste de la famille dans la Tora et les Mitsvoth.