Lorsque l’ancien président Barack Obama a dit qu’il se sentait « encouragé » par les manifestations anti-Trump, il envoyait un message d’approbation à ses troupes. Ses troupes ? Oui, Obama a une armée d’agitateurs – plus de 30.000 – pour mettre des bâtons dans les roues à son successeur républicain à chaque tournant de sa présidence. Et Obama les commandera à partir d’un quartier général, situé à 3 km de la Maison Blanche.
Nous avons affaire à une post-présidence très inhabituelle. Obama ne se contente pas de rester à Washington. Il travaille dans les coulisses pour mettre en place ce qui sera effectivement un gouvernement de l’ombre, non seulement pour protéger son héritage menacé, mais pour saboter l’administration entrante et son populaire slogan « America First » (l’Amérique d’abord).
Il le fait à travers un réseau d’ONG de gauche appelé Organisation For Action (OFA). Normalement, une organisation créée pour soutenir un politicien et son ordre du jour, est censé fermer boutique après que le candidat quitte le bureau. Mais il n’en va pas ainsi d’Obama avec l’OFA. Au contraire, il se prépare à la bataille, avec un agenda de batailles à mener, qui gonfle de jour en jour, et plus de 250 bureaux à travers le pays.
Depuis l’élection de Donald Trump, cette armée de protestation peu connue mais bien financée a renforcé ses équipes de personnel en recrutant de jeunes militants libéraux, qui déclarent sur le site Web: «Nous ne sommes pas vaincus.» Déterminé à sauver l’héritage d’Obama, l’OFA dessine les lignes de fronts sur l’immigration, l’ObamaCare, l’antiracisme et le changement climatique.
Obama est intimement impliqué dans les opérations de l’OFA et même dans les tweets du compte du groupe. En fait, il a donné des ordres de marche aux soldats de l’OFA après la victoire de Trump.
« Il est compréhensible de se sentir stressé, triste, découragé, a-t-il dit lors d’une conférence téléphonique depuis la Maison Blanche, mais il faut le surmonter. » Il a exigé qu’ils « avancent pour protéger ce que nous avons accompli. »
«C’est maintenant le moment d’organiser quelque chose,» dit-il. – Alors, ne vous fâchez pas.
Loin de bouder, les militants de l’OFA l’ont aidé à organiser des marches anti-Trump à travers les villes américaines, dont certaines se sont transformées en émeutes. Après que Trump ait publié une interdiction temporaire sur l’immigration de sept nations musulmanes sujettes au terrorisme, les manifestants ont bloqué les aéroports, en chantant: « Pas d’interdiction, pas de mur, un refuge pour tous ! »
Dirigée par les anciens aides Obama et les organisateurs de sa campagne, l’OFA, selon le fisc, est une organisation à but non lucratif « non partisane » constituée de 32.525 bénévoles à l’échelle nationale. Enregistrée comme une association 501 (c) (4), l’association n’a pas à divulguer quels sont ses donateurs, mais ils ont été généreux. L’OFA a engrangé plus de 40 millions de dollars en contributions et subventions depuis l’organisation de la campagne d’Obama « Obama pour l’Amérique » en 2013.
L’OFA, selon l’IRS, forme de jeunes militants pour développer leurs «compétences d’organisateurs». Armé avec la base de données de la campagne 2012 d’Obama, l’OFA prévoit de gagner la majorité au Congrès pour que les candidats démocrates puissent dresser un mur de résistance face à Trump à l‘autre extrémité de la Pennsylvania Avenue.
Il sera aidé dans cet effort par la Fondation Obama, dirigée par Eric Holder, l’ancien directeur politique d’Obama, et le Comité national de redécoupage démocratique, lancé le mois dernier, pour mettre fin à ce que Obama et Holder appellent les mandarins des districts des congressistes (GOP «gerrymandering»).
Obama va superviser tout cela dans une Maison blanche de l’ombre, située à moins de trois kilomètres de Trump. Son fief se compose d’un manoir, qu’il fait fortifier avec la construction d’une enceinte en briques, et un bureau voisin financé par les contribuables qui est doté de son propre chef d’état-major et d’un bureau de presse. Michelle Obama ouvrira aussi un bureau là-bas, avec la Fondation Obama.
La phase critique du programme sera de reconstruire le Parti démocrate, au tapis. Obama espère installer son ancien chef des droits civiques Tom Perez, à la barre du Comité national démocratique.
Pérez est candidat à la présidence vacante et jure qu’ «il est temps de s’organiser et de combattre. . . Nous devons nous tenir prêt à protéger les réalisations du président Obama », tout en promettant :« Nous allons construire une force d’opposition appuyée sur la base, la plus forte que ce pays ait jamais vue ».
Obama, âgé de 55 ans, ne se contente pas de retourner tranquillement dans l’ombre comme les autres anciens présidents. « Vous allez me voir au début de l’année prochaine », a-t-il déclaré à ses troupes de l’OFA après les élections, « et nous allons être dans une position où nous pourrons commencer à cuisiner toutes sortes de trucs géniaux.
« Le fait est, que ma flamme est toujours vive et que suis prêt à agir. » a-t-il ajouté.
Paul Sperry est l’auteur de « The Great American Bank Robbery », qui détaille le lien entre les politiques de logement fondées sur la race et la crise des prêts hypothécaires.