Obama a poussé les dirigeants arabes vers Israël en alignant leurs intérêts sur ceux de Nétanyahou par sa gestion maladroite de la question iranienne et du printemps arabe.
Pour les lecteurs de Dreuz j’ai traduit ce texte d’opinion signalé par Honest Reporting et publié le 10 octobre dans le Wall Street Journal. Les auteurs sont Haisam Hassanein et Wesam Hassanein
Les relations israélo-arabes se sont récemment réchauffées. Le mois dernier, le roi du Bahreïn, Hamad bin Isa Al Khalifa, aurait exhorté les autres pays arabes à mettre fin à leur boycott et à normaliser leurs relations avec Israël.
En août, le gouvernement égyptien a publié une lettre du prince héritier saoudien Mohammed bin Salman affirmant l’engagement de Riyad aux arrangements existants entre l’Egypte et Israël concernant le détroit de Tiran – la première reconnaissance publique saoudienne des droits maritimes d’Israël dans les détroits de la région.
Plusieurs responsables arabes se seraient entretenus en privé avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu et les responsables israéliens de la défense.
Israël aurait bénéficié d’une coopération étroite en matière de sécurité et de renseignement avec l’Égypte, la Jordanie et plusieurs monarchies du Golfe.
Le mois dernier à l’ONU, le président égyptien Abdel Fattah el-Sisi et le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel Al-Jubeir, ont adopté un ton plus calme en ce qui a trait au conflit israélo-falestinien et n’ont pas critiqué Israël.
M. Sisi s’est écarté de son discours prévu et a appelé le peuple falestinien à accepter Israël et à vivre en paix aux côtés de ses citoyens.
On peut mettre ce changement de ton arabe au crédit de l’Administration Obama – en particulier, de son désaccord avec M. Nétanyahou.
Du point de vue des dirigeants arabes, l’Administration Obama a soutenu la vague d’islamisme politique qui a englouti la région à la suite du Printemps arabe. Elle a également mis en danger leurs régimes d’une manière sans précédent en abandonnant le président égyptien Hosni Moubarak et en ralentissant les exportations militaires vers l’Arabie saoudite et le Bahreïn sous prétexte de démocratisation.
Pire encore, l’Administration Obama a signé un accord nucléaire avec l’Iran qui a contribué à réintégrer le régime des ayatollahs dans la communauté internationale tout en déclenchant une vague de déstabilisation dans toute la région.
Les vues de M. Nétanyahou sont parfaitement alignées sur celles des dirigeants arabes sur toutes ces questions. Tous ont rejeté la conviction de l’Administration Obama à l’effet que l’Iran mérite une part du butin (pétrolier) du Golfe et que les Arabes doivent accueillir Téhéran à bras ouverts.
Les dirigeants arabes ont admiré les critiques publiques de M. Nétanyahou à l’égard du Président Obama lors des négociations concernant l’accord sur le nucléaire (avec l’Iran).
Le rédacteur en chef du site Internet Al-Arabiya a publié en mars 2015 un article intitulé «Président Obama, écoutez Nétanyahou sur l’Iran». Les dirigeants arabes partagent l’opinion de M. Nétanyahou selon laquelle les politiques d’Obama sur la stabilité de leurs régimes ont créé des vides sociaux, politiques et sécuritaires que les islamistes radicaux ont rapidement comblés.
Les dirigeants arabes ont réalisé qu’ils pouvaient s’inspirer de la capacité de Nétanyahou de résister aux pressions d’Obama. Il s’est allié avec le Congrès américain afin de repousser les efforts d’Obama pour s’immiscer dans la politique israélienne interne.
Les dirigeants arabes ont décidé de s’allier avec Israël dans l’espoir de naviguer avec succès dans le système politique américain.
Cet été, Yousef Al Otaiba, l’ambassadeur des Émirats arabes unis à Washington, a révélé un effort concerté visant à rejoindre des personnalités juives américaines à Washington afin d’aider son gouvernement à établir des contacts avec Israël.
Le Leader égyptien, el-Sisi a fréquemment rencontré des organisations juives américaines au Caire, à Washington et à New York, où il les a assuré de son engagement à maintenir la paix avec Israël.
Les dirigeants arabes ont pris conscience de l’urgence d’engager Israël directement au lieu de compter sur les États-Unis comme médiateur.
Leur sentiment d’urgence découle d’un profond sentiment de trahison de la part d’Obama. Même avec le Président Trump au pouvoir, la menace iranienne et les dangers du terrorisme dans les États arabes sont toujours présents.
Ainsi les États arabes en sont venu à considérer que de meilleures relations avec Israël sont nécessaires à la stabilité de la région à long terme. L’ouverture arabe envers Israël est irréversible.
On peut difficilement remettre le génie dans la bouteille.
* Haisam Hassanein est membre du Washington Institute for Near East Policy. Wesam Hassanein est candidat à la maîtrise à l’American University’s School of International Service.
(Note: Je ne suis pas si sûre pour ma part que ces ententes entre l’Arabie saoudite, l’Égypte et Israël soient autres choses que de la diplomatie de circonstance surtout dirigée contre l’Iran.)
© Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.