Nucléaire iranien: le régime cherche à assurer sa survie

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par Majid Rafizadeh

Cette année, grâce aux efforts incessants – et souvent vilipendés avec malveillance – d’Israël, qui se bat seul, tel David contre Goliath, pour sauver l’Occident d’une tyrannie autocratique, le régime iranien a enfin dû faire face à des revers importants. Israël, sans être remercié, a affaibli l’Iran et ses mandataires, le Hezbollah et le Hamas, a diminué leur influence et a déstabilisé leur projet d’ effacer Israël – et par la suite la civilisation occidentale – de la carte.

A cela s’ajoute l’effondrement du régime syrien de Bachar al-Assad, allié de longue date de l’Iran, qui a encore davantage isolé le régime iranien. Ces événements ont porté un coup dur à l’influence stratégique de l’Iran et à ses ambitions régionales. Mais se reposer sur ses lauriers serait une grave erreur.

L’histoire a montré que sous-estimer son adversaire peut avoir des conséquences désastreuses. Aujourd’hui plus que jamais, le régime iranien cherche désespérément à assurer sa survie en accélérant sa quête de l’arme nucléaire. Alors que ses alliés et ses mandataires s’effondrent, l’armement nucléaire semble être le dernier espoir du régime pour maintenir son emprise sur le pouvoir et consolider sa force.

De plus, maintenant que la Syrie est fermée comme voie d’approvisionnement pour le réarmement du Hezbollah, l’Iran envisagerait d’envoyer des armes par avion directement au Liban pour réapprovisionner le Hezbollah, afin que les deux parties puissent poursuivre leur objectif commun d’éliminer Israël. Les mollahs doivent partir. Tant qu’ils resteront au pouvoir, les chances d’une paix durable dans la région sont nulles.

Ces dernières semaines, l’Iran a considérablement intensifié son programme nucléaire, ce qui a sonné l’alarme – enfin ! – dans la communauté internationale. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’organisme de surveillance nucléaire de l’ONU, a presque reconnu que la relance de l’accord nucléaire JCPOA de 2015 était vaine : l’Iran est désormais un État au seuil de l’arme nucléaire. Le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, a déclaré ce mois-ci : « L’Iran possède de l’uranium enrichi à 60 % – 90 % étant de qualité militaire – et se situe donc pratiquement au même niveau que les États dotés de l’arme nucléaire. »

Même des acteurs traditionnellement prudents comme le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne ont exprimé leur inquiétude. Dans une rare déclaration commune, ces pays ont appelé l’Iran à « inverser son escalade nucléaire », soulignant qu’il n’y avait « aucune justification civile crédible » au stock d’uranium hautement enrichi de l’Iran. Ils ont averti que ce stock sans précédent de l’Iran lui permettait désormais de « produire rapidement suffisamment de matières fissiles pour de multiples armes nucléaires ».

Malgré ces développements alarmants, l’Occident semble pour l’instant s’être uniquement engagé dans l’utilisation des « outils diplomatiques » pour freiner les ambitions nucléaires de l’Iran. La déclaration commune des trois pays européens réitère leur détermination à « utiliser tous les outils diplomatiques pour empêcher l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire ». Bonne chance.

Malheureusement, nous avons déjà pu constater à plusieurs reprises l’inefficacité de la diplomatie avec l’Iran. Ses dirigeants ont ouvertement admis que son programme nucléaire avait toujours été orienté vers le développement d’armes, ce qui a mis à mal toute prétention ultérieure à des intentions pacifiques. Les négociations diplomatiques, notamment l’accord nucléaire de 2015, n’ont fait que donner à Téhéran le temps de faire avancer ses ambitions nucléaires – comme le permettaient les « clauses de caducité » de l’accord.

Les plus grands problèmes à l’heure actuelle sont la volonté politique et le temps. Si l’Iran annonce qu’il a développé une bombe nucléaire, le paysage géopolitique aura changé de manière irréversible. L’Iran atteindrait un niveau d’invulnérabilité qui va de pair avec la dissuasion nucléaire, ce qui permettrait au régime d’agir avec encore plus d’agressivité et de mépris des normes internationales. Sur le plan intérieur, le régime pourrait intensifier sa répression, écrasant toute opposition avec une efficacité encore plus brutale. Sur le plan international, l’Iran pourrait également équiper ses mandataires terroristes d’armes nucléaires, les rendant ainsi pratiquement intouchables.

Les conséquences pour la sécurité mondiale sont plus qu’effrayantes : un régime extrémiste doté d’armes nucléaires, appelant ouvertement à l’annihilation d’Israël et poursuivant des objectifs anti-américains et anti-occidentaux dans le monde entier. Ce régime a déjà lancé des centaines de missiles balistiques sur Israël, le « petit Satan », un pays de la taille du New Jersey. Qu’est-ce qui l’empêcherait d’utiliser une bombe nucléaire ? L’ancien président iranien Ali Akbar Hashem Rafsanjani a ciblé Israël il y a plus de dix ans comme un pays à une seule bombe.

En outre, la volonté éventuelle de l’Iran de partager sa technologie nucléaire avec des dictateurs et des groupes terroristes partageant ses idées en Amérique latine et dans d’autres régions constitue une menace pour la sécurité mondiale, sans parler de la course aux armements nucléaires qui s’ensuivrait sans aucun doute au Moyen-Orient.

La diplomatie a échoué, à la surprise de tous, sauf peut-être des administrations Obama et Biden. Le temps des demi-mesures est révolu. L’Occident doit non seulement imposer les sanctions les plus dures imaginables, ciblant tous les pans de l’économie iranienne, mais il doit aussi et surtout soutenir le peuple iranien, qui souffre depuis longtemps sous ce régime brutal et aspire à la liberté et à une gouvernance démocratique.

Les récentes pertes de l’Iran ont laissé le régime s’accrocher à l’espoir que les armes nucléaires lui permettront d’assurer son règne et de dominer le Moyen-Orient, puis le reste du monde , en utilisant le Venezuela et les Caraïbes pour neutraliser le « grand Satan », les États-Unis.

Permettre à l’Iran de réussir dans ces entreprises n’est pas une bonne idée. Le peuple iranien et toute la région doivent être libérés d’un avenir de tyrannie. Il faut éviter que l’Iran ne se dote de l’arme nucléaire et ne soit dirigé par des mollahs en mission. Cette opportunité ne se présentera pas éternellement.

Le Dr Majid Rafizadeh est un universitaire, stratège et conseiller, analyste diplômé de Harvard, politologue et membre du conseil d’administration de Harvard International Review. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la politique étrangère des États-Unis et l’islam. 

JForum avec www.gatestoneinstitute.org

Sur la photo : un missile balistique hypersonique Fattah est présenté lors du défilé militaire annuel à Téhéran, le 22 septembre 2023. (Photo de l’AFP via Getty Images)

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