528 personnes. Des hommes, des femmes, de nombreux enfants, arrêtés le même jour parce qu’ils sont de confession juive, afin d’être emmenés vers le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Le 11 septembre 1942, il y a 75 ans jour pour jour, une rafle était organisée dans le Nord et le Pas-de-Calais, quelques semaines seulement après celle du Vel d’Hiv.
Tout commence dans la région lensoise. Depuis le mois de juin 1942, les Juifs ont obligation de porter une étoile jaune sur leurs vêtements. « À Lens comme ailleurs, le port de l’étoile jaune a permis la mise à jour des fichiers de recensement des Juifs. L’administration préfectorale du Pas-de-Calais et le commissariat de Lens apportent leur aide à ce travail d’identification et répondent avec application aux ordres des occupants« , indiquent les archives départementales du Pas-de-Calais.
C’est ainsi que le 11 septembre 1942, à 4h du matin, la rafle commence. Tout le monde est arrêté. Les Juifs apatrides, réfugiés, mais aussi ceux de nationalité française. « 317 personnes (dont 223 Lensois) sont arrêtées, regroupées et emmenées à la gare. Désignées pour la déportation, elles sont conduites à Auschwitz-Birkenau avec les 1048 déportés du Transport X qui part de Malines le 15 septembre« , poursuivent les archives départementales sur leur site internet.
Les archivent publient notamment ce document édifiant, une lettre rédigée le 16 septembre par le chef de culte israélite de Lens et adressée au chef de cabinet du Préfet. « Suite à la visite d’hier que vous avez accepté de m’accorder, j’ai l’honneur de vous prier de bien vouloir intervenir auprès des autorités supérieures de Lille, comme vous m’avez promis de le faire, en vue d’obtenir la libération de personnes qui ont été arrêtées à Lens, le 11 septembre, qui ont des Français dans leur famille ou qui sont elles-mêmes françaises« , entame le responsable religieux. S’ensuit une liste de noms d’enfants, accompagnés d’endroits où ils pourraient être logés. Mais c’est peine perdue : à la date où a été écrit le courrier, le train est déjà parti vers Auschwitz. 9 jours plus tard, l’auteur de la lettre sera lui-même déporté.
Indifférence française
Ce jour-là, aucune aide ne viendra de l’Etat français ou de ses ressortissants, à Lens. Aucune contestation. Ce n’est qu’une fois arrivés à la gare de Lille-Fives que des cheminots auront le courage de sauver quelques unes de victimes, permettant notamment « à des enfants de s’échapper du train« . Seules 18 personnes sont revenues des camps après la guerre.
75 ans après, des monuments ont été élevés pour se souvenir de ces personnes déportées. A la synagogue de Lille, les noms sont gravés dans du marbre, pour ne pas oublier. Il y a 5 ans, une grande cérémonie avait été organisée à Lens en hommage aux victimes de cette raflé méconnue.