Shoah: la Commission Bergier chahute
Quelle a été l’attitude de la Suisse face aux Juifs durant la 2e Guerre mondiale? Un colloque se penche dimanche à Paris sur une question sensible qui divise les historiens: le nombre de Juifs refoulés par la Confédération.
Le Mémorial de la Shoah à Paris réunira dimanche un panel inédit d’historiens spécialistes de la Suisse face au génocide nazi. Ils vont y affronter leurs visions concernant le refoulement des Juifs à la frontière suisse.
D’un côté, plusieurs anciens membres de la Commission Bergier, qui a publié son rapport il y a 16 ans. A l’époque, les estimations parlaient de 20’000 à 30’000 Juifs refoulés.
De l’autre côté, l’historienne Ruth Fivaz-Silbermann revoit ce chiffre nettement à la baisse, à environ 3000, dans sa thèse diffusée l’an dernier.
L’image de la Suisse en jeu
Le vice-président du Mémorial de la Shoah, Serge Klarsfeld, célèbre « chasseur de nazis », soutient le résultat des recherches de Ruth Fivaz-Silbermann. Il relève l’importance de la conférence pour l’image de la Suisse.
« Je ne peux pas supporter qu’on donne des chiffres qui ne sont pas justes. (…) Je pense que pour l’image de la Suisse, c’est une image tout à fait différente, 3000 ou 30’000″ Juifs refoulés », déclare Serge Klarsfeld.
Spéculations
Ces critiques sont peu appréciées par Jacques Picard, ancien membre de la Commission Bergier. Pour lui, les chiffres revus à la baisse seraient de simples spéculations extrapolées des cas relevés à la frontière genevoise.
« On peut toujours discuter des chiffres, mais il serait beaucoup plus utile de faire de nouvelles recherches sur les questions qui restent à approfondir », explique Jacques Picard, citant notamment l’histoire des oeuvres d’entraide, le rôle des femmes et la protection diplomatique des citoyens et citoyennes suisses qui ont été victimes des nazis.