La communauté juive canadienne aurait, du moins en apparence, connu son déclin le plus important des dernières décennies. Des chiffres sur la composition ethnique du pays tirés du plus récent recensement laissent en effet entendre que ce groupe a subi une baisse d’environ 54 % sur une période de cinq ans.
Ce recul – de 309 650 personnes en 2011 à 143 665 en 2016, soit une différence de près de 166 000 personnes – est le plus important à être survenu pour l’ensemble des groupes ethniques figurant dans les données de recensement publiées la semaine dernière à ce sujet.
Il dépasse aussi de beaucoup d’autres baisses moins importantes révélées dans de précédents recensements et attribuées aux changements démographiques observés au Canada en général, à savoir une population vieillissante avec un faible taux de natalité.
Ce déclin soulève des questions sur l’exactitude du portrait de la communauté juive dressé par ces données.
Selon Shimon Fogel, chef de la direction du Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA), il est évident que la communauté juive n’a pas fondu de moitié au cours des cinq dernières années.
Les leaders de la communauté ont l’intention de faire pression sur Statistique Canada afin de changer le questionnaire détaillé avant le recensement de 2021, de crainte que l’histoire se répète dans cinq ans et que les résultats soient encore faussés. S’ils ne parviennent pas à convaincre l’organisme fédéral, ils devront trouver un moyen d’effectuer leur propre recensement.
Ces chiffres soulignent la difficulté qu’éprouve depuis longtemps la communauté à définir le terme « juif ». Certains estiment qu’il s’agit d’une identité religieuse et ethnique, alors que d’autres le voient comme une affiliation culturelle.
Un portrait exact de la communauté juive canadienne exige un sondage conçu pour refléter les nuances des répondants juifs, pour qui l’identité juive est un mélange de religion, d’ethnicité et d’appartenance à un peuple. La question sur l’ethnicité, c’est là où le recensement de 2016 semble avoir échoué.
Cette situation pourrait avoir des répercussions sur d’autres groupes ethniques qui utilisent les données du recensement pour faire du lobbyisme auprès des gouvernements concernant leurs politiques ou pour aider leurs dirigeants à décider où investir leur argent et leurs ressources.
Source ici.radio-canada.ca