Le 19 mars 2012, alors Président de la République en campagne pour sa réélection, Nicolas Sarkozy enregistre un message dans le cadre de la présidentielle quand il apprend la tuerie survenue à l’école juive de Toulouse, Ozar Hatorah, où il se rend aussitôt. « Pas un instant, je n’ai oublié ce que j’ai vécu avec vous », a-t-il assuré aux familles Monsénégo et Sandler, aux autorités et aux élus réunis ce mardi pour le baptême de l’allée du jardin Edmond-Michelet qui porte désormais les noms de Myriam Monsonégo, Gabriel, Arié et Jonathan Sandler.
« Ma vie a été bouleversée par ce qui s’est passé ici », a poursuivi l’ancien chef de l’Etat qui a parlé après les témoignages poignants des familles de victimes puis les discours de Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Education, et de Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse. « Mais que peut-on dire qui soit à la hauteur de ce qui s’est passé ! », s’est exclamé Nicolas Sarkozy, orateur né pour ceux qui l’auraient oublié, et dont les propos ont été régulièrement ponctués d’applaudissements.
Notre-Dame en flammes
Lorsqu’il est à Toulouse il y a près de sept ans, c’est à une scène biblique, le Massacre des innocents, reproduit par de grands peintres, qu’il pense aussitôt. Mais sans l’évoquer publiquement, a-t-il précisé. Sur la base de cette référence, l’ancien Président de la République, retiré de toute fonction élective, a alors livré un discours de politique générale. «La culture judéo-chrétienne est le socle de notre civilisation occidentale. Je n’ai pas peur d’affirmer cette vérité. » Et « la laïcité n’a rien à voir avec ces racines. Une société qui ne reconnaît pas ses racines, c’est une société qui a honte d’elle-même. Il n’est pas nécessaire d’aller à la messe pour pleurer devant Notre-Dame en flammes. » Fidèle à lui-même, Nicolas Sarkozy a enfoncé le clou : « Cette civilisation nous devons la défendre », a-t-il plaidé car « au-delà des enfants, c’est (elle) qui était la cible du meurtrier. »
À la toute fin de son intervention, Nicolas Sarkozy est allé un peu plus loin, confiant « la grande colère » qui l’envahit parfois : « Au nom de la démocratie et de la civilisation, on finit par accepter trop de choses. La démocratie doit être forte et ne jamais faiblir. La République ne doit pas se laisser marcher sur les pieds. Il faut arrêter de dire : « Plus jamais ça », il faut maintenant des moyens pour qu’il n’y ait plus jamais ça. »
Face à la communauté juive touchée au cœur et toujours ciblée, les propos ont fait mouche.
La voix des familles
L’inauguration de l’allée Monsonégo-Sandler ce mardi à Toulouse a été marquée par une profonde émotion. « Je nous revois à l’école primaire venir ici dans ce jardin », a rappelé au micro, d’une voix claire, Ava, amie de Myriam Monsonégo. La voix de Franck Touboul, président du CRIF, qui s’exprimait pour la famille Monsonégo, s’est étranglée en évoquant les derniers instants de Myriam. Samuel Sandler a condamné « les propos antisémites de l’imam de Toulouse ». Mère d’Arié et Gabriel, femme de Jonathan, Eva Sandler est venue exprès de Jérusalem où elle habite désormais.
Pour l’ancien président de la République, une séquence privée a également eu lieu ce mardi après-midi, à la librairie Privat, avec la signature de son livre « Passions » (éditions de l’Observatoire). Lors de chacune de ses séances de dédicaces, Nicolas Sarkozy attire les foules. Cela devrait être le cas à nouveau dans la Ville rose.
Entre ces deux événements, un autre rendez-vous, en dehors de la présence des médias, était aussi programmé. Dans le salon rouge du Capitole, Nicolas Sarkozy a remis la Grand-Croix de l’ordre national du mérite à la cantatrice toulousaine Mady Mesplé, âgée aujourd’hui de 88 ans.
L’ancien chef de l’Etat a déjeuné au Capitole avec Jean-Luc Moudenc. Le maire de Toulouse s’est s’affiché à ses côtés puisqu’il l’a accompagné de la place du Capitole jusque chez Privat, rue des Arts.
Jean-Noël Gros
Source www.ladepeche.fr