Netanyahou et Macron s’expliquent au téléphone

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Israël-France : tensions autour d’une éventuelle reconnaissance d’un État palestinien

L’éventualité d’une reconnaissance prochaine d’un État palestinien par la France suscite de vives réactions au sein du gouvernement israélien. Lors d’un échange téléphonique ce mardi avec Emmanuel Macron, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a clairement fait part de son opposition, estimant qu’une telle initiative reviendrait à récompenser le terrorisme.

Selon les éléments rapportés par le bureau du Premier ministre, Netanyahou a averti le président français qu’une reconnaissance de la Palestine dans le contexte actuel serait perçue comme une « énorme récompense au terrorisme ». Il a notamment souligné l’absence de condamnation explicite par les responsables palestiniens, y compris ceux de l’Autorité palestinienne, à l’encontre de l’attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas contre Israël — une attaque qui a marqué le début de la guerre encore en cours à Gaza.

Netanyahou a insisté sur les risques sécuritaires que représenterait, selon lui, un État palestinien situé à proximité immédiate des centres urbains israéliens. Il y voit une future base potentielle pour les opérations de groupes soutenus par l’Iran. Le dirigeant israélien affirme par ailleurs que la majorité des Israéliens s’oppose à cette perspective, une position qu’il présente comme la sienne depuis de nombreuses années.

Du côté français, Emmanuel Macron continue de défendre l’idée d’une solution politique à deux États. Sur le réseau social X (anciennement Twitter), il a précisé les étapes que Paris considère prioritaires : cessez-le-feu, libération des otages, accès humanitaire à Gaza, puis enfin, relance du processus politique en vue de deux États coexistant en paix. C’est dans cet esprit qu’une conférence internationale, coprésidée par la France et l’Arabie saoudite, est prévue pour juin à l’ONU.

Le chef de l’État français espère que cette initiative internationale aboutira à une dynamique diplomatique élargie, avec d’un côté la reconnaissance d’un État palestinien par des pays occidentaux — dont la France —, et de l’autre la reconnaissance d’Israël par plusieurs États arabes encore non alignés sur cette question. L’objectif affiché : ouvrir la voie à une paix durable au Proche-Orient.

Toutefois, cette posture française n’est pas sans susciter de vives critiques, en Israël comme en France. En Israël, la prise de position d’Emmanuel Macron a provoqué une réaction virulente du fils du Premier ministre, Yair Netanyahou, qui a publié un message insultant à l’adresse du président français sur X. Si Benyamin Netanyahou a désavoué la forme du message, il a validé le fond, exprimant son accord avec les inquiétudes formulées par son fils.

Le président français, quant à lui, poursuit en parallèle un dialogue diplomatique avec les responsables palestiniens. Il s’est notamment entretenu la veille avec Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, sans que les détails de cette conversation ne soient rendus publics.

Le débat autour de la reconnaissance d’un État palestinien prend de l’ampleur sur la scène internationale. À ce jour, près de 150 États ont déjà franchi ce pas. En mai 2024, l’Irlande, la Norvège et l’Espagne ont officialisé cette reconnaissance, suivies de la Slovénie en juin. Ces décisions s’inscrivent dans un mouvement plus large de pression diplomatique en faveur de la solution à deux États, qui reste soutenue par une partie importante de la communauté internationale.

Malgré cette dynamique, le gouvernement israélien dirigé par Netanyahou continue de rejeter fermement cette option. Le Premier ministre considère qu’elle ne tient pas compte des réalités sécuritaires du terrain, ni du rôle des factions armées palestiniennes dans le conflit. La reconnaissance d’un État palestinien dans un contexte de violences récurrentes reste, selon lui, inacceptable.

Le clivage entre la diplomatie française et la ligne politique israélienne actuelle illustre une fracture grandissante entre plusieurs alliés traditionnels, au moment où la situation humanitaire et sécuritaire à Gaza reste extrêmement tendue. La conférence de juin pourrait s’avérer déterminante pour l’avenir du processus de paix, mais elle s’annonce d’ores et déjà sous haute tension.

 

Jforum.fr

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