Ne soyons pas plus bête !

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Réflexion sur la paracha de la semaine par le rav Mordekhai Bismuth

Dans la paracha de la semaine dernière (Vaéra), nous avons pu assister au dévouement incroyable des grenouilles. En effet, elles reçurent l’ordre d’envahir toute l’Egypte dans les moindres recoins des maisons égyptiennes jusque dans leurs fours, comme il est écrit : « Les grenouilles pénétreront dans vos maisons, dans vos chambres et dans vos fours. »
Cependant il ne fut pas précisé qui parmi ces batraciens devraient se sacrifier dans les fours et honorer l’ordre d’Hachem.

Il y en avait qui préférait donner cet honneur à sa voisine. Cependant une coalition de dévouées n’a pas hésité à rentrer dans les fours sans chercher l’exemption, au contraire, elles se sont sacrifiées avec joie, pour sanctifier Son saint Nom.

Le Da’ath Zekénim explique, qu’après la plaie, toutes les grenouilles périrent à l’exception de celles qui acceptèrent de se jeter et furent prêtes à mourir en pénétrant dans les fours égyptiens. Et pour cela elles bénéficièrent d’une prolongation de leur vie.

Cette semaine, nos amis les bêtes, vont aussi se démarquer par leur dévouement, tout particulièrement, la race canine.

Dans notre paracha, il est écrit l’incroyable miracle : «Quant aux enfants d’Israël, pas un chien n’aboiera contre eux ni contre leur bétail afin que vous reconnaissiez combien l’Éternel distingue entre l’Égypte et Israël » (Chemot 11,7).

Il est d’abord très étonnant que la Tora se donne la peine de nous préciser que les chiens n’ont pas aboyé lors de la sortie d’Égypte.

Lorsque les Bené Israël sont sortis d’Égypte, les chiens ont réussi à se contrôler en n’aboyant pas. Le Da’ath Zekénim et le ‘Hizkouni expliquent que l’habitude des chiens est d’aboyer lorsque l’ange de la mort arrive dans une ville, par conséquent ils auraient dû aboyer au moment de la mort des premiers nés. En effet c’est dans la douleur et la mort que les Egyptiens vont vire cette plaie. Alors que les Bené Israël jouiront d’une tranquillité totale, et même un chien n’aboiera pas contre eux.

Le fait de ne pas aboyer a permis de sortir d’Égypte sans crainte, panique ou stress bien que la nature les chiens fasse qu’ils aboient lorsqu’ils ressentent tout changement, la nuit ou sentent l’odeur des corps (Baba Kama 60b ; Berakhot 3a).

En récompense de cet acte de bravoure, les chiens reçoivent, jusqu’à aujourd’hui, les « nevéloth » des animaux déchiquetés, impropres à la consommation, comme il est écrit : « Et des hommes saints soyez pour moi, et de la chair [animale], dans le champ, déchirée ne mangez pas, jetez-la au chien » (Chemot 22,30).

Mais encore, le Yalkout Chimouni (§187) rapporte l’étonnement de Rabbi Yechaya, élève de Rabbi ‘Hanina ben Dossa, qui jeûna 85 jeûnes, en disant: « Il est écrit au sujet des chiens (Yechayahou 56 ;11) « Et ces chiens effrontés de leur nature, sont insatiables », comment méritent-ils de réciter le chant (dans le Pérek Chira) : « Venez ! Prosternons-nous et inclinons-nous devant l’Éternel, notre Créateur ». » Jusqu’à ce qu’un ange vienne lui dire : « Yechaya, jusqu’à quand vas-tu jeûner pour la même chose ? C’est un décret du ciel, mais puisque que tu es un élève d’un grand Sage, on m’a envoyé pour te dévoiler : les chiens sur lesquels il est écrit « Pas un chien n’aboiera contre eux ni contre leur bétail… » ont aussi mérité que l’on utilise leurs excréments pour traiter la peau sur laquelle on va écrire un Séfer Tora, des Tefilines et des Mezouzoth, car il est écrit (Michlé 21,23) : « Celui qui garde sa bouche et sa langue protège son âme du malheur ». »

Cependant, il y a de quoi s’interroger sur la différence entre les récompenses respectives des grenouilles et des chiens. Pourquoi les grenouilles se sont-elles vues attribuées une récompense limitée, qui est un supplément de quelques années de vie. Alors que la récompense des chiens s’étend sur toutes les générations ?

Nos sages déduisent de ces deux épisodes et de leurs récompenses respectives, qu’il est encore plus louable de retenir sa langue que de se jeter dans une fournaise.

Mourir en kidouch Hachem est un acte incommensurable, mais vivre en Kidouch Hachem est encore plus grand ! Les chiens qui habituellement aboient sans retenue, se sont cette fois-ci abstenus pour honorer l’ordre d’Hachem.

Nous déduisons de ces bêtes la manière dont nous devons servir le Créateur. En effet, si un animal, dépourvu d’intelligence, aspire à se sacrifier et changer sa nature, combien plus incombe-t-il aux hommes, qui  sont dotés d’intelligence , de désirer ardemment se vouer à Son service.

Le Zohar Hakadoch nous dit au sujet des chiens, qu’ils symbolisent l’égoïsme et l’intérêt partisan, la vision rétrécie, limitée, ils sont le « Je, Moi » qui conduit à la faute. Mais lors de la sortie d’Égypte et de la libération des Bené Israël, Hachem apparaît dans toute Sa clarté, mêmes eux se tairont, leurs mauvaises midoth disparaîtront pour un temps, laissant ainsi la place au Tout Puissant.

Hachem nous a dotés d’un intellect, et cependant nous sommes parfois incapables de nous contrôler de proférer des paroles interdites, du lachon hara’. Le Maharal de Prague dit que nous devenons alors même inférieurs à un chien ! Le « chien » qui fait allusion à la faute de la médisance, selon l’enseignement de la Guemara (Pessa’him 119a) : « Celui qui émet du lachon hara’ mérite d’être jeté aux chiens », parce que ses paroles sont assimilables à des aboiements.

Nous pouvons passer toute notre vie à chercher des segouloth pour la parnassa, des remèdes, des vaccins… Mais on en a un sous la main : vivre pour Hachem !
Nous vivons dans un monde d’illusions, en croyant trop souvent et à tort qu’écouter Hachem et Ses commandements nous limitent dans nos plaisirs. Un des principes de émouna est de croire profondément que l’on ne perd rien en respectant les voies d’Hachem, bien au contraire.

Les grenouilles qui prirent sur elle l’ordre d’Hachem et se jetèrent dans le four, non seulement ne périrent pas, elles furent les seules à rester en vie une fois la plaie terminée, et les chiens ont étaient récompensés pour l’éternité.

Remarquons, on n’a jamais vu un chien mort de faim, ou inquiet pour sa parnassa.
Même si parfois cela nous embête, agissons, et ne soyons pas plus bête que la bête.

Chabat Chalom – rav Mordékhai Bismuth

Extrait de la Daf de Chabat disponible sur notre site OVDHM.com


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