Nasrallah : pas de guerre avec Israël cet été

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Le chef du Hezbollah estime qu’il « existe actuellement un consensus sur le fait que le pays traverse une situation économique difficile et sur la nécessité de trouver une solution » à cette crise.

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a démenti lundi des propos qui lui avaient été attribués dans un article du quotidien koweïtien al-Raï, selon lesquels il annonçait une guerre probable entre le parti chiite et Israël au cours de l’été à venir, qualifiant cet article de « scénario imaginaire ».

Lors d’un discours retransmis en direct à l’occasion du 34ème anniversaire des scouts de l’imam Al Mahdi, le leader chiite a par ailleurs affirmé que l’adoption du budget de l’Etat libanais pour 2019 marquerait « le point de départ de réelles réformes financières et administratives », mettant en garde contre toute mesure ciblant les populations défavorisées.

« Scénario de film »

Le journal al-Raï avait rapporté qu’au cours d’une réunion avec des cadres du parti Hezbollah, Hassan Nasrallah avait estimé qu’il était probable qu’un conflit éclate avec l’Etat hébreu au cours de l’été, visant, dans les premiers jours du conflit, « entre 1.000 et 2.000 objectifs » sur le territoire libanais. L’article soulignait aussi des propos du leader chiite selon lesquels il risquait de se faire tuer, en même temps que d’autres cadres.

« Je dois commenter aujourd’hui un article, dont le contenu est erroné et le timing mauvais pour le pays car peu avant le début de la saison estivale », a dit Hassan Nasrallah. « Je n’ai jamais dit, dans aucune réunion interne, qu’une guerre aurait lieu en été. Et je n’ai jamais dit qu’en cas de guerre, je +serai parmi vous+ ». « Je n’ai jamais non plus dit que je me ferais tuer par les Israéliens, et j’espère faire partie de la génération qui pourra se rendre à nouveau en Palestine et à Jérusalem », a-t-il souligné, qualifiant l’auteur de l’article de « scénariste d’un film imaginaire ». « Je pense au contraire qu’Israël se tient à distance de toute éventualité de guerre », a affirmé le leader chiite, estimant notamment que les forces terrestres israéliennes ne sont pas prêtes pour un nouveau conflit. « Mais nous devons prendre en compte toutes les possibilités », a-t-il toutefois souligné.

Des sources américaines, citées par al-Raï, avaient souligné plus tôt dans la journée qu’en cas de conflit entre le Hezbollah et les Israéliens, ce ne serait pas Israël qui tirerait en premier, mais que l’Etat hébreu n’hésiterait pas à se défendre. Selon ces mêmes sources, Israël considère que la guerre ne doit plus être dirigée contre les « branches » des gardiens de la révolution iranienne, mais contre les pasdaran et le régime iranien eux-mêmes.
En 2006, Israël et le Hezbollah se sont livré une guerre dévastatrice de 33 jours, qui a fait plus de 1.200 tués au Liban, civils pour la plupart, et 160 tués, côté israélien, en majorité des militaires.

Le secrétaire général du Hezbollah a également démenti des informations de la chaîne à capitaux saoudiens al-Arabiya faisant état de combats entre les forces iraniennes et russes en Syrie et d’une intervention des combattants du parti dans ce conflit. « Ce sont des mensonges, des informations sans fondement. La coopération irano-russe n’a pas changé, malgré quelques divergences politiques », a-t-il insisté, soulignant que « la chaîne dit ce qu’elle veut et ce qu’elle espère ».

Il a encore réfuté les informations de presse concernant de futures sanctions contre le chef du Parlement libanais, Nabih Berry, et les alliés politiques du Hezbollah. Ces informations sont « fabriquées par des politiciens et des journalistes qui espèrent » qu’elles se réaliseront », a-t-il indiqué.

Le quotidien émirati The National avait publié début avril des informations selon lesquelles l’administration américaine aurait l’intention d’inclure dans ses nouvelles sanctions des personnalités proches du président du Parlement et des membres du mouvement Amal qu’il préside. Le député libanais Ibrahim Kanaan, en déplacement aux États-Unis à la tête d’une délégation parlementaire, avait déjà affirmé jeudi dans la nuit qu’aucune nouvelle sanction contre des responsables libanais n’était à l’étude.

« Une situation économique difficile »

Sur un autre plan, Hassan Nasrallah a estimé qu’il « existe actuellement un consensus au Liban sur le fait que le pays traverse une situation économique difficile et sur la nécessité de trouver une solution » à cette crise. « Il existe également un consensus sur le fait que la solution à cette crise n’est pas évidente », a-t-il souligné. « Nous souhaitons que la solution vienne des Libanais eux-mêmes, mais il semble qu’elle nous sera imposée, à travers les conditions de CEDRE et de la Banque mondiale », a-t-il dit.

Hassan Nasrallah faisait référence à la conférence CEDRE qui s’est tenue à Paris en avril dernier et à l’issue de laquelle les bailleurs de fonds ont promis au Liban 11 milliards de dollars en prêts, à condition de mettre en place des réformes économiques et financières.

Le leader chiite a dans ce cadre appelé les responsables politiques à coopérer afin de parvenir à une solution, soulignant que « si tout le monde veut faire ses propres comptes et veiller à ses propres intérêts, aucune solution ne sera jamais trouvée ».

Le Hezbollah, dans ce contexte, « partage les responsabilités » avec les autres parties, a affirmé le chef du parti, qui a souligné que, depuis longtemps, sa formation appelle à mettre un terme au gaspillage financier et à la corruption administrative dans les institutions de l’Etat. « Nous sommes ouverts à toutes les discussions », a-t-il poursuivi, insistant sur le refus du parti chiite de mesures, dans le budget, « touchant aux poches des populations défavorisées ». « Nous sommes prêts à nous exprimer sur toutes les propositions faites » pour réduire les dépenses de l’Etat, « dans le cadre des institutions politiques », a-t-il souligné, appelant les responsables à mener « des discussions sérieuses, loin de toute surenchère politique ».

La semaine dernière, le ministre des Affaires étrangères et chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil avait préconisé une réduction « momentanée » des salaires des fonctionnaires pour pouvoir remédier au déficit des finances publiques, enflammant ainsi les milieux politiques et les corps professionnels qui ont crié au scandale.

Quelques jours plus tard, lors d’une séance parlementaire, le Premier ministre Saad Hariri avait laissé entendre que le gouvernement préparait des mesures « d’austérité sans précédent » dans l’histoire du pays pour empêcher une détérioration de l’économie, tout en promettant de ne pas porter atteinte aux personnes à revenus limités, sans donner plus de précisions sur les mesures prévues par son cabinet dans le projet de budget qu’il est censé présenter dans les jours qui viennent. Depuis, de nombreux responsables, notamment des cadres du Hezbollah, appellent à ne pas faire d’économies aux dépens des classes défavorisées.

Par ailleurs, le secrétaire général du Hezbollah a critiqué, une fois de plus, la politique de l’administration américaine à l’égard de l’Iran, estimant que l’annonce de sanctions contre tout pays qui continuerait à acheter du pétrole iranien constituait « une nouvelle forme d’agression des Etats-Unis contre un Etat important et contre le monde entier ».
Il s’est également déchaîné contre l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. « Le monde arabe et islamique doit découvrir la politique réelle de l’Arabie et des Emirats et vers quoi ces deux pays veulent mener notre région », a-t-il affirmé. Il a ajouté que les groupes terroristes islamistes « ont la même idéologie que les institutions religieuses saoudiennes », estimant que « ces idées sur la base desquelles ils ont tué les peuples de la région se retournent désormais contre eux », comme l’a prouvé l’attentat qui a eu lieu dimanche en Arabie saoudite contre un QG des services de la sûreté de l’Etat.

Hassan Nasrallah a en outre condamné les attentats du dimanche de Pâques au Sri Lanka, qui ont fait plusieurs centaines de morts et de blessés, les qualifiant de « massacre terrifiant ». « Nous joignons notre voix à toutes celles qui ont condamné ces actes terroristes sauvages et inhumains », a-t-il affirmé, appelant à « la lutte totale contre le terrorisme et ses racines ».

Source www.lorientlejour.com

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