« Nasrallah déteste Sinwar » : l’enchevêtrement dans lequel le Hamas a entraîné le Hezbollah

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L’engagement du Hezbollah dans le conflit actuel avec Israël semble être une conséquence complexe de sa solidarité avec le Hamas, une situation que Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah, n’a jamais souhaitée. D’après Yair Ansbacher, chercheur à l’Institut Meshgav pour la sécurité nationale et la stratégie sioniste, Nasrallah se trouve dans une position délicate, où il a dû payer un prix élevé pour soutenir Gaza. Ansbacher souligne que cette guerre est survenue à un moment inopportun pour le Hezbollah, qui n’était ni prêt ni désireux de se lancer dans une confrontation à grande échelle avec Israël.

Nasrallah, bien qu’il ait toujours souhaité une guerre contre Israël, avait en tête un conflit planifié et orchestré selon son propre calendrier et en étroite coordination avec ses alliés, notamment l’Iran. Cependant, les événements ont pris une tournure inattendue, et Nasrallah a été pris de court, contraint de réagir sans disposer des forces nécessaires pour mener à bien ses ambitions, telles que l’occupation de la Galilée.

La situation actuelle révèle la vulnérabilité du Hezbollah. Ansbacher mentionne que le groupe a subi des pertes importantes en termes d’hommes et de matériel, ce qui affaiblit sa capacité opérationnelle. Ces pertes, selon lui, ne se limitent pas à des chiffres, mais représentent des années d’expérience militaire irremplaçable accumulée sur divers fronts. Le Hezbollah se retrouve donc dans une position où les commandants les moins expérimentés doivent prendre la relève, ce qui compromet l’efficacité de l’organisation.

Nasrallah, selon Ansbacher, cherche à sortir de cette situation sans paraître faible. Le risque pour lui est que, s’il apparaît affaibli, les éléments de pouvoir au Liban et même au sein de sa propre organisation pourraient s’en prendre à lui. C’est pourquoi il tente de maintenir un équilibre précaire avec Israël, essayant de frapper suffisamment pour ne pas perdre la face, tout en évitant une escalade qui pourrait menacer l’existence même du Hezbollah, un projet bâti sur quarante années d’efforts.

Le chercheur souligne également la rancune de Nasrallah envers le Hamas, et en particulier son leader, Yahya Sinwar, qu’il accuse de l’avoir entraîné dans ce conflit à un moment inopportun. Nasrallah, bien qu’engagé, cherche désespérément une opportunité pour sortir de ce conflit en position de force, que ce soit par un affaiblissement soudain d’Israël ou par une autre voie qui lui permettrait de se réorganiser.

En conclusion, la situation actuelle dans la région est d’une fragilité extrême. Le Hezbollah, qui a investi quarante ans à construire sa force au Liban, se retrouve face à un défi existentiel, tandis qu’Israël, malgré son long projet sioniste, se trouve également dans une position délicate. Les prochains développements seront cruciaux pour déterminer si le Hezbollah parviendra à préserver son pouvoir sans déclencher une guerre totale qui pourrait avoir des conséquences dévastatrices pour toutes les parties impliquées.

Jforum.fr

2 Commentaires

  1. « une guerre totale qui pourrait avoir des conséquences dévastatrices pour toutes les parties impliquées. » Ça veut dire quoi exactement ?
    Le Hamass ne tient plus qu’à un fil qu’il est urgent de couper, et le Hezbollah ne résisterait plus à une attaque ciblée, massive et en profondeur. L’Iran sait maintenant qu’Israël peut le détruire à tout moment.
    La seule chose qui retienne Israël, ce sont les intérêts américains. Quels intérêts ?

    • Les réponses à ces questions sont simples.
      Quant aux « intérets américains », c’est peut-être moins limpide : ils cherchent à se montrer bien avec tout le monde, en particulier avec les arabes, bien qu’à la fin, ils soient perdants partout…

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