Le Figaro Nantes
Depuis un mois et demi, l’escalier était devenu un objet de discorde. Dans la nuit du 7 au 8 mars, les marches qui mènent au point culminant de la ville avaient été recouvertes dans un premier temps de noir, blanc, rouge et vert, en soutien à la Palestine. De quoi offusquer les élus de l’opposition de la ville dirigée par la maire PS Johanna Rolland. Dans la nuit du 2 au 3 avril, le haut de ce drapeau avait été remplacé par des symboles néofascistes et des tags tels que «Gaza est et restera nationaliste». Immédiatement,
Rien ne sera retiré
«Si elle (la maire Johanna Rolland, NDLR) est sincèrement pour une solution à deux États, la ville de Nantes devrait laisser intacte cette action», a réagi sur X l’ancien ministre de la Transition écologique François de Rugy, désormais conseiller régional des Pays de la Loire. Avant de s’interroger : «La question demeure de savoir si les sols ou les murs du domaine public doivent servir de supports à l’expression de combats politiques. Il aurait été préférable que tout soit rapidement nettoyé pour faire respecter la neutralité de l’espace public». Une position que partage la sénatrice LR et conseillère municipale Laurence Garnier, qui demande à nouveau que tout soit effacé : «La Maire de Nantes est prise à son propre jeu démagogique. Je lui demande à nouveau de ne pas se tromper de rôle : elle n’a aucun mandat pour un quelconque rôle géopolitique. Son rôle est de garantir à tous les Nantais quelles que soient leurs convictions ou leurs religions de bénéficier de la neutralité de l’espace public.» Contactée, la municipalité indique qu’elle n’a pas l’intention de les retirer. Cela devrait ravir le député LFI de Loire-Atlantique, Andy Kerbrat, qui s’en est réjoui sur X : «À Nantes ce matin, le drapeau israélien adossé à celui de la Palestine sur les marches de la butte Ste-Anne, voilà un message de Paix et de coexistence».
Le collectif Nous Vivrons, qui entend porter une «voix juive républicaine» et ne veut pas laisser le terrain aux extrêmes, rappelle que l’importation du conflit n’est pas sans conséquences. Cela engendre la «montée d’un antisémitisme qui se drape dans l’antisionisme. En 2023, entre le 7.10 et le 31.12, les actes antisémites ont augmenté de 1000%», est-il mentionné sous la vidéo revendiquant leur action. Laisser un drapeau, «ça n’est pas une campagne de com. Derrière, ce sont des Français juifs qui sont menacés, qui sont agressés. On invite la maire à ne pas cliver, pas diviser», termine la présidente Sarah Aizenman. L’action du collectif a été bénéfique puisque initialement, les militants espéraient deux scénarios : que la mairie efface les deux drapeaux, ou bien qu’elle ne retire aucun des deux.