Le ministre israélien de la Défense Avigdor Liberman se rendra demain à Moscou pour s’entretenir avec son homologue russe Sergueï Choïgou à l’invitation de ce dernier. Moscou souhaite évoquer avec Israël les détails de l’offensive syrienne qui se prépare dans la province de Deraa au sud du pays, limitrophe de la frontière israélienne.
Le ministre israélien évoquera une nouvelle fois la question de la présence militaire iranienne en Syrie.
L’armée syrienne projette actuellement du matériel dans la province de Deraa, au sud du pays, écrit le quotidien
Kommersant. Des tracts ont été largués dans les régions contrôlées par des groupuscules armés pour les persuader de déposer les armes. Les États-Unis, qui sont avec la Jordanie et la Russie les garants de la zone de désescalade du sud-ouest, se sont dit préoccupés par l’opération en préparation et ont promis de prendre des mesures intransigeantes en cas d’infraction. Les diplomates russes déclarent être ouverts à des consultations avec les USA et la Jordanie, mais ont préféré commencer par Israël, selon le média. Avigdor Liberman et Sergueï Choïgou s’entretiendront jeudi à Moscou. Les pourparlers se dérouleront en présence du chef du renseignement militaire israélien Tamir Hyman et du directeur du département militaro-politique du ministère israélien de la Défense Zohar Palti.
«Il est évident qu’en prévision de l’opération militaire de Damas contre les groupes armés dans les provinces de Deraa et probablement de Quneitra près de la frontière israélienne, la Russie doit se mettre d’accord avec Israël afin d’éviter des incidents», déclare Kirill Semenov, expert du Conseil russe pour les affaires internationales (RSMD). Ce dernier explique que toute la ville de Deraa est sous le contrôle des autorités syriennes, à l’exception d’une commune de l’agglomération. La province de Deraa est divisée entre Damas et l’opposition armée, représentée par le front du Sud et l’Armée syrienne libre, qui compte près de 30.000 hommes. Dans cette zone se trouvent également entre 2.000 et 2.500 terroristes de Daech qui organisent périodiquement des opérations, notamment contre l’opposition armée. Au sud restent encore près de 1.000 terroristes du Front al-Nosra.
Israël a établi des liens étroits avec l’opposition armée syrienne, et a également placé sous son protectorat des villages druzes du côté de la frontière syrienne. Il a averti plusieurs fois que la population de cette région ne devait pas être touchée par la confrontation entre Damas et les groupes terroristes, tout en menaçant de riposter si des obus atterrissaient sur son territoire. Mais le plus important pour Israël était de nettoyer la zone frontalière de la présence militaire iranienne, notamment des combattants chiites. La veille de la visite d’Avigdor Liberman à Moscou, les médias israéliens ont écrit que la Russie et Israël s’étaient mis d’accord sur le fait que, dans la région de la frontière, agiraient uniquement des militaires syriens sans que des groupes pro-iraniens soient présents. Ce scénario n’a pas été écarté par un expert proche du Hezbollah. Pour sa part, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a déclaré que le retrait de forces iraniennes des régions frontalières ne suffisait pas. «Les missiles déployés par l’Iran en Syrie nous menaceront également en dehors de la zone à quelques kilomètres de la frontière, c’est pourquoi l’Iran doit quitter la Syrie», a-t-il souligné.
Les politiciens israéliens se sont particulièrement réjouis de la déclaration du représentant spécial du Président russe pour la Syrie Alexandre Lavrentiev, qui a mentionné pour la première fois que le Hezbollah et les Iraniens devaient quitter l’Iran. D’après l’ex-chef de la direction du renseignement militaire israélien Amos Yadlin, c’est un «événement positif». «Il faut tout de même rappeler que les Iraniens n’ont pas participé à cette annonce et qu’el-Assad ne leur a pas demandé de partir», a-t-il écrit sur Twitter. Selon l’expert, il existe trois lignes rouges de la présence de l’Iran en Syrie: qualitatives (missiles balistiques), quantitatives (rebelles chiites) et géographiques. «L’accord pour que les Iraniens et le Hezbollah ne franchissent pas les lignes quantitatives et qualitatives n’a pas encore été conclu», précise-t-il. De son côté, le vice-recteur de l’université de Tel Aviv Eyal Zisser a déclaré qu’il fallait être réaliste au sujet du départ des Iraniens de Syrie. «Quand le Président syrien Bachar el-Assad reprendra des forces il dira qu’il n’a plus besoin de la présence iranienne. Cela arrivera tôt ou tard, mais pas aujourd’hui», conclut l’expert.