Montréal refuse d’adopter la définition internationale de l’antisémitisme

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MONTRÉAL — Le conseiller municipal Lionel Perez a retiré une motion, mardi, demandant que la Ville de Montréal adopte la définition de l’antisémitisme telle que rédigée par une organisation internationale. Des opposants dénonçaient que la formulation vise à limiter les critiques contre l’État israélien.

Lionel Perez a retiré la motion sur la définition de l’antisémitisme par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (AIMH) après avoir échoué à obtenir le soutien de la mairesse Valérie Plante, dont le parti est majoritaire.

Bien que la définition de l’AIMH ait été adoptée par plus de 30 pays, dont le Canada, certaines villes et organisations ayant envisagé de l’appuyer se sont heurtées à des opposants qui estiment que sa formulation confond la critique de l’État israélien avec l’antisémitisme.

Lors d’une réunion du conseil, mardi matin, M. Perez a déclaré que l’adoption de la définition la plus largement utilisée de l’antisémitisme faciliterait la collecte de données et deviendrait un outil pour la police, les arrondissements et d’autres groupes qui travaillent à promouvoir l’inclusion.

Pour le conseiller municipal, l’antisémitisme sert de baromètre de la haine dans notre société et le fait de combattre l’antisémitisme permet de gagner du terrain contre toutes les autres formes de racisme et de haine.

De son côté, la mairesse Valérie Plante a reconnu l’existence du débat autour de la définition. Selon elle, il ne s’agit pas d’une affaire où tout est noir ou tout est blanc. Elle a suggéré qu’un comité devrait étudier la définition en vue d’adopter un libellé propre à Montréal.

En entrevue à La Presse canadienne, Lionel Perez a été cinglant au sujet de cette proposition. «Une définition montréalaise de l’antisémitisme, c’est tout simplement ridicule, ils n’ont pas les connaissances ni les capacités ou l’expertise de le faire», a-t-il répliqué en rappelant que le Canada, les États-Unis, l’Union européenne et l’ONU ont tous appuyé la même formulation.

L’AIMH définit l’antisémitisme comme «une certaine perception des Juifs qui peut se manifester par une haine à leur égard».

«Les manifestations rhétoriques et physiques de l’antisémitisme visent des individus juifs ou non et/ou leurs biens, des institutions communautaires et des lieux de culte.»

L’organisation précise également que «critiquer Israël comme on critiquerait tout autre État ne peut pas être considéré comme de l’antisémitisme».

Les opposants déplorent cependant le fait que parmi la liste d’exemples antisémites fournie par l’AIMH, on retrouve notamment «le refus du droit à l’autodétermination des Juifs, en affirmant par exemple que l’existence de l’État d’Israël est le fruit d’une entreprise raciste».

Par voie de communiqué, deux organisations juives ont affirmé être déçues de la décision de la mairesse Valérie Plante de ne pas adopter la définition internationale.

De l’avis de Gail Adelson-Marcovitz, présidente de la Fédération CJA, et de Reuben Poupko, coprésident du Centre pour Israël et les affaires juives-Québec, la mairesse a manqué de leadership dans cette affaire.

Toutefois, Corey Balsam du groupe Independent Jewish Voices Canada croit plutôt que ceux qui font la promotion de cette définition sont motivés par la volonté de «délégitimer les voix qui critiquent Israël».

En entretien téléphonique, M. Balsam a déclaré que l’adoption de cette définition viendrait «refroidir» sérieusement ceux qui favorisent l’égalité pour les Palestiniens.

Source lactualite.com

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