Temps et Contretemps, par Albert NACCACHE
Dans son énième discours au ton exceptionnellement belliqueux, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a mis jeudi en garde contre le chaos au Liban et menacé les Etats-Unis et Israël. Dans ce discours retransmis en direct à l’occasion de la commémoration des «martyrs de la Résistance», le leader chiite a exprimé ses menaces en des termes clairs : «Si les Américains planifient d’instaurer le chaos pour aboutir à l’effondrement du Liban, je leur dis : Vous allez tout perdre au Liban. Nous utiliserons nos armes là où cela vous fera mal, même si cela aboutira à une guerre contre Israël. Vous devriez vous attendre à un chaos dans toute la région. Ceux qui pensent que nous resterons les bras croisés se trompent. Les Américains doivent savoir que s’ils poussaient le Liban au chaos et que si le peuple libanais devait souffrir, nous ne resterons pas les bras croisés. Nous vous ferons mal, même si cela entraînera une guerre avec Israël».
Le 29 octobre 2022, Al-Arabiya Network (Arabie saoudite) a diffusé un panel dans lequel le politicien libanais Nawfal Daou et l’économiste libanais Tawfiq Kasbar ont parlé de l’actualité au Liban. Daou et Kasbar ont déclaré que le Liban était sous occupation iranienne, en particulier par le biais du Hezbollah, et Kasbar a déclaré que les banques libanaises avaient connu leur plus grand effondrement de l’histoire moderne. En outre, Daou a déclaré que l’Iran vole les ressources du Liban pour financer son occupation et qu’il affame le peuple afin de le distraire de ses revendications de liberté et de démocratie.
Sur le plan politique, le Liban est sans président depuis le 31 octobre 2022. Le gouvernement actuel, démissionnaire depuis les élections législatives de mai 2022, ne dispose pas des pleins pouvoirs et se contente d’expédier les affaires courantes, alors que le Liban patauge dans une sévère crise économique depuis plus de trois ans.
Alors pourquoi ce discours ?
On constate du côté du Hezbollah, une forte montée en impuissance, avec l’accusation de la responsabilité de l’explosion du nitrate d’ammonium qui avait détruit le port de Beyrouth, avec son impuissance à imposer son candidat à la présidence du Liban.
En conséquence, cette nouvelle réalité a forcé le Hezbollah à passer d’une position de leadership à une position d’obstruction, qui provoque une longue vacance à la présidence de la république, et qui perturbe le processus démocratique.
Axe chiite en difficulté
Le chiisme politique imposé par Téhéran du golfe Persique aux rivages la Méditerranée, aux affidés de l’imam Ali a du plomb dans l’aile. Hassan Nasrallah voit très bien ce qui se passe depuis deux mois à Téhéran et dans toutes les villes iraniennes où malgré la peur, les Iraniennes et les Iraniens trouvent le courage pour descendre dans la rue et exprimer leur colère. Hassan Nasrallah sait très bien que le jour où le régime iranien tombera, il ne se trouvera plus une personne au Liban ou ailleurs pour ne pas le trahir et le poignarder dans le dos. Les événements ne vont plus dans son sens. L’invasion de l’Ukraine et la mort de Mahsa Amini ont bouleversé tous ses plans.
Une attaque gratuite contre Israël
Nasrallah a également menacé de recourir à la violence en cas de retard dans la mise en œuvre de l’accord sur la frontière maritime conclu avec Israël. «S’il y a un retard concernant la question du pétrole et du gaz des eaux libanaises, allons-nous permettre à Israël de continuer à extraire du pétrole et du gaz de Karish ? On va mourir de faim, on va te tuer, et j’ai bien réfléchi à ce que je dis… Je mets en garde contre les tergiversations dans la question du pétrole et du gaz, nous ne permettrons pas à Israël de continuer à exporter son gaz». Il menace de revenir avant le 27 octobre 2022, date de l’annonce de l’accord de démarcation de la frontière maritime.
Près de quatre mois plus tard, Israël a entamé mercredi la première exportation de gaz liquide extrait du champ de Karish, alors que le Liban est plongé dans une crise politique et économique. C’est ce qui a rendu furieux Hassan Nasrallah. En fait cet accord est intégralement appliqué des deux côtés, car le Liban est en phase d’exploration, le gaz viendra plus tard si on en trouve. Le 29 janvier 2023 a eu lieu la cérémonie de la signature d’un addendum à l’accord sur l’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures dans la zone économique exclusive libanaise en Méditerranée qui officialise l’adhésion du géant qatari, QatarEnergy au consortium composé des groupes français, TotalEnergies, et italien, Eni.
Avant la cérémonie, le ministre d’État qatari pour les Affaires de l’Énergie, Saad Ben Charida el-Kaabi, également directeur exécutif de QatarEnergy, s’était rendu au siège du ministère de l’Énergie pour un entretien avec le ministre sortant, Walid Fayad. Une fois l’entretien terminé, il s’est rendu en compagnie de M. Fayad au Sérail pour un entretien avec le Premier ministre sortant Najib Mikati, en présence des PDG de TotalEnergies, Patrick Jean Pouyanné, et d’Eni, Claudio Descalzi.
Tout est en règle. Les compagnies pétrolières peuvent opérer, mais si les autorités libanaises ne leur donnent pas le feu vert, Israël n’y est pour rien.
Nasrallah est coutumier des menaces contre Israël
MEMRI TV Clip No. 10123 Officiers du Hezbollah à l’occasion de l’anniversaire de l’assassinat du haut commandant militaire ‘Imad Mughniyeh [1] : Si Nasrallah dit le mot, nous libérerons la Galilée le jour suivant ; Nous nous présenterons aux portes des Israéliens. Des officiers du Hezbollah ont émis des avertissements contre Israël dans un reportage du 15 février 2023 diffusé sur Al-Manar TV (Hezbollah-Liban) à l’occasion de l’anniversaire du meurtre d’Imad Mughniyeh sur Al-Manar TV (Hezbollah-Liban). Ils ont dit que l’influence de Mughniyeh se fera sentir jusqu’à ce que la Galilée et toute la Palestine soient libérées. Ils ont ajouté que les combattants du Hezbollah sont prêts à libérer la Galilée, le lendemain, si le secrétaire général Hassan Nasrallah ne dit qu’un mot. Ils ont ajouté que les moudjahidines du Hezbollah peuvent passer par les brèches des défenses israéliennes et atteindre les seuils des maisons israéliennes. Un officier a délivré un « message aux colons« , disant que les forces israéliennes ne seront pas en mesure de les protéger avec les mesures de protection à la frontière, et qu’il est devenu clair qu’ils ne peuvent même pas se défendre, à la lumière des événements en Occident Bank et dans les frontières de 1948. Il a déclaré : Ils devraient commencer à quitter cette zone […] assez tôt, ils rencontreront la résistance aux portes. Je voudrais envoyer un message aux colons. Ils pensent que les [forces] ennemies pouvons les protéger avec ces mesures à la frontière, mais nous voudrions leur dire une chose simple : les [forces] ennemies ne peuvent même pas se défendre, surtout à la lumière de ce que nous voyons en Cisjordanie et dans les terres de 1948. Nous conseillez-leur d’être prêts à partir et de commencer à partir. Ils devraient commencer à quitter cette zone, car ils seront surpris de la rapidité avec laquelle la résistance entrera en Galilée, et bien assez tôt, ils rencontreront la résistance à leur porte»
Pourtant le Hezbollah reste les bras croisés
En janvier 2020, il menaçait les États-Unis et annonçait en vain que l’armée américaine allait «payer le prix» pour avoir tué Qassem Soleimani et Abou Mehdi al-Mouhandis, affirmant qu’il voulait exclure les Américains de la région. L’armée israélienne, frappe régulièrement la Syrie depuis dix ans, visant des dépôts d’armes et de munitions appartenant à des milices pro-iraniennes dont le Hezbollah. La dernière attaque a eu lieu dans la nuit de Chabbath à dimanche.
Une photo diffusée par l’agence syrienne officielle SANA montrant les dégâts provoqués par l’attaque israélienne à Damas dans la nuit de Chabbat à dimanche. Cinq personnes ont été tuées, selon une ONG, par une frappe israélienne sur un immeuble à Damas, dans un quartier sécurisé abritant un centre culturel iranien et le siège de plusieurs organes de sécurité. La frappe a visé le quartier de Kafr Sousa, une zone de haute sécurité où se trouvent notamment les sièges de services de sécurité et de renseignements, et où vivent de hauts responsables. Il s’agit du même quartier ultra-sécurisé où a été tué Imad Moghnieh, autrefois l’un des plus hauts-dignitaires du Hezb, en 2008. Par ailleurs, la chaîne al-Hadath indique qu’une réunion de cadres iraniens avait lieu dans l’immeuble ciblé et que la plupart des victimes sont iraniennes. La frappe a touché, selon cette ONG, un bâtiment proche d’un centre culturel iranien et a «ciblé des sites comprenant des milices iraniennes et le Hezbollah libanais». Il s’agit de «l’attaque israélienne la plus meurtrière sur la capitale syrienne» à ce jour, a souligné Rami Abdel Rahman, chef de l’OSDH. Selon l’agence officielle Sana, plusieurs immeubles au total ont été endommagés. Selon l’OSDH, des missiles israéliens ont également visé un entrepôt de milices pro-iraniennes et du Hezbollah libanais près de Damas [2].
Les commentaires de l’Orient-le Jour critiquent l ’AFP. Ce qu’écrit l’AFP est faux. «Des civils» disent-ils et dans le même temps? Les victimes sont des soldats et des gens du Hezbollah (?). Dans un quartier HAUTEMENT sécurisé !!! Où sont établis des bureaux de renseignements et d’un tas de trucs à caractère militaire !! Ou des centres iraniens qui pourraient camoufler des services de renseignements… bref… une zone hautement sécurisée … donc à caractère hautement militaire… Les civils ? Des touristes ? Ou sans doute des membres du Hezbollah considérés «civils» ? Quels sont ces civils qui habitent dans des zones quadrillées et sécurisées ? Les familles des officiers iraniens ? Parce que M et Mme tout le monde…. Le syrien moyen ne peut pas habiter dans ce genre de zone militaire ou du moins sécurisée. On n’installe pas des centres militaires au sein d’habitations !!! Si c’est le cas…. Qui en est responsable ?? [3]
Gifle après gifle le Hezbollah en Syrie et les fanfaronnades du barbu qui déclare la guerre aux Américains vont crescendo… quelle rigolade ! [4] Damas – SANA / Cinq personnes sont tombées en martyr et 15 autres ont été blessées dans une agression israélienne aux missiles contre des points à Damas et son alentour, dont des quartiers résidentiels. [5] CAPJPO Israël bombarde des civils à Damas, en tuant 5 et en blessant 15 ! [6]
[1] https://www.memri.org/tv/hizbullah-officers-threaten-to-liberate-galilee
[2] Ici Beyrouth 19 Fév, 2023
[3] radiosatellite.co 12 h 17, le 19 février 2023
[4] LA LIBRE EXPRESSION 12 h 10, le 19 février 2023
[5] Source : Sana https://sana.sy/fr/…
[6] CAPJPO-EuroPalestine 19 février 2023ACTUALITÉS