Le monde selon John Bolton, par Guy Millière

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La nomination de John Bolton au poste de Conseiller national de sécurité est une excellente nouvelle pour tous ceux qui voient en les États-Unis la puissance de la liberté et le chef de file du monde libre. Elle vient contredire un peu plus le discours de ceux qui disent depuis deux ans maintenant que Donald Trump est un “isolationniste”, ce qu’il n’a jamais été.

Elle vient compléter la nomination de Mike Pompeo au poste de Secrétaire d’État, celle de Gina Haspel à la tête de la CIA et celle de Larry Kudlow au poste de principal Conseiller économique du Président (la nomination de Larry Kudlow est elle-même venue confirmer que Donald Trump n’était pas protectionniste).

Il y a eu une première phase de l’administration Trump, et cette première phase a porté ses fruits, économiquement et géopolitiquement.

Une nouvelle phase va s’ouvrir. Elle sera marquée par une politique commerciale plus dure vis-à-vis des ennemis des États-Unis, et Donald Trump entend combattre concrètement le pillage de la propriété intellectuelle américaine mené par la Chine néo-communiste. Il entend aussi ne plus admettre les politiques de dumping menées par la Chine aux fins de prendre des marchés de manière prédatrice. Il entend mettre fin aux tentatives d’acquisition d’entreprises américaines dans des secteurs technologiques clé par la Chine (le rachat de Qualcomm, entreprise de technologie mobile par Broadcom Limited, entreprise de semi-conducteurs à capitaux chinois vient d’être bloqué). Il discerne très bien les ambitions de domination mondiale de la Chine et entend mener une politique d’endiguement très ferme.

Comme je l’ai déjà écrit, au delà de la Chine, tous les pays avec lesquels les États-Unis ont des relations commerciales doivent s’attendre à ce que les États-Unis utilisent le fait qu’ils sont en position de force pour obtenir que toute violation des règles du libre échange soit sanctionnée. Tout pays ayant une attitude inamicale envers les États-Unis doit s’attendre à des conséquences en matière d’économie. Trump ne dissocie pas l’économie de la géopolitique.

Comme je l’ai écrit aussi, tous les accords commerciaux entre les États-Unis et d’autres pays sont en train d’être passés au crible, de manière stricte et impitoyable. Gary Cohn était libre échangiste et démocrate, Larry Kudlow est libre échangiste, républicain et défenseur de la prééminence américaine.

La nouvelle phase qui s’ouvre va voir la politique étrangère suivie par Trump depuis janvier 2017 s’affirmer et s’affermir. Mike Pompeo a réorganisé la CIA. Il est partisan clair et net d’une affirmation de la puissance américaine et sur les positions définies par le Général Michael Flynn dans son livre The Field of Fight. Gina Haspel était l’adjointe de Mike Pompeo à la CIA et a efficacement supervisé les opération de collecte d’information anti-terroriste de l’agence pendant des années.

John Bolton a des positions très proches de celles de Mike Pompeo. Il a été un remarquable ambassadeur des Etats-Unis aux Nations Unies sous George Walker Bush. Il est chercheur à l’American Enterprise Institute, l’un des principaux think tanks conservateurs de Washington, DC. Il est le Président du Gatestone Institute, un think tank de New York dont je suis Distinguished Senior Fellow, et il participe aux travaux de l’American Enterprise Institute, un think tank de Los Angeles dont je suis Senior Fellow. C’est donc un homme que je connais bien et pour qui j’ai une très vive estime.

On peut s’attendre à une pression maximale sur le régime nord-coréen (John Bolton a défendu récemment l’idée de frappes préventives sur les installations militaires du régime et expliqué en quoi des frappes étaient tout à fait concevables sans risques majeurs pour la Corée du Sud ou le Japon : il ne fait aucun doute que Kim Jong Un sait ce que pense John Bolton). On peut s’attendre à une pression maximale sur la Chine, qui doit être endiguée militairement tout autant qu’elle doit être endiguée économiquement.

On doit s’attendre au Proche-Orient à une sortie des États-Unis de l’accord désastreux passé en juillet 2015 par John Kerry et Barack Obama (si les Européens veulent que les États-Unis restent dans l’accord, ils devront très sérieusement et très vite revoir leur copie). Des frappes contre les sites nucléaires du régime iranien ne sont pas à l’ordre du jour pour le moment mais Vladimir Poutine va se voir demander très fermement de freiner les ardeurs du régime des mollahs bien davantage qu’il ne le fait d’ores et déjà.

Étant un homme forme à l’école de Machiavel, Vladimir Poutine comprend sans aucun doute de façon de plus en plus nette qu’il y a un nouveau shériff à Washington qui n’est pas disposé à baisser la garde. John Bolton sait, comme Mike Pompeo et Donald Trump, que la Russie de Poutine peut être un allié tactique sur certains dossiers mais reste un adversaire stratégique. Il est partisan du maintien de sanctions vis-à-vis de la Russie qui ne seront levées que si la Russie fait ce que l’administration Trump attend d’elle concernant la Corée du Nord, l’Iran, l’Europe centrale. Ce qui sera demandé le sera poliment et respectueusement mais ce sera demandé, sans doute exigé.

Le monde selon John Bolton est un monde où une démarcation claire sépare le bien du mal, la liberté de l’oppression, les amis des Etats-Unis des ennemis des Etats-Unis.

Dois-je ajouter que John Bolton est, comme Mike Pompeo et Donald Trump, un indéfectible ami d’Israël, et un ennemi de la “cause palestinienne”? Dois-je ajouter qu’il voit d’un œil très positif l’évolution de l’Arabie Saoudite sous Mohamed ben Salman? (Je reviendrai sous peu sur cette évolution).

Les mois a venir vont être très intéressants à observer.

Les pseudo journalistes de CNN et de MSNBC continuent à parler vingt quatre heures par jour du “chaos” censé régner à la Maison Blanche (où il n’y a aucun chaos), de la Russie censée téléguider Donald Trump (la gauche américaine est atteinte d’une obsession anti-russe pathologique et voit la main de Moscou partout, sauf là où elle est, dans les caisses de la défunte Fondation Clinton, par exemple : Hillary Clinton était la candidate financée par la Russie et aidée par les services de propagande russes qui ont contribué à la confection du dossier Steele) Les pseudo journalistes de CNN et de MSNBC parlent aussi beaucoup d’actrices pornographiques et le font à un point tel qu’il faudra peut-être bientôt considérer CNN et MSNBC comme des chaînes de promotion de la pornographie, mais quand le nom de John Bolton a été prononcé devant eux dans la journée de jeudi, on aurait pu penser qu’ils allaient avoir une crise de catalepsie. C’est très bon signe.

© Guy Millière pour Dreuz.info

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