Autour de la table de Shabbat n°297 Yom Kippour
Yom Kippour qui tombera cette année mercredi soir prochain (et jeudi toute la journée) est le dernier des 10 jours redoutables. Il clôture le jugement de Roch Hachana. C’est le verdict final délivré par le Ciel pour l’année à venir. Les Sages de mémoire bénie enseignent que ces 10 jours sont propices à faire Techouva/repentir. Les jours de l’année un homme qui a fauté, devra faire Techouva sans attendre le Kippour de l’année à venir, parce qu’il n’existe pas fondamentalement d’assurance que D’ accepte son repentir. Cependant par rapport au jour du Kippour, c’est différent. En effet, c’est marqué : »Ce jour vous trouverez votre pardon devant Hachem… ». C’est-à-dire que c’est la certitude d’avoir l’expiation de nos fautes à Kippour, à condition de faire Techouva. On le sait, notre Techouva a la force d’annuler les mauvaises actions de notre passé. Cependant les commentateurs demandent comment en une seule journée un homme qui a mal agit dans le passé peut devenir blanc, net ?
Par exemple, un vacancier qui a craqué devant un plat homard servi sur les planches à Deauville… Comment peut-il effacer sa faute devant les « yeux » saints de Hachem Qui scrute toutes les actions des hommes depuis le début de l’année jusqu’à sa fin ? Le livre Messilat Yecharim écrit à cet égard : « La Techouva est une grâce Divine qui n’a pas son équivalent. C’est un cadeau offert au pécheur qui ressemble à l’annulation rétroactive des vœux (ndlr : lorsqu’un homme fait un vœu, dans le cas où il existe une brèche à son vœu, par exemple que dans de telles conditions il n’aurait jamais donné sa parole) alors il pourra se rendre chez un rav qui annulera rétroactivement son engagement). Continue le Messilat: « Le fait que dans l’esprit du fauteur il ne veut plus du tout faire cette faute, cela sera considéré dans le ciel comme si sa faute était effacée rétroactivement. » Fin de l’extrait du ch. 4. Donc d’après le Messilat, la Techouva est un grand bienfait de D’ vis-à-vis des hommes. Hachem, dans Sa bonté infinie, étend Son bras vers le fauteur et l’aide à s’en sortir.
La chose est profonde, mais il reste une difficulté majeure. C’est que nous vivons dans ce bas-monde où la faute est inscrite dans la matière. Cela ne ressemble pas aux vœux qui sont du domaine de la parole et de l’esprit !
Cependant, il existe une autre manière de comprendre le pouvoir de la Techouva d’après les écrits du Alter de Novardok dans « Madrégat HaAdam ». Très succinctement, il pose une première question : quelle est la personne qui a fixé qu’il était interdit de manger des langoustes ? C’est le Ribono chel ‘Olam, le Maître du monde, qui a écrit dans sa sainte Tora qu’on ne doit pas manger de ces immondices qui pullulent dans la mer ou les escargots qui grouillent sur la terre. Or, le même Tout Puissant a écrit dans son code, donné aux hommes, que la Techouva (le repentir) a le pouvoir d’effacer la faute. C’est donc la même « personne » (excusez-moi de l’expression, mais ce n’est uniquement que pour faciliter la démonstration logique) qui crée l’interdit mais aussi Qui le pardonne dans certaines conditions. Cela ressemble à un père de famille qui a reçu en héritage un beau vase de ses grands-parents. Il prévient ses enfants d’y faire attention et de ne pas le faire tomber sous peine de sévères corrections. Or, il se trouvera parmi ses enfants un bambin, Mikaël âgé de 10 ans bien turbulent qui ne fera pas cas des paroles du paternel et jouera à cache-cache avec ses autres frères là où trône le vase. Or dans la cohue Michaël fera un mauvais geste et le beau vase tombera et s’éclatera en mille morceaux. Or, avant même que le père ne s’en rende compte, le petit viendra à la rencontre de son père à son retour du travail, et pleurnichera de chaudes larmes en expliquant tout ce qui s’est passé et en promettant qu’il ne recommencerait plus. Le père sera attendri par l’attitude de son fils qui demande un pardon sincère et Il dira : »Mikaël, sèche tes larmes je te pardonne« . Le vase est cassé, certes, mais c’est dans les prérogatives du père d’annuler la punition et de faire comme si le vase n’était pas cassé. Pareillement, lehavdil, avec D’, c’est la Tora qui a écrit la faute, mais elle a aussi donné le remède : la Techouva.
Cette dernière explication nous invitera à comprendre un autre phénomène écrit dans nos textes saints du Talmud. Il est dit que Yom Kippour lave les fautes certes, mais il s’agit des fautes vis-à-vis de D’ et non des hommes. Dans ce dernier cas, il faudra obligatoirement recevoir le pardon de son ami pour être dégagé de la faute. Par exemple, si au cours de cette année on se serait mal comporté avec son conjoint (femme/homme) et/ou ses enfants ou encore avec ses collègues de bureau ou de la synagogue, il faudra absolument recevoir leur pardon. Donc même si je fais tout le jeûne depuis le début à la fin et que je donne beaucoup de Tsedaka à la synagogue et/ou au Collel pourquoi pas, cela ne servira en rien vis-à-vis de mon ami. La raison sera que la faute est directement liée avec mon ami et ce n’est plus dans les prérogatives du Ciel. Car ce n’est pas la sainte Tora qui est « la victime » de mes agissements, mais c’est mon ami de longue date à qui j’ai fait une belle entourloupe. Donc il faudra avant ce Yom Kippour le contacter et lui demander son pardon, sinon la faute restera pour toujours inscrite dans les registres du Saint béni soit-Il.
Cependant, on finira par quelque chose de plus léger. Les Ba’alé Moussar (les penseurs du Clall Israël) préconisent qu’un homme rajoute une petite Mitsva à l’approche de Kippour, en prenant la décision de faire une Mitsva qu’il n’a pas l’habitude de faire, cela montrera à D’ que l’on a décidé de changer de cap. En cela, on aura compris que la vie n’est pas forcément un vaste terrain vague où tout est permis (voir mon développement de la semaine dernière) et que l’on désire s’amender. Or il se peut que faire Techouva c’est quelquefois difficile lorsqu’il s’agit de changer du tout au tout… Donc on prendra une bonne action à faire tout le long de l’année à venir et on fera en sorte de s’y tenir.
La Guemara enseigne « Tout celui qui n’est pas exigeant vis-à-vis de son prochain, Hachem sera moins regardant vis-à-vis de lui. » C’est-à-dire que D’ Se comporte avec les hommes en fonction de leurs comportements. Si un homme prend sur lui, par exemple, de faire un acte de générosité vis-à-vis de son prochain (en plus de ce qu’il est habitué à faire) alors Hachem fera pareillement vis à vis de lui. Et au lieu de voir rouge à chacun de ses petits écarts, Hachem aura de la miséricorde pour cet homme qui se comporte avec largesse vis-à-vis de ses semblables. Donc quoi de mieux de prendre sur soi de faire un acte de générosité supplémentaire durant la semaine ? On pourra commencer par exemple avec son conjoint et si c’est difficile, avec ses enfants (car finalement ce sont aussi des créatures de D’, n’est-ce pas ?) ou encore on fera un large sourire à son collègue de travail attention, un homme ne fera pas de sourires niais à la secrétaire ni vis-versa car cela fait aussi partie de la Mitsva de Hessed/générosité… Donc si toute cette année je prends sur moi, sans faire de vœux, au moins une fois dans la semaine de faire un peu plus dans le grand domaine de la générosité, alors je serais sûr que Hachem Se comportera pareillement avec moi ! Et j’aurai le mérite d’être inscrit et scellé dans le livre de la vraie vie pour l’année à venir. N’est-ce pas une belle idée à appliquer dès à présent mes chers lecteurs?
Chouli… sèche tes larmes, je t’ai déjà pardonné…
J’ai la chance de vous proposer une belle histoire véridique liée aussi avec la Techouva rapporter par le rav Yoél Harazi chlita (Kol Haalonim Roch Hachana) et l’illustration faite par le dessinateur émérite francophone Dan Bar Lev.
Il s’agit d’une jeune fille juive américaine, Choulamit de son diminutif Chouli, provenant d’une famille religieuse de New York. Comme elle était la petite dernière de la maison, elle avait reçu le meilleur au niveau de l’éducation et des attentions de ses parents. Seulement, la Providence divine a voulu qu’elle perde sa mère jeune encore. Et, vers l’âge de 17 ans elle décide de partir pour les Indes. Son père essaya de l’en dissuader, mais peine perdue, Choulamit était décidée coûte que coûte à partir avec un groupe d’amies. Le jour de l’embarquement, le père accompagna sa fille à l’aéroport, à ce moment il lui demande: « Chouli, Chouli, dis-moi la vérité, qu’est-ce qui te pousses à partir en Inde ? » La fille répondit: « Papa, je veux te dire quelque chose d’important: je ne suis pas religieuse ! Je vais en Inde pour rechercher la vérité…! » Le père était suffoqué ! « Quoi, qu’est-ce qui te prends?! Tu es sérieuse? ». « Papa, je suis très sérieuse, seulement j’espère que tu le comprendras et que tu me pardonneras ! » Le père dit: « Tu crois vraiment que je vais te pardonner ? Après toute l’éducation juive que tu as reçue de moi et de ta mère, que repose son âme en paix! Je t’ai aimée jusqu’à présent, mais si tu choisis de rejeter ce qu’il y a de plus cher au monde pour moi, alors c’est fini ! Jamais je ne te pardonnerai ! »
Sur ces paroles Chouli prend son avion et quitte son père. Puis elle arrive en Inde et fit tout ce qu’elle désirait. Elle se considérait alors comme heureuse d’être libre de tout. Seulement il lui restait un seul regret, le souvenir de son père. Elle essaya à plusieurs reprises de le contacter par téléphone et par lettres, mais rien : les ponts étaient entièrement coupés ! Après trois années de déambulations dans les villes et autres ashrams Chouli, rencontra un groupe de filles new-yorkaises de son ancienne école, au détour d’une épicerie. Elles échangèrent des paroles conviviales, et l’une d’entre elles dira à Choulamit: « Chouli, est-ce que tu t’es attristée quand tu as entendu la nouvelle pour ton père? » En entendant parler de son père, elle était tout de suite attentive : « Non, que s’est-il passé? »; « Quoi, tu ne sais pas que ton père est décédé 6 mois après ton départ ? » On a dit que son cœur n’a pas tenu le choc de ton départ pour les Indes ! » Dès qu’elle entendit ces mots, Choulamit s’est effondrée en pleurs. Elle dit à ses amies en sanglotant: « Je veux partir en Erets Israël pour prier Hachem ! « Ses copines lui dirent: « …Et tu ne peux pas prier à Hachem ici, en Inde ? » Choulamit répondit: « En Inde?! Je HAIS ce pays plein de statues et d’idoles, sans vies ni pouvoir ! Je ne veux plus jamais voir ce pays maudit ! Encore pleine de larmes elle dit: « Je veux aller dans l’endroit le plus saint qui existe ! » Chouli partit dès le lendemain vers le pays où les Yeux d’Hachem sont depuis le début de l’année jusqu’à la fin de l’année! Arrivée en Israël, elle prit la direction de Jérusalem vers le Kotel Hamaravi/le mur occidental. Avant d’arriver elle se dit dans son for intérieur qu’elle ne pouvait pas s’approcher de cet endroit du fait de toutes les impuretés qu’elle avait pu connaître. Finalement, avec beaucoup d’hésitations et de ressentiments, elle se rendit sur l’esplanade du Mur, et s’approcha des pierres saintes (vestiges du Temple). Elle commença à caresser les pierres et appliqua sa tête sur le Mur. Elle commença à pleurer, pleurer sans fin. Tous ses souvenirs de jeune fille auprès de ses parents remontaient à la surface, et surtout : le fait qu’elle avait causé la mort de son père. Elle ne se le pardonnait pas ! Les larmes coulaient abondamment, jusqu’à ce qu’une femme à ses côtés la remarque et lui dise d’écrire sur un petit papier une prière à Hachem. Chouli prie alors un stylo et écrivit: « Papa, je suis ici au Kotel. Si ton âme peut me voir depuis le haut des cieux, je te demande Papa chéri de me pardonner ! Je n’ai pas voulu te faire du mal. Je te promets de revenir sur le droit chemin: le tien et celui de maman! Signé: Ta fille Choulamit qui t’aime pour toujours ! » Encore pleine de pleurs, Chouli chercha un endroit libre entre les magnifiques pierres du Kotel pour mettre son mot. Or, toutes les fois où elle essayait de faire pénétrer sa feuille, elle ne trouvait pas de place adéquate. Chouli prit une chaise et rechercha un interstice cette fois au-delà la barrière de séparation entre le côté des hommes et celui des femmes. Là-bas, elle trouva un petit coin libre. Seulement au moment où elle enfonçait son papier, elle vit un autre petit papier glissant de la même fente et virevoltant du côté des femmes. Chouli descendit de son tabouret pour prendre le papier tombé au sol. Or, au moment où elle le souleva elle vit quelque chose de surprenant : sur le dos du papier était marqué le nom Choulamit en écriture anglaise, et d’autre part cette écriture ne lui était pas inconnue, c’était l’écriture de son père ! La curiosité lui fit retourner le petit mot et elle découvrit ces mots jaunis par le temps: « Maitre du Monde ! S’il te plaît, sois Miséricordieux pour ma fille Choulamit bath Rivka, ma plus jeune fille qui est partie il y a quelques mois pour les Indes. Protège-la afin qu’elle redevienne une jeune fille juive authentique. Si je pouvais je lui dirais : « Chouli je te pardonne pour tout ! J’étais alors très en colère et je t’ai dit alors que jamais je ne te pardonnerais. Mais je te promets que je te PARDONNE de tout mon cœur! Je prie Hachem qu’Il te fasse revenir en Techouva et que tu te maries avec un jeune qui ait la crainte du ciel et que tu mérites d’éduquer tes enfants dans la Tora et les Mitsvoth. De ton père: Ya’acov Ben Dina. » Chouli s’évanouit tant elle était bouleversée! Lorsqu’elle se réveilla, c’était pour entamer une nouvelle vie pleine de Tora et de Mitsvoth comme ses parents le souhaitaient. Aujourd’hui Choulamit, après avoir fait un séminaire à Jérusalem de jeune fille anglophone, s’est mariée avec un bon Ba’hour Yechiva, et elle fait grandir dans la Tora deux magnifiques enfants à Jérusalem. Fin d’un récit AUTHENTIQUE.
Comme quoi les portes de la Techouva sont ouvertes à chacun même lorsque tout semble sans issues…
Qu’Hachem nous jette de l’eau pure et qu’on soit purifié de toutes les impuretés…
Gmar ‘Hatima Tova et que l’on soit inscrit et scellé dans le livre de la vie.… A la semaine prochaine si D’ le veut
David Gold