Meurtres à la synagogue : l’allégresse de la haine

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Par Michèle Mazel pour Tribune Juive

Michèle Mazel est diplômée de Sciences-Po et licenciée en Droit, et a été boursière Fullbright en science politique. Pendant plus de trente ans, elle a accompagné de par le monde son mari, le diplomate Zvi Mazel, qui fut notamment ambassadeur d’Israël en Égypte, en Roumanie et en Suède. Elle en a tiré la matière de nombreux ouvrages – thrillers et romans. Elle contribue régulièrement à plusieurs organes de presse.

Les faits d’abord. Vendredi soir, les fidèles commencent à sortir de la synagogue après l’office du Chabbat. C’est le moment qu’attendait Kheiry Alkam, un jeune Arabe de 21 ans qui, arrivé en voiture dans le quartier paisible de Neve Ya’akov, ouvre le feu sur ces hommes et ces femmes sans défense.

Bilan, sept morts et plusieurs blessés, dont trois dans un état critique. Il tente alors de s’enfuir, rencontre deux policiers, qu’il cherche vainement à abattre, et ce sont eux qui l’éliminent.

Condamnations internationales, mais…

Tandis que le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres condamne le soir même fermement ce qu’il qualifie d’attentat particulièrement abject perpétré le jour de la commémoration de l’Holocauste et que la France dénonce « une effroyable attaque terroriste ; tandis que le président des États-Unis Joe Biden prend le téléphone pour appeler le premier ministre israélien et lui affirmer son soutien, après ce qu’il voit comme une « attaque contre le monde civilisé », d’autres sons de cloche se font hélas entendre.

Pâtisseries et bonbons aux passants

Selon Le Figaro « Les porte-paroles du Hamas et du Djihad Islamique se sont conjointement félicités de l’attaque, « une action héroïque pour la vengeance du massacre de Jénine. » L’attentat a été célébré dans toute la Cisjordanie, à Gaza et dans des quartiers palestiniens de Jérusalem…À Shuafat, un quartier arabe de Jérusalem-Est, des Palestiniens ont distribué des pâtisseries aux passants. »

Ces quelques phrases nous donnent la clé du conflit.

Passons sur le choix de cette journée solennelle de commémoration. Le terroriste n’en a rien à faire ; d’ailleurs le déni de la Shoah est une constante du narratif palestinien. A-t-il seulement entendu parler d’Auschwitz ?

La guerre de religions oubliée

Ce qui est sûr, c’est qu’il a pris pour cible des Juifs. Des Juifs pieux. Des Israéliens, il aurait pu en trouver dans les rues de Jérusalem ou de Tel Aviv, mais il voulait justement s’en prendre à des Juifs religieux et c’est selon les témoins en hurlant « Allah Akhbar » qu’il s’est livré à ce massacre.

On touche du doigt à la dimension religieuse qu’aucun compromis ne saurait résoudre.

Accompagnée de la diabolisation de l’État juif, elle explique l’indécente explosion de joie saluant la mort de ces Juifs haïs sortant de leur temple impie.

À elle seule, la vendetta ne se suffit pas

La presse occidentale dans son ensemble occulte cet aspect et « explique » que l’assassin voulait venger les morts de Jénine la veille, lors d’une confrontation sanglante entre des terroristes et l’armée, sans se demander ce qui l’a amené à penser que tuer des Juifs pieux serait une réponse légitime. Il est aussi beaucoup question du fait que Neve Yaakov est une « colonie » (implantation) en territoire occupé, ce qui là aussi rendrait l’attaque légitime. Ainsi, Le Monde (hélas) ne voit rien à redire à ce commentaire signé courageusement : « anonyme » « C’est avec la plus grande satisfaction que j’apprends que des colons ont péri sur une terre qui ne leur appartient pas, et qu’ils occupent militairement, parfois même en violation des lois israéliennes… »

L’autre histoire d’une implantation datant de 1924

Pour mémoire, l’implantation (« colonie ») de Neve Yaakov a été fondée en 1924 – vous avez bien lu – sur des terres achetées en toute légalité à des propriétaires du village arabe voisin. Nommé « Hakfar Haivri Neve Yaakov » soit le village juif de Neve Yaakov, il a souffert des émeutes arabes de 1929, mais a tenu bon jusqu’à ce que la légion arabe en chasse les habitants en 1948. La « colonie » dont parle la presse a été établie en 1970 après la Guerre des Six jours sur les ruines de ce village.

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