L’absence de qualification antisémite pour ce meurtre suscite l’indignation dans la communauté juive.
POLITIQUE – La justice « doit faire désormais toute la clarté sur la mort de Sarah Halimi », a affirmé Emmanuel Macron ce dimanche 16 juilllet à propos de ce meurtre d’une femme juive commis en avril à Paris par un voisin musulman, pour lequel la qualification antisémite n’a pas été retenue à ce stade.
« Malgré les dénégations du meurtrier, la justice doit faire désormais toute la clarté sur la mort de Sarah Halimi », a dit le chef de l’Etat lors de la cérémonie de commémoration de la rafle du Vél d’Hiv, sous les applaudissements.
L’absence de qualification antisémite pour ce meurtre a suscité de l’indignation dans la communauté juive.
Lors de son intervention à l’occasion des commémorations du Vél d’Hiv, le président du CRIF Francis Kalifat a d’ailleurs demandé à Emmanuel Macron que le « caractère antisémite de ce meurtre » soit « inscrit au dossier ».
Le voisin de Sarah Halimi a été mis en examen début juillet pour « homicide volontaire », plus de trois mois après ce meurtre. Kobili Traoré, 27 ans, interné depuis ce drame survenu le 4 avril dans un HLM du quartier de Belleville, « conteste toute motivation antisémite », a fait savoir son avocat, Me Thomas Bidnic.
Accusations de « silence médiatique » et de « déni du réel »
En pleine nuit, il s’était introduit chez sa voisine du dessus en passant par l’appartement d’une famille d’amis. Aux cris d' »Allah Akbar », entrecoupés d’insultes et de versets du Coran, il l’avait rouée de coups sur le balcon, avant de la précipiter dans la cour.
Lucie Attal, aussi appelée Sarah Halimi – nom de son ancien époux -, une juive orthodoxe de 65 ans, était morte dans la chute. « J’ai tué le sheitan » (le démon, en arabe), avait hurlé le jeune homme.
Le meurtre de Sarah Halimi, un nom qui réveille le terrible souvenir de l’assassinat antisémite d’Ilan Halimi en 2006, suscite une émotion vive dans la communauté juive, sur fond d’accusations de « silence médiatique » et de « déni du réel » face à un antisémitisme dans certains quartiers populaires, sous la pression d’un islam identitaire. Les responsables communautaires, les avocats des proches et un comité de soutien à la famille réclament que l’enquête retienne la circonstance aggravante d’antisémitisme.
« Des vies fauchées et des gestes qui tuent »
« Un jour, parce qu’on s’est tu, parce qu’on a pas voulu voir, le passage à l’acte intervient. Alors ce qui était des mots, ce qui n’était chez les uns que de la haine formulée différemment, et chez les autres une forme de lâcheté et une complaisance à ne pas vouloir voir, alors ça devient des vies fauchées et des gestes qui tuent », a par ailleurs affirmé ce dimanche Emmanuel Macron en évoquant l’antisémitisme.
Le chef de l’Etat a énuméré les noms des victimes de meurtres et attentats antisémites ces dernières années: Ilan Halimi, tué par le gang des barbares, Jonathan Sandler et ses deux fils Aryeh et Gabriel, tués par Mohammed Merah, ainsi que les morts de l’attentat de la l’Hypercacher en janvier 2015: Yohav Hattab, Yohan Cohen, Philippe Braham et François-Michel Saada.
Il a également cité les noms de Brahim Bouarram, Marocain noyé dans la Seine par des militants d’extrême-droite en 1995 et Jacques Hamel, prêtre catholique tué lors de l’attentat jihadiste de Saint-Etienne-du-Rouvray en juillet 2016.
Source www.huffingtonpost.fr