Réflexion sur la paracha de la semaine par le rav Mordekhai Bismuth
C’est dans une prestigieuse salle et dans des conditions féeriques que Reouven a pris Sara comme épouse aux yeux de centaines d’invités ébahis de cette inoubliable cérémonie. À l’issue de cet événement, le jeune couple prit le chemin de leur demeure pour commencer leur nouvelle vie. Mais voilà que le lendemain des noces, le jeune marié sortit faire quelques course sans revenir. Le temps passe, une heure, deux heures… et toujours pas de nouvelles du ‘hatan. Avait-il été subi un accident ? Un malaise? A-t-il était agressé ? La nuit tomba, la jeune épouse se retrouva seule et angoissée de savoir ce qui a pu bien arriver à son jeune mari. Elle déclara l’incident à la police qui fit son enquête, et lança un avis de recherche. Mais le temps passe, et toujours pas de nouvelle, une semaine s’écoula, puis deux, et toujours pas de ‘hatan, il s’était volatilisé ! Aucun signe de vie, ni mail, ni SMS… Juste les mouvements du compte en banque qui prouvent que le jeune marié était bel et bien en vie, et usait paisiblement des cadeaux du mariage.
Couverte de honte, après une année de torture et de solitude, le soir de l’anniversaire de leur mariage, la jeune femme regarda seule et tristement les photos, seuls vestiges de son mariage. Soudain elle entendit frapper à la porte, elle se leva pour ouvrir et resta clouée sur place en voyant son mari se tenant sur le seuil de la porte, souriant dans son costume du mariage tenant un bouquet de fleurs. Pensez vous que notre pauvre cala va accueillir le ‘hatan à bras ouverts ?
Cette semaine nous lirons la paracha la plus longue de toute la Tora, 176 versets ! Une paracha qui tombe toujours après Chavou’oth, fête du don de la Tora, alliance entre les Bené Israël et la Tora. Et donc ce Chabbath est, si l’on peut dire, le « Chabbath ‘hatan ». Allusion que l’on retrouve dans le nom même de la paracha « נשא» qui a la même racine que « נשואים /marié ». Et donc en ces premiers jours de noces, la mariée [la Tora] vérifie l’authenticité de la kabbala (engagement) de son ‘hatan [Bené Israël], et ce sera en ces premiers jours de noces que l’on trouvera la paracha la plus longue, car comme on dit « lorsque l’on on aime on ne compte pas… ». Sommes-nous toujours là ou portés déjà disparus comme Reouven ?
Lorsque Hachem a transmis les Tables de la Loi gravées par Ses soins (Chemoth 31,18), Il a aussi ordonné de faire une arche en bois de chittim et de les déposer à l’intérieur (Chemoth 25,10). Le « Pa’had David » demande pourquoi Hachem a-t-Il exigé une telle prescription ? N’est-il pas mieux que les Tables soient placées à la vue de tout le peuple d’Israël ? A quoi bon les introduire dans une arche spéciale pour les garder ? Et il répond que Hachem a voulu apprendre aux enfants d’Israël qu’il ne suffit pas de regarder la Tora. Il ne faut pas juste la voir devant les yeux pour faire attention à elle. Même cachée, elle doit être gravée dans nos cœurs et nous devons la chercher constamment pour faire briller le monde de sa lumière. L’essence de la Tora est son étude, son utilisation dans la pratique, comme il est dit « C’est un arbre de vie pour ceux qui s’en saisissent » (Michlé 3,18).
L’authenticité de notre union avec la Tora va dépendre de cette recherche à la connaître.
Le jour du don de la Tora, nous mangeons un festin, nous revêtons nos habits de fêtes, nous nous consacrons aux prières et à l’étude.
Chavou’oth est passé, Hakadoch Baroukh Hou a donné à chacun de nous la Tor, et sans exception. La Tora rangée dans l’arche, il est à nous maintenant de se montrer fidèle à elle.
Mais où est passé notre engouement ? Allons nous faire comme Reouven qui une fois la fête passée, disparaît sans laisser de nouvelles, et réapparaît l’année d’après, dans son beau costume juste pour refaire la fête ?
Chavou’oth signifie « les semaines », mais aussi « les serments : »Nous accomplirons, puis nous comprendrons » » qui sont un signe d’engagement d’accomplir notre sainte Tora.
Nombreux sont les arguments pour nous distraire de notre étude quotidienne : le travail, le temps. Ce ne sont juste que des excuses, car la disponibilité et le temps dépendent simplement de la volonté et de l’ordre de priorité.
C’est cette volonté qui sera récompensée par Hachem qui lira dans notre cœur la pureté de nos pensées.
La Guemara nous enseigne: « Celui qui cherche à se purifier est aidé est aidé du Ciel » (Chabbath 104a; Yoma 38b), et : «Dans la voie qu’un homme veut suivre, on le conduit » (Makot 10b).
Nous sommes mariés avec la Tora, elle n’est pas la juste là au moment des fêtes ou du Chabbath, nous devons assumer notre rôle d’époux toute l’année et à tout moment. Que l’on passe par des épreuves, des joies ou des difficultés. Si notre volonté sincère est toujours d’aller chercher la Tora et la sortir de son arche pour l’honorer et y découvrir jour après jour tous ses secrets en l’étudiant, Hachem nous récompensera en nous offrant toutes les bénédictions qui y sont promises.
Chabat Chalom
Rav Mordekhai Bismuth
Extrait de la Daf de Chabat disponible sur notre site OVDHM.com
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