Illustration : le mardi de la Création, un jour doublement béni…
Il se peut que la situation politique en Israël n’intéresse que peu la communauté juive de l’étranger, mais dans le pays, nul doute que l’attention se porte sur le drame qui est en train de se dérouler à nos yeux. Son titre : oui ou non des élections, le tout, sur la question de la loi sur l’enrôlement des jeunes étudiants en Yechiva à l’armée.
Netaniahou promettait hier que la réponse serait apportée dans la soirée. Cela n’a pas été le cas. Du reste, le rav Litsmann a quitté la Knesset fort tôt, déclarant que pour ce qui concerne les partis orthodoxes, tout a été dit, et rien ne changera quant à leur position (exigence d’adopter le projet de loi proposé par Shass) ; quant à Netaniahou, a-t-il ajouté, il veut des élections – eh bien, qu’elles aient lieu !
C’est peut-être un peu plus compliqué que cela : si Netaniahou semble donner la préférence à des élections qui lui permettront d’obtenir par plébiscite la fin des poursuites contre lui, cela n’est juste que si les élections ont lieu jusqu’en juin. Après cela, juillet et août, les gens ne sont pas tellement disponibles, voire se trouvent à l’étranger pour cause de vacances, puis les fêtes, donc la seconde date possible est en automne. C’est loin, et d’ici là le couperet des poursuites judiciaires peut tomber, et l’empêcher de poursuive sa carrière de Premier ministre.
Or fixer la date des élections dépend de nombreux facteurs, ainsi que de la voix de l’opposition, qui déclare déjà ne pas être intéressée à aider Netaniahou.
Le personnage plus surprenant de la crise actuelle est le ministre de la Défense, Liebermann. Si ce n’était sa position intransigeante, la crise serait depuis longtemps oubliée. Mais Liebermann se conduit comme seul un Liebermann peut le faire, ne pas se plier, crier contre les orthodoxes (et même venir le Chabbath à Ashdod pour renforcer les manifestants s’opposant à la fermeture des magasins le saint jour du Chabbath) et jurer ne pas permettre à la loi actuelle d’être adoptée. Seule une loi que son ministère va présenter est valable à ses yeux, et on peut déjà imaginer sur quelles bases elle repose.
Mais que veut Liebermann ? Gagner des voix auprès des Russes ? De nos jours, ils ont depuis longtemps perdu leur accent, et sont intégrés dans la société. Le message de Liebermann ne les intéresse plus, et, surtout, les sondages montrent que Liebermann a de grandes chances, aux prochaines élections, de ne pas atteindre le minimum fixé pour que son groupe siège dans la Knesset ! C’est donc un perdant d’avance qui risque là de faire tomber le gouvernement actuel. Bizarre.
Quant à Shass, ce parti risque aussi de ne pas faire partie du prochain gouvernement ! En effet, les disputes internes semblent avoir fait perdre à ce parti son charme aux yeux des électeurs, surtout ceux en provenance des lignes plus larges de la communauté. Faudra-t-il que les achkenazes votent pour Shass la prochaine fois, pour éviter que les voix de ce parti ne soient perdues ? Cela serait amusant.
En tout cas, le suspens reste entier, en ce mardi matin.