Marc – JForum
Chaque geste important réalisé par le Parti Travailliste britannique, en ce qui concerne l’antisémitisme, renforce la probabilité qu’aussi longtemps que Jeremy Corbyn le dirigera, le parti ne luttera pas sérieusement contre les expressions multiples de la haine des Juifs et contre l’incitation anti-israélienne propagée par ses membres. Tout cela simplement parce que Corbyn lui-même est une partie déterminante du problème de l’antisémitisme.
Depuis des années, Corbyn est proche de toute une palette d’antisémites. Il a désigné les organisations terroristes du Hamas et du Hezbollah comme étant ses “amis[1] “. Dès qu’il est devenu dirigeant du parti, il n’a eu de cesse de promouvoir des antisémites à des positions centrales au sein du parti[2].
Le contact récent le plus proche avec un groupe juif a été sa participation à un Seder de Pessah 2018 auprès d’un groupe juif extrêmement anti-israélien, Jewdas. Cette organisation désigne Israël comme ” un tas d’ordure puante[3]“.
Jonathan Arkush, ancien président de l’organisme coordinateur des Juifs Britanniques, le Bureau des Députés (Juifs), a déclaré que Corbyn exprime des opinions antisémites. Il soulignait que le dirigeant du Parti Travailliste a occupé le poste de Président de l’organisation “Stop the War”, qui est réputée tenir l’un des pires discours antisionistes[4].
La toute dernière manipulation du Parti Travailliste concerne la définition de l’antisémitisme, telle qu’acceptée par son Comité Exécutif National (NEC). En 2016, Corbyn a déclaré que le Parti Travailliste acceptait la définition de l’Alliance International du Souvenir de la Shoah (IHRA)[5].
Ce texte est largement accepté sur le plan mondial, y compris par le gouvernement du Royaume-Uni[6]. Au lieu de quoi, le NEC a accepté sa propre définition et ses propres lignes directrices – un texte confus qui peut être interprété et manipulé de diverses manières[7].
Peu après, une parlementaire, travailliste juive chevronnée et ancienne ministre Dame Margaret Hodge a déclaré en pleine figure à Corbyn qu’il n’était “qu’un antisémite et un raciste[8]“. Les plaintes contre les antisémites, souvent, ne sont pas traitées durant des périodes prolongées.
Peu de temps après la déclaration de la députée Hodges, cependant, à l’initiative du Directeur exécutif de la Stratégie et des Communications du Parti – un partisan du Hamas – Seumas Milne, on lui a fait comprendre qu’elle allait passer en conseil de discipline[9].
Là-dessus, Hodge a publié un article dans le Guardian, où elle écrit : “Je me suis confrontée à Jeremy Corbyn au parlement et je lui ai dit en pleine figure ce que moi-même et beaucoup d’autres ressentent. Sous sa direction, le parti travailliste est perçu par la plupart des Juifs, mais aussi par des milliers de membres et des millions personnes appartenant à l’opinion publique, comme un parti antisémite, et par conséquent raciste. En tant que notre dirigeant, il est à présent perçu par beaucoup comme un antisémite.”[10]
Au cours du débat sur la définition retenue par le Parti, le rédacteur en chef du Jewish Chronicle, Stephen Pollard, a déclaré que le Parti Travailliste avait “à présent adopté une posture qui permet à ses membres d’être antisémites[11] “. En effet, les antisémites astucieux peuvent consulter ces lignes directrices pour déterminer quelles remarques pleines de haine contre les Juifs et contre Israël ils peuvent prononcer tout en demeurant des membres recommandables et de plein droit du parti.
Jon Lansman est un membre du NEC, fondateur du Groupe d’extrême-gauche Elan (momentum) qui regroupe les partisans de Corbyn. Il a écrit dans le Guardian que le Parti Travailliste a posé une règle d’or à l’intention des parts politiques, grâce à cette nouvelle définition[12]. Aucun romancier n’aurait pu inventer un scénario plus absurde : un parti mondialement réputé pour son palmarès lamentable, en matière de traitement des antisémites au sein de ses rangs prétend, à présent, représenter l’avant-garde mondiale dans sa façon de définir l’antisémitisme.
Le Député travailliste Ian Austin a déclaré : “Le cercle dirigeant du Parti Travailliste semble croire qu’il en sait bien plus à propos de lantisémitisme que la communauté juive elle-même[13]“. Il s’exerce une critique massive, de la part des organisations juives, des rabbins et d’autres, à propos de cette fameuse “nouvelle définition” de l’antisémitisme sortie du chapeau du parti travailliste. Le Mouvement Travailliste Juif, qui est de loin, le plus vaste organisme juif au sein du parti, pourrait même poursuivre le parti travailliste en justice, à cause de sa définition.
Après un énorme tollé, le NEC a déclaré qu’il animerait le débat avec les organisations juives, quant au texte de sa définition, au cours des prochains mois. Il s’agit encore d’une attitude absurde, puisqu’ils ont déjà obtenu autant de commentaires négatifs de la part de la communauté juive.
En avril, lors d’une rencontre haute en couleurs et en émotions, à la Chambre des Communes, la Députée Luciana Berger, la présidente parlementaire du MTJ, a déclaré : “En 2018, l’antisémitisme est désormais un lieu commun, d’autant plus visible et d’autant plus corrosif au sein du Parti Travailliste[14]“.
Elle a déclaré : “Ils ont dit que je ne suis que la servante de Tel Aviv et ils me désignent comme une opératrice israélienne. Essentiellement, il s’agit d’antisémitisme de la pire espèce, suggérant que je suis une traîtresse à notre pays[15]“. Selon la définition de l’IHRA, cette accusation est antisémite. La même conclusion n’apparaît pas claiurement quand on utilise la définition travailliste de la même situation.
Au Royaume-Uni, c’est une pratique ordinaire de traiter du racisme et de l’antisémitisme, selon le principe de McPherson, qui dit qu’une minorité peut définir par elle-même ce qu’elle considère comme du racisme. La définition de l’antisémitisme par le parti travailliste est la première réorientation majeure qui s’éloigne de ce principe, étant donné que les organisations dominantes juives désapprouvent grandement la définition adoptée par le parti. Il existe déjà un avis juridique disant que la définition travailliste de l’antisémitisme est une violation du Droit à l’Egalité en vigueur au Royaume-Uni[16].
Pour autant qu’on puisse le voir, la nouvelle définition ne couvre pas l’article de la définition de l’IHRA, qui déclare qu’il est antisémite de dire que l’existence d’Israël en tant qu’Etat est une entreprise raciste[17]. Pas plus que la comparaison d’Israël au régime nazi – comme elle est pourtant bien comprise dans la définition de l’IHRA – n’est une partie contraignante des principes directeurs du parti travailliste.
Alors que Jeremy Corbyn est un problème dominant dans le débat sur l’antisémitisme, son influence et ses nominations ont impacté de large parties du Parti Travailliste. Un sondage démontre que ceux qui blanchissent le problème de l’antisémitisme représentent la majorité parmi les membres du parti[18]. La discussion initiale consistant à savoir si Corbyn est ou non antisémite s’est déplacée pour se demander si c’est le Parti Travailliste dans son ensemble qui est antisémite. Pollard a écrit : “Le parti travailliste est, à présent, un parti institutionnellement antisémite et cela représente une stratégie consciente poursuivie par M. Corbyn et ses acolytes[19]“.
Récemment, le parti travailliste a réussi à réaliser une nomination sujette à controverse : Gordon Nandell, un avocat réputé d’extrême-gauche, a été recruté pour superviser le processus disciplinaire. Depuis, il y a eu de nombreuses révélations de ses liens à l’aile la plus dure de la gauche du parti et à des militants impliqués dans des problèmes d’antisémitisme[20].
Tout ceci est d’autant plus inquiétant qu’un certain nombre de sondages récents donnent le Parti Travailliste comme bien en tête devant les électeurs conservateurs. Cela pourrait vouloir dire que Corbyn sera le prochain Premier Ministre du Royaume-Uni, capable d’étendre éventuellement les problèmes d’antisémitisme à l’ensemble de la nation britannique.
Par Manfred Gerstenfeld et Irene Kuruc
Adaptation : Marc Brzustowski
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[1] www.express.co.uk/news/politics/590998/Jeremy-Corbyn-Hamas-Hezbollah-friends-comments-Channel-4
[2] www.israelnationalnews.com/Articles/Article.aspx/18921
[3] www.theguardian.com/politics/2018/apr/08/labour-antisemitism-opinion-poll
[4] www.thejc.com/news/uk-news/jeremy-corbyn-has-antisemitic-views-says-jonathan-arkush-1.464806
[5] www.thejc.com/news/uk-news/jeremy-corbyn-agreed-full-ihra-definition-of-antisemitism-in-december-2016-confirms-senior-labour-1.466798
[6] www.holocaustremembrance.com/working-definition-antisemitism
[7] www.thejc.com/comment/analysis/jeremy-corbyn-labour-definition-antisemitism-1.466626
[8] www.dailymail.co.uk/news/article-5963257/Labour-defies-condemnation-68-Rabbis-adopt-definition-anti-Semitism.htm
[9] www.thejc.com/news/uk-news/labour-jewish-mps-verge-1.467347
[10] www.theguardian.com/commentisfree/2018/jul/18/jeremy-corbyn-labour-antisemitism-margaret-hodge
[11] www.expressandstar.com/news/politics/2018/07/18/austin-i-am-ashamed-of-the-labour-party/
[12] www.theguardian.com/commentisfree/2018/jul/12/labour-antisemitism-code-gold-standard-political-parties
[13] www.thejc.com/news/uk-news/jeremy-corbyn-labour-antisemitism-plp-motion-1.466937
[14] www.timesofisrael.com/uk-labour-mps-tell-corbyn-enough-is-enough-in-heated-debate-on-anti-semitism/
[15] www.thejc.com/news/news-features/as-it-happened-the-house-of-commons-debate-on-antisemitism-1.462856
[16] www.theguardian.com/politics/2018/jul/16/labour-antisemitism-code-could-breach-equality-act
[17] Manfred Gerstenfeld, The Abuse of Holocaust Memory: Distortions and Responses (Jerusalem: Jerusalem Center for Public Affairs / Anti-Defamation League, 2009) 101-115.
[18] www.thetimes.co.uk/article/labour-poll-says-antisemitism-row-is-exaggerated-8tdj7wffh
[19] www.thesun.co.uk/news/6813834/corbyn-turned-labour-into-anti-semitic-party/
[20] www.thejc.com/news/uk-news/luciana-berger-labour-antisemitism-jeremy-corbyn-gordon-nardell-1.465603