C’est finalement Lai Ching-te, le candidat du DPP, le parti démocratique progressiste, qui a raflé la mise face au candidat “pro-Pékin” du Kuomintang. C’est donc la continuité que les Taïwanais ont choisie, face à un avenir plus qu’incertain. Mais en réalité, la seule question qui vaille est “combien de temps la 23e province chinoise conservera-t-elle encore son statut actuel ?”
Mao proclame aussitôt la République populaire de Chine, tandis que Tchang Kaï-chek se réfugie sur l’île de Formose, devenue l’île de Taïwan.
Dès lors, ce sont deux Chine qui vont s’opposer, la Chine continentale communiste, non reconnue par la communauté internationale, et la Chine nationaliste de Formose, seule reconnue officiellement.
Il faudra attendre 1964 pour que de Gaulle reconnaisse la République populaire de Chine, au grand dam des Américains, ne jurant que par Taïwan. Pékin entrait enfin sur la scène internationale. De Gaulle avait raison. Comment pouvait-on encore ignorer le pays le plus peuplé du monde ?
Aujourd’hui, seuls 15 pays considèrent que Taïwan est encore un pays indépendant.
Et si les Américains restent le principal allié de Taipei, ils ont rompu officiellement toute relation diplomatique avec l’île depuis 1979.
Bref, une situation ambiguë qui n’a pas vocation à s’éterniser.
Depuis une trentaine d’années, c’est à pas de géant que Pékin rattrape son retard, s’ouvrant économiquement au monde occidental, tout en imposant la domination du Parti communiste qui règne sans partage.
Face au géant chinois et son 1,4 milliard d’habitants, Taïwan et ses 23 millions d’habitants ne pèsent pas bien lourd. C’est un confetti de 36 000 km2 comparé aux 9,5 millions de km2 de la Chine.
Et Xi Jinping, qui impose de plus en plus sa vision autoritaire du pouvoir, entend récupérer Taïwan coûte que coûte. Selon le ministre taïwanais des Affaires étrangères, “La Chine se prépare déjà à prendre des mesures similaires à ce que la Russie a fait en Crimée.”
Et on voit mal les États-Unis affronter Pékin pour voler au secours de leur petit protégé taïwanais.
Nous ne sommes plus en 1950, quand le fougueux général Douglas Mac-Arthur affirmait que “30 à 50 bombes nucléaires lui auraient suffi pour terminer la guerre de Corée en 10 jours”. Mais depuis, la Chine s’est éveillée.
“Par ailleurs, prétendre que l’Amérique défend la démocratie en soutenant Taïwan est une farce grotesque. Ce sont les puces électroniques que Washington refuse de voir tomber dans l’escarcelle de Pékin. Taïwan reste le plus gros producteur au monde de semi-conducteurs avancés, indispensables à la quatrième révolution industrielle.”
La victoire de Lai Ching-te ne changera donc rien aux visées de Pékin et pourrait au contraire précipiter les événements. Plus la Chine se renforce et plus l’annexion se rapproche.
La politique expansionniste de Pékin en mer de Chine méridionale et la forte progression de son budget défense annoncent la couleur. En douceur ou de force, Taïwan rejoindra la Chine continentale.
Avec la mise en service de son deuxième porte-avions, la Chine montre ses muscles dans le détroit de Formose, attendant son heure pour arrimer une bonne fois pour toutes l’île rebelle au continent. Une ambition qui n’attendra pas 30 ans !
Il suffit de regarder la carte ci-dessus pour mesurer quelles sont les ambitions territoriales de Pékin. Ce sont les deux mers de Chine, méridionale et orientale, que convoite Xi Jinping.
Et avec une armée de 2 millions d’hommes, en constante modernisation, le nouvel empereur de Chine peut être confiant. Ses rêves de grandeur seront bientôt réalité.
Et si Mao fut le réunificateur de la Chine face aux seigneurs de la guerre, Xi Jinping sera celui qui aura enfin arrimé Hong-Kong et Taïwan à la Chine continentale.
La défaite du candidat soutenu par Pékin n’a donc rien d’un camouflet pour Xi-Jinping. Cette élection n’aura aucune influence sur la suite des évènements. Taïwan sera chinoise sous peu.
Et la VIIe flotte US dans le Pacifique n’y pourra pas grand chose.
Jacques Guillemain
Source: EUROPE-ISRAEL.ORG