Stains, Aubervilliers, Bagnolet et maintenant Bondy… Ces communes se sont engagées pour la cause palestinienne jusqu’à en oublier qu’elles s’immisçaient dans des problématiques internationales plutôt éloignées des préoccupations de leurs concitoyens.
A Bondy, lors du dernier conseil municipal, l’élu en charge de la coopération internationale, Jacques Jakubowicz, a proposé de refuser d’acheter des produits provenant des colonies israéliennes en Palestine, appelant les élus à exiger la traçabilité des produits. Cet appel au boycott qui ne dit pas son nom a été accepté à l’unanimité, moins les cinq voix de l’opposition LR.
Mais à quoi cela sert-il que ces mairies communistes (ou socialiste comme Bondy) s’octroient de telles prérogatives ? Laurence Marchand-Taillade ne décolère pas depuis qu’elle a découvert l’initiative de Bondy. La présidente du laboratoire de la laïcité du Val-d’Oise vient de lancer une alerte sur les réseaux sociaux au sujet de la commune dirigée par Sylvine Thomassin (PS) : « C’est illégal, se révolte-t-elle Et pourtant c’est de plus en plus fréquent dans les mairies de la petite couronne parisienne. Elles n’hésitent pas à se mettre hors la loi pour attirer de potentiels électeurs musulmans. Mais qu’elles cessent enfin ! »
« C’est également un geste de mépris renvoyé à la population d’origine maghrébine, le plus souvent de confession musulmane, qui serait en quelque sorte achetable et a priori monolithiquement engagé vers la Palestine », poursuit-elle, appelant de ses vœux une attitude « un peu plus responsable » des élus.
La maire assure qu’il ne s’agit pas d’un boycott
Du côté de l’opposition LR, qui s’est prononcée contre, on se frotte les mains. « Dans le contexte actuel, c’est pour le moins maladroit, réagit Stephen Hervé. Et c’est un mauvais message envoyé aux quelques centaines de concitoyens juifs que compte la ville. »
La maire, Sylvine Thomassin, se défend de tout clientélisme ou boycott. « Il ne s’agit que de faire une distinction entre les produits fabriqués en Israël et ceux qui le sont en territoires occupés. Rien de plus que ce que demande l’ONU depuis des années », plaide-t-elle.
Sans convaincre. L’huile jetée sur le feu n’a pas tardé à faire son effet. L’Organisation juive européenne (OJE) prépare sa réaction : un recours contre le vœu pour excès de pouvoir devant le tribunal administratif de Montreuil. « Nous acceptons sans difficulté le débat et même la critique sur les choix politiques du gouvernement israélien. En revanche, le boycott est illégal et irresponsable. Il faut savoir que les premiers à en faire les frais sont les Palestiniens eux-mêmes. Le refus, par exemple, d’acheter les carafes de Sodastream, qui permettent de gazéifier les liquides, a entraîné la fermeture d’une usine et a mis 70 travailleurs palestiniens sur le carreau », conclut Frank-David Cohen, responsable de la communication de l’OJE.
Le Parisien