Le président de la République Emmanuel Macron veut « poser les jalons de toute l’organisation de l’islam de France » au « premier semestre 2018 », assurant dans un entretien avec le Journal du Dimanche qu’il va « continuer à consulter beaucoup ».
« Ma méthode pour progresser sur ce sujet, c’est d’avancer touche par touche », a déclaré le chef de l’Etat à l’hebdomadaire. « Je ne dévoilerai une proposition que quand le travail sera abouti », a-t-il ajouté.
« Je vois des intellectuels et des universitaires, comme Gilles Kepel, des représentants de toutes religions car je considère que nous devons nous inspirer fortement de notre histoire, de l’histoire des catholiques et de celle des protestants », a détaillé M. Macron, citant « Youssef Seddik, comme d’autres intellectuels et toutes sortes d’acteurs, tels que l’Institut Montaigne, qui ont pris des initiatives sur cette question ».
« Mais c’est durant ce premier semestre 2018 que je souhaite poser les jalons de toute l’organisation de l’Islam de France », prévient-il.
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Le président ajoute que son objectif est de « retrouver ce qui est le cœur de la laïcité, la possibilité de pouvoir croire comme de ne pas croire, afin de préserver la cohésion nationale et la possibilité d’avoir des consciences libres ».
Il estime qu’il y a un risque à « brandir des objets connotés » ou à « faire des raccourcis en plongeant tout le monde dans un même sac ». « Il y a une question qui est celle de l’organisation. Mais il y a une autre question, qui est celle du rapport entre l’Islam et la République », relève M. Macron.
Le chef de l’Etat avait annoncé début janvier son intention de mener « un travail sur la structuration de l’Islam en France », afin qu’il ne tombe pas dans la « crise » qu’il vit au plan international, en présentant ses voeux aux autorités religieuses.
Perception de l’islam en France
43% des Français considèrent que l’islam est incompatible avec les valeurs de la société française, un chiffre en net recul comparé à 2016, selon un sondage Ifop à paraître dans le Journal du Dimanche.
La tendance s’est inversée en deux ans. Lors d’une étude sur le même sujet réalisée par le même institut en septembre 2016, ils étaient 56% de la population à juger l’islam incompatible avec les valeurs de la société française, contre 44% opposés à cette opinion.
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En 2018, ils ne sont plus que 43% à considérer que cette religion ne correspond pas aux valeurs de la France, et 56% à penser le contraire (1% ne se prononce pas).
Cette opposition entre islam et société française est majoritaire chez les sympathisants des Républicains (63%) et du FN (62%). 41% des sympathisants de la République en marche et de La France insoumise (39%) partagent cette opinion, alors qu’ils ne sont que 27% parmi ceux qui se déclarent proches du Parti socialiste.
Une très large majorité de Français (70%), tous courants politiques confondus, est en revanche opposée à l’instauration d’une taxe sur les produits halal pour financer le culte musulman.
Cette mesure, préconisée en 2016 notamment par le Conseil français du culte musulman (CFCM) et l’Observatoire de la laïcité (dépendant de Matignon) afin d’éviter que les mosquées et que la formation des imams soient financées par des puissances étrangères ou des courants extrêmes de l’islam, est aujourd’hui au point mort.
Enquête réalisée par téléphone les 2 et 3 février auprès de 1002 personnes de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Marge d’erreur de 1,4 à 3,1.
Source www.i24news.tv